Sasodei - Le soleil traverse l'Est pour le réunir avec l'Ouest au crépuscule

Chapitre 5 : Baignade

Deidara entra dans la bibliothèque et vint s'installer sur son fauteuil habituel. Depuis quelques jours, il arrivait tous les matins ici quelques minutes avant le début de l'entraînement des gardes dans le but d'observer Sasori. Il ne prenait même plus de livre pour faire comme s'il lisait, à quoi bon, il était seul dans cette pièce immense. Le jeune Prince attendit, mais cette fois, personne ne se présenta dans la cour. Il fronça les sourcils, les soldats avaient peut être des jours de congés, ou bien le Roi avait-il une réunion imprévue. Il fit une moue déçue, il ne pourrait pas admirer son fiancé aujourd'hui. Le bruit d'un livre qui se referme retentit dans son dos et il sursauta avant d'écarquiller les yeux. Sasori était adossé à une étagère derrière lui, un ouvrage épais entre ses mains, qu'il rangea aussitôt.
- Navré, il n'y aura aucun spectacle aujourd'hui.
Le blond comprit à quoi il faisait référence, et honteux d'avoir été ainsi découvert, il rougit subitement.
- Euh... Balbutia-t-il, ce n'est pas... Votre Majesté... c'est juste que...
Le monarque révéla un sourire amusé, discret mais présent. Il s'approcha du fauteuil où le jeune Prince se faisait petit.
- Ne t'en fais pas, il n'y a rien de mal à observer les entraînements de nos gardes. Voudrais tu participer ?
Se sentant sauvé par l'excuse qui était loin de la vérité, Deidara reprit contenance.
- Je n'ai jamais appris à me battre, Votre Majesté, je serai bien incapable de faire face au moins bon de vos combattants.
Sasori pencha la tête sur le côté.
- Si tu souhaites apprendre, je pourrais t'assigner un professeur qui saura te faire apprendre les bases.
Deidara réfléchit un instant, puis il sourit.
- Je vais y réfléchir, merci.
Le Roi se dirigea vers la porte, et avant de quitter la salle, il jeta un regard au jeune étranger.
- Je t'attendrai pour le déjeuner, quelqu'un viendra te chercher.
Et sans rien ajouter, il partit. Deidara s'enferma le reste de la matinée dans un livre, honteux de s'être fait surprendre ainsi. Tous deux avaient le même âge, mais il se sentait comme un gamin face à son charisme et sa propre gêne à lui, surtout quand il se faisait surprendre ainsi. Le repas se passa dans un silence quelque peu embarrassant, mais Sasori, introverti de nature, ne poussa pas son invité à la conversation. Le Roi partit ensuite pour poursuivre son travail avant de pouvoir profiter du reste de sa journée, et le blond se rendit dans ses quartiers. Une poignée d'heures après, quand le soleil chauffa moins fort, le jeune Prince voulut sortir dehors se balader. Profitant de la solitude, et de la légère brise qui n'entravait en rien la température forte, il marcha dans les immenses jardins derrière le palais, dont l'accès était restreint, ce qui empêchait toute mauvaise rencontre. Au loin, il voyait l'eau du lac briller sous l'éclat de la lumière, et le paysage, par sa beauté, l'attira. Deidara s'approcha tranquillement, pour mieux profiter du spectacle, quand un mouvement non loin attira son regard. Sasori devait avoir terminé son travail, puisqu'il était assis sur la berge, les pieds trempés dans l'eau claire. Seul, le corps presque allongé sur la rive, maintenu à quelques centimètres du sol par ses coudes, il semblait profiter du temps lui aussi. Le blond hésita à se manifester, mais, aussitôt, le monarque se leva, commençant à retirer ses vêtements pour ne garder que son caleçon. En voyant une nouvelle fois le corps d'apollon de son fiancé, Deidara laissa échapper une légère exclamation, avant de rougir et de se cacher derrière un arbre pendant que le Roi tournait la tête, alerté par le son. Le cœur battant à vive allure, le Prince de l'Est attendit sans bouger pendant des secondes qui parurent des heures. Lorsque le bruit de l'eau agitée retentit, il comprit que le Roi avait cessé de regarder dans sa direction et il passa la tête pour le regarder. Sasori nageait tranquillement dans le lac. Il plongea alors entièrement sous l'eau avant de revenir vers la berge. Après quelques brasses rafraîchissantes, il sortit lentement et se passa une main dans les cheveux pour les ramener en arrière, et son admirateur sentit sa respiration se bloquer soudainement. L'eau ruisselait lentement sur ses clavicules qui ressortaient par ses mouvements, avant de longer son torse pâle et enfin de rouler sur ses abdominaux si bien dessinés pour plonger dans le seul vêtement qu'il portait, lui même trempé par la baignade. Sans parvenir à maîtriser ses pensées, Deidara rougit subitement face à tout ce qu'il imagina. Un tel physique devrait être interdit. Puis il songea au fait que le physique en question était censé être sa propriété de par leurs fiançailles, et il crut qu'il allait défaillir. Lui qui jalousait sa sœur aînée depuis toujours, destinée au trône et nullement forcée à épouser un inconnu pour des raisons politiques, il souriait maintenant en sachant qu'il n'échangerait sa place avec elle pour rien au monde. Perdu dans son esprit, il avait lâché quelques instants sa contemplation, aussi, il tourna la tête pour admirer une nouvelle fois le jeune Roi. Mais la berge n'accueillait plus personne. Pourtant, les vêtements étaient toujours posés sur le sol. Deidara posa ses iris sur l'eau, pensant que Sasori devait être retourné dans les flots calmes et clairs, ce qui paraissait logique avec une telle chaleur, quand brusquement, une main le retourna et le plaqua contre l'arbre derrière lequel il se cachait. Le monarque, les cheveux rouges dégoulinant toujours et les yeux couleur miel brillant avec intensité, le fixa un instant pendant que lui se liquéfiait sur place.
- Je vais commencer à croire que tu as pour passion de me regarder quand je ne suis que très peu vêtu, susurra-t-il alors.
Deidara allait répondre mais si sa bouche s'ouvrit, aucun son n'en sortit. Passion ? Alors, malgré les paroles qu'il avait eues plus tôt, le Roi avait compris que c'était lui qu'il admirait depuis la bibliothèque, et non pas les entraînements. Ses joues le brûlèrent avec ardeur, et la proximité entre l'homme et lui ne fit qu'accentuer toutes ses pensées indécentes. Sasori relâcha son épaule et fit quelques pas en arrière.
- Je ne souhaite pas te mettre mal à l'aise. Mais si tu veux passer du temps en ma compagnie, dis le moi au lieu de m'épier.
Le Prince retrouva la parole.
- Pardonnez moi, Votre Majesté... Balbutia-t-il en fixant le sol. Je... Je n'avais pas de mauvaise intention... Je ne voulais pas vous gêner en vous regardant ainsi...
- Oh, mais cela ne me dérange pas, au contraire, répondit le monarque.
Deidara, surpris, leva les yeux pour regarder son interlocuteur et il rougit de plus belle en voyant son sourire taquin. Ainsi, le Roi faisait preuve d'humour, et jouait de sa propre détresse. Il ne savait pas s'il devait adorer cela, ou se sentir vexé.
- Deidara, reprit Sasori doucement. Que dirais tu, ce soir, après le dîner, d'aller marcher un peu avec moi ? J'aimerais t'accorder ma soirée, que nous puissions discuter.
- Ce serait un plaisir, accepta aussitôt le Prince, reconnaissant à son hôte de changer de sujet.
- Parfait, dans ce cas, à tout à l'heure pour le repas, ton Altesse...
Et, lui faisant un clin d'œil, il tourna les talons, récupéra ses vêtements et partit, laissant le blond seul face à son trouble, et ses pensées plus que jamais indécentes.