Chapitre 3 : Le sanctuaire

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Deidara était installé confortablement dans le canapé de ses appartements, il lisait une lettre de ses parents. Il soupira, agacé. Sa famille lui demandait quand le mariage serait prévu, afin de préparer le voyage comme les noces. Trois jours étaient passés depuis le couronnement, et cela faisait à peine une semaine depuis son arrivée. Si le jeune Prince avait imaginé que la distance aurait retiré la pression qu'on avait déposée sur ses épaules, il se rendait compte de son erreur. Son père disait dans le courrier qu'il fallait l'informer au plus vite de l'organisation afin d'officialiser l'alliance. Il n'en avait rien à faire de ce que pouvait ressentir son fils. Sa mère elle, lui recommandait d'être docile avec le nouveau monarque, et d'éviter d'être «lui même». Deidara avait l'impression d'être une simple marchandise, une poupée désarticulée ayant pour seul objectif de servir de paiement. Quelqu'un toqua alors à la porte, et le jeune homme reprit son expression polie pour aller ouvrir. Il s'agissait d'un page.

- Votre Altesse, commença le visiteur en s'inclinant. Le Roi m'envoie vous chercher. Il souhaite partager son dîner avec vous.

Le blond parut surpris, mais il hocha la tête et suivit son guide. Il n'avait pas revu Sasori depuis le couronnement, ce dernier avait sûrement du avoir beaucoup de travail. On le fit entrer dans la grande salle qui accueillait les repas du Roi et son entourage proche. Le couvert était mis pour deux personnes, face à face, et le jeune Roi était déjà installé, une coupe de vin à la main. Le page s'inclina avant de partir, fermant la porte derrière lui. Deidara sentit son appréhension revenir brutalement. Le silence était lourd, il se déplaça lentement vers le siège et s'assit, face à Sasori, tout en évitant son regard. Le repas débuta ainsi, dans cette ambiance pesante, jusqu'à ce que la voix grave et froide du monarque ne perce le silence.

- Toutes mes excuses pour ces derniers jours, j'avais beaucoup de travail.

- Ce n'est rien, je comprends.

Seul le bruit métallique des couverts contre l'assiette répondit à ces courtes phrases. Puis, l'esprit empoisonné par la lettre reçue, Deidara prit la parole quelques temps avant la fin du repas.

- Votre Majesté ?

Sasori haussa un sourcil, l'invitant à poursuivre. Le blond sentit ses joues les brûler.

- Mes parents m'ont écrit... Et... Ils veulent savoir quand aura lieu... vous savez, le mariage...

- Et donc, reprit lentement le Roi, leur as-tu répondu ?

- Non, j'attendais de vous demander... J'ignore tout de l'organisation de la cérémonie. Quand aura-t-elle lieu ?

- A toi de me le dire.

Deidara ouvrit la bouche pour répondre, mais rien ne sortit. Il se reprit et articula.

- Pardon, je ne suis pas sûr de comprendre. A moi de vous le dire ?

- Oui, affirma tranquillement Sasori après avoir bu une gorgée de vin. Cela fait à peine une semaine que tu es arrivé, tu ne me connais pas encore, et malgré l'impatience de tes parents, je crains qu'ils ne doivent attendre que tu ne prennes ta décision.

- Ma décision ? Répéta le Prince.

- Si tu souhaites ce mariage ou non.

Pour la seconde fois, le blond fut bouche bée.

- Mais... Votre Majesté, si je suis venu ici, c'est parce que je l'ai déjà accepté...

- Non. Deidara, tu es venu sur ordre de ta famille. Tu as été forcé d'accepter une union avec un inconnu en échange d'une alliance politique. Je n'appelle pas ça «accepter.» Tu es mon invité, et tu le seras le temps que tu le voudras. Mais dès l'instant où tu souhaiteras rentrer chez toi, tu y seras escorté. C'est à toi, et à toi seul, qu'incombe la décision de planifier un mariage, et uniquement si c'est ta volonté, pas celle de l'Est.

- Mais... Et mes parents ? Votre Majesté, ils veulent une date au plus vite... afin d'officialiser l'alliance.

Sasori pencha doucement la tête sur le côté.

- Ce que veulent tes parents, je n'en ai rien à faire. Ce qui m'importe, c'est ce que tu penses, toi.

Le Roi se leva alors, et il contourna la grande table pour venir se placer juste à côté du Prince qui ne savait plus quoi répondre.

- Je vais écrire au Royaume de l'Est pour assurer que tout se passe comme prévu. C'est ma grand mère qui a proposé ce mariage, mais ne crois pas que j'aurais permis ça si je ne l'avais pas voulu. Il se trouve que l'offre est arrangeante pour moi, et je n'ai que faire des émotions ou des sentiments. Un mariage d'amour ne m'intéresse pas plus qu'autre chose. Mais c'est un choix personnel, que je ne t'imposerai pas. Tu es libre de dire non, et je respecterai ta décision. Je vais dire à tes parents que nous sommes occupés, et que je dois gérer ce royaume après mon couronnement récent, que l'heure n'est donc pas aux noces. Ils seront informés au fur et à mesure, mais ils devront patienter. Est ce que cela te convient ?

Deidara acquiesça lentement, et aussitôt, Sasori tourna les talons pour quitter la pièce. Le blond ne sut comment réagir. Il avait été touché par les paroles de son hôte, mais il était aussi effrayé. Il n'avait aucun contrôle sur les évènements, et ça ne lui plaisait pas du tout. Il se leva à son tour et longea les couloirs, perdu dans ses pensées. Il croisa quelques personnes mais aucune ne le dérangea dans sa réflexion. Il ne reprit conscience qu'une fois arrivé devant une grande double porte. Deidara posa sa main sur la poignée. Qu'y avait-il de l'autre côté ? Il se figea un instant. Et si l'endroit lui était interdit ? Il haussa les épaules, s'il n'avait pas reçu d'instructions, il n'avait rien à se reprocher. Il ouvrit doucement la porte et jeta un œil à l'intérieur avant d'ouvrir la bouche, étonné. Il s'agissait de la bibliothèque du palais. Et elle était immense. Les étagères se succédaient dans la gigantesque salle au point de ressembler à un labyrinthe. Les livres montaient si haut vers le plafond que plusieurs échelles étaient installées contre les meubles. Le jeune Prince entra dans le lieu, qui était désert à cette heure. Des sofas confortables étaient posés dans divers coins, près des fenêtres qui donnaient sur la cour. Deidara se balada pendant de longues minutes, caressant de ses doigts les reliures des ouvrages. L'odeur du papier vieillissant enivra son esprit et il se sentit serein, sans vraiment comprendre pourquoi. Il avait trouvé sa pièce préférée, plus que la, un sanctuaire de calme et de plénitude. Se promettant silencieusement de revenir dès le lendemain, il quitta la bibliothèque et referma les grandes portes avant de marcher vers ses appartements. Une fois chez lui, il prit le temps de brosser ses longs cheveux d'or, puis il se glissa sous les draps. Il espérait que les lectures ne seraient pas ennuyeuses, mais vu le nombre d'ouvrages, il ne doutait pas de trouver son bonheur.

Sasodei - Le soleil traverse l'Est pour le réunir avec l'Ouest au crépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant