A Lovely Driver

Nouvelle affinité

          Je me retourne instinctivement. Je vois qu'il réfléchit rapidement puis qu'il me fait un signe pour m'approcher.

   - Attends moi là, j'arrive.

Dis-je à mon amie. Je le rejoins, non pas sans hésitation, en me demandant ce qu'il a oublié de me dire. Peut-être que je ne dois pas diffuser la photo ? Que ça nuirai à son image d'une quelconque façon ? J'arrive à sa hauteur et attends qu'il me parle.

   - Ça va peut-être te sembler bizarre mais j'aimerais bien apprendre à te connaître. Ne serait-ce que parler avec toi, j'apprécierais beaucoup.
   - Euh... vous êtes sûr ? Ou c'est une sorte de blague ?
   - Premièrement tu peux me tutoyer (il me fait un clin d'œil) et non, je suis totalement sincère.
   - Alors ça, excusez... je veux dire excuse-moi mais j'ai du mal à y croire !
   - Je comprends totalement que tu puisses te poser des questions mais, comment dire, tu m'intéresses beaucoup.

Il passe sa main derrière sa tête comme s'il était, nerveux ? Cette position met en valeur la musculature de son bras. Qu'est-ce qu'il est beau.

   - Et bien si tu le dis, pourquoi pas après tout. Je ne vais pas te cacher que j'ai beaucoup d'admiration pour le pilote que tu es et que donc c'est un rêve qui réalise !

Il éclate de rire. C'est un rire franc et instinctif. L'ambiance est de plus en plus chaleureuse.

   - Si j'ai bien compris tu dois rentrer à ton hôtel c'est ça ?
   - Oui... mon amie m'attend. Mais si tu veux je peux lui dire d'y aller sans moi. Je la rejoindrai plus tard.
   - Écoute si ça ne te dérange pas ce serait avec plaisir ! A vrai dire je commençais à me sentir un peu seul... Mais je ne t'impose rien.
   - Oh mais ne dis pas de bêtises enfin. Rien ne me ferais plus plaisir.

Je me dépêche d'aller voir mon amie pour lui expliquer la situation.

   - Mais c'est incroyable ! Il t'a vraiment dit ça ?
   - Ouais moi non plus je n'y crois pas ! Du coup ça te dérange de rentrer toute seule ? Je rentrerai plus tard.
   - Non bien évidemment, amuse toi bien !

Je la regarde s'éloigner avant de rejoindre Max.

   - Du coup c'est bon, j'ai tout arrangé. Tu voulais qu'on fasse connaissance c'est ça ?
   - Exactement.

          Nous parlons pendant au moins deux heures, mais je n'ai pas vu le temps passer. Nous avons parlé de tous les sujets qui nous passaient par la tête, en débattant à chaque fois dessus. Il s'est aussi intéressé à ma vie privée : ce que je faisais comme activité professionnelle, mes hobbies, d'où je venais... Bref, on a beaucoup parlé de moi, ce qui ne me mettait pas toujours à l'aise. J'avais parfois l'impression de trop parler de moi, mais à chaque fois que je fermais la conversation, il revenait à la charge. Pendant tout ce temps, je le regardai bien évidemment, comme on regarde quelqu'un à qui on parle. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de repenser au moment où je l'ai vu pour la première fois. Il avait l'air si triste. Du moins, il n'avait rien à voir avec le Max qui me parle depuis un sacré bout de temps. Cette image du pilote presque abattu polluait mes pensées, j'avais besoin de savoir pourquoi.

   - Au fait, je peux te poser une question ? On parle beaucoup (trop) de moi mais quasiment presque pas de toi.
   - Tu sais y'a pas grand chose que les gens ne savent pas de ma vie. Mais vas-y, pose-moi ta question , j'y répondrai avec plaisir.
   - Et bien tout à l'heure, avant que l'on vienne te parler, tu étais sur ton téléphone et tu avais l'air...

Je marque un temps d'arrêt dans ma phrase, réfléchissant à comment apporter la chose.

   - On aurait dit qu'il y avait un problème, que tu avais l'air contrarié ou je ne sais quoi.
Il me regarde et je suis pétrifiée. La même lueur maussade est de retour dans son regard. 

   - C'est... Ce n'était rien, j'étais juste perdu dans mes pensées.
   - Ah, d'accord...

Aucun de nous deux ne sait quoi dire. Il regarde dans le vide, comme s'il fuyait quelque chose. Je m'en veux d'avoir engendré cette situation. Je suis allée trop loin. Pendant un instant j'ai oublié la réalité des choses, ce n'est pas un ami d'enfance mais Max Verstappen. Malgré sa gentillesse et notre conversation, il ne faut pas oublier ça.

   - Excuse moi...
   - C'est juste que...

Nous avons parlé en même temps. Nous sourions de la situation, il me regarde et je reprends la parole.

   - Oui je suis désolée d'avoir posé cette question. Je n'aurais pas dû.
   - Non non ne t'inquiètes pas, c'est moi qui ai mal réagis. C'est juste que... très peu de gens sont au courant et je ne veux pas qu'on parle uniquement de ça à mon sujet.

Je peux comprendre, je comprends même totalement ce qu'il veut dire. Mais cela n'explique pas pourquoi cette attitude vis-à-vis de la situation. A-t-il perdu quelqu'un !? Oups. Si c'est le cas, je viens de faire une bourde monumentale.

   - Mais je pense que je peux te faire confiance...

Oui. Oui oui oui. Absolument. Je veux savoir. J'ai besoin de savoir. J'ai un penchant très marqué pour tout ce qui est potins et ragots donc oui, tu peux me faire confiance.

   - Il est vrai que je sais bien garder les secrets.

Je souris d'impatience. Je vais avoir une info exclusive sur mon pilote préféré. Je suis joie.

   - Et bien voilà, tu vois, avec Kelly, c'est comment dire... compliqué. Nous ne sommes plus ensemble depuis quelques temps.

Oh là là ! Mais comment cela est-il possible ? J'ai pourtant l'impression de les voir tout le temps ensemble ! C'est donc pour ça qu'il était ainsi tout à l'heure. Le pauvre, j'ai un peu de peine pour lui, il avait l'air de beaucoup tenir à elle.