Hanabi [Zerano - BL]

Chapitre #5 : L'illusion

   Un corps chaud se frotta lentement contre le sien froid. Des mains glissèrent sur ses courbes élancées. Traçant leur contour du bout des doigts. Découvrant la peau du bout des ongles. Puis des lèvres enflammées irradièrent son corps en une explosion de sensations. Le plaisir se répondait comme les fleurs d'un feu en lui. Le désir grimpait en flèche. Ce corps se colla tout contre lui, le réchauffant dans la seconde en brûlant familièrement chaque parcelle du sein. Une langue rafraîchit son cou et des mains réveilla son envie profondément enfuie. Ses lèvres trouvèrent des jumelles idéalisées en un baiser charnel.

Brûlant mais frigorifié, Adrien ouvrit grand les yeux paniqué. Le souffle coupé, la respiration à l'arrêt. Le corps crispé sur lui-même. Ce rêve et cauchemar avait éveillé quelque chose en lui qui le faisait souffrir. Une voix chaude l'interpella et une main apaisante caressa son épaule. La présence au près de lui le rassura et il se détendit légèrement. Il referma les yeux alors qu'elle se rapprocha de lui pour l'enlacer et le réchauffer. Adrien attendit patiemment que ces bras le réchauffe enfin. Mais rien ne vint et quand il se retourna la présence avait disparu pour son malheur. Il frappa rageusement la taie d'oreiller alors que le froid l'enserra glacialement. Une larme coula sous la désillusion. Pourquoi ces manifestations douloureuses ? Pourquoi imaginait-il tout cela ? Il se leva péniblement, seul. L'appartement était plongé dans un silence mortel. Rien ne vivait dans cet endroit. Il était juste seul, avec lui-même. Et le temps passait affreusement trop longuement pour le lui rappeler. Adrien s'assit à sa table et en relevant les yeux vit une ombre aux rousseurs évidente l'observer. Elle déformait l'air derrière les fourneaux comme pour lui préparer un bon petit déjeuner après une nuit difficile. Cette ombre lui sourit d'un sourire aussi rayonnant que le soleil. Il pouvait parfaitement imaginer la chaleur s'en dégageait. Il n'y avait que du bon, de la bienveillance, de la patiente, de l'écoute, de l'Amour en cette personne. Il voulu la rejoindre, c'était une envie incompréhensible mais elle était bien là. Forte, rugissante. Elle tordait son ventre pour qu'il se lève et court à ses côtés. Là-bas le soleil brillait. De son côté, le vent soufflait en envolant avec lui des pétales ressemblant à une neige éternelle qui s'écrasait contre les vitres. Des rayons chauds fiévreux illuminaient l'ombre, la rendant plus belle et présente encore. Des gouttes de temps s'évaporer dans l'instant endormit. Adrien se redressa lentement, attirait irrésistiblement par cette anomalie. Il marcha vers elle sans la quitter des yeux. Il s'arrêta à son niveau, là où le soleil effleurait ses épaules réchauffées. Il tendit une main désespérée vers la joue sublime de cette brume qui s'effaça aussi soudainement qu'elle était venu.

« - Reste ! »

Cette peur dans cette voix, cette supplication le choqua. Il réalisa douloureusement qu'il se sentait libre et vivant près d'une illusion qui le harcelait, bouleversant sa vie solitaire pour s'incruster dans ses quotidiens. Et il souhait qu'elle y reste. Qu'elle revienne lui tenir cette folle compagnie. Qu'elle revienne chauffer son lit glacé, son corps gelé. Qu'elle revienne lui sourire si gentiment, qu'elle porte ses mains sur lui avec tendresse. Qu'elle revienne l'Aimer. Lui et seulement lui. Pour le reste de sa vie. Il désirait cette présence auprès de lui. Son corps s'affaissa sur le plan de travail dans des sanglots déchirants. Ce manque optionnel en lui l'empêchait de respirer. Adrien chercha l'air dépourvu d'espoir. Deux bras l'enlacèrent et lui murmurèrent que ça irait pour lui. D'une voix familier, d'une odeur qui l'enivrait, d'un corps qu'il convoitait. Immédiatement il parvint à récupérer un souffle nécessaire. Il se redressa, l'ombre pesant sur lui. Il détailla ses mains, celle de cette brume ne les lâchant pas. S'accrochant à ses poignets. Le brûlant de la même intensité et signature que la veille. Il ferma les yeux pour s'abandonner à cette personne. Il laissa son corps reposer contre cette douce transparence qui se dévoilait toujours plus. Et tomba telle la neige en hiver. Il chuta en arrière. Le corps entraîner vers le sol. Il s'écrasa cruellement sur le sol dur et froid de sa cuisine. Ses fesses claquèrent contre le carrelage, ses mains rompirent sous son poids. Son dos rencontra un meuble et sa tête percuta ce dernier. Ses yeux se clos dans la seconde. Le monde disparu autour de lui. Il semblait flotter dans un épais brouillard. Il ne percevait plus rien. Hormis une douleur lui rappelant que personne ne serait là pour l'appeler. Qu'il ne pourrait pas percevoir des cris ou secousses le ramener à lui. Il était seul. Il était glacé. Son esprit s'éloigna pour trouver un paradis où cette ombre le prit dans ces bras pour calmer ses angoisses. Il retrouva son illusion chérie enviait par tout son être. Elle le réchauffa et le berça avec délicatesse mais force. Il l'avait retrouvé, elle était revenue.