Chapitre 11 - Merci d'exister

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La semaine avait été rude, j'étais épuisé, Kyo' me manquait. On ne s'était pas parlé de la semaine et je m'en voulais, je l'avais bien observée et elle n'avait pas l'air très en forme elle non plus, bien qu'elle tentait de faire bonne figure en compagnie de ses amies. J'avais passé mon samedi affalé dans mon lit, en pyjama avec un paquet de chips pour me tenir compagnie. Je n'avais rien fait de spécial, Eiji' avait bien essayé de me faire sortir mais j'avais décliné l'offre. Je préférais broyer du noir tout seul même si ce n'était pas très « viril » comme il disait. J'avais joué un peu de guitare en pensant à ma rockeuse, satisfaisant la nostalgie de nos précédentes soirées.
Il était environ 22 heures, je m'ennuyais et n'avais pas sommeil. Je pris donc mon skate et ma paire d'écouteurs et sortis de l'internat. Je roulai un moment, jusqu'à trouver le skatepark. Je m'installai sur un banc orientant mon visage vers le ciel pour mieux admirer la pleine lune qui illuminait ma nuit morose.

23 heures. Impossible de trouver ne serait-ce qu'un semblant de sommeil. Mes pensées tournaient en rond et refusaient de se taire, elles tournaient toutes autour d'un blondinet électrique. Ç'avait été comme ça toute la semaine. Denki me traitait comme une inconnue et j'étais trop fière pour faire le premier pas.
C'est alors que l'écran de mon téléphone s'illumina. J'avais reçu un message auquel je ne m'attendais pas.

Denki

Rejoins-moi au skatepark
Lu à 23h09

Je ne pris même pas le temps de répondre à son message, j'enfilai son pull attrapai mon skate et mes écouteurs pour aller rejoindre l'être aimé. Sur le chemin, un tas d'idées me traversèrent la tête, je réfléchis beaucoup et pris ma décision. Il fallait que je prenne mon courage à deux mains, que je mette de côté ma fierté, et que je dise à Denki à quel point je l'aimais.
Après une dizaine de minutes, j'atteignis enfin ma destination. Je le vis là, de dos, assis sur un banc. Je m'approchai de lui par derrière me penchant vers lui et dis :

- On arrive pas à dormir ?

- Tu es venue ! Oh je suis si content ! s'exclama-t-il en retirant ses écouteurs.

- Tu m'as écrit... souris-je timidement.

- Joli pull ! me lança-t-il avec un clin d'œil.

Je me contentai de sourire et m'assis à ses côtés, nous regardions la lune sans rien dire. Je savais exactement quoi faire, je rassemblai mon courage, sortis mon téléphone et lui tendis un écouteur pendant que je mettais l'autre dans mon oreille. Il me fixait d'un regard interrogateur, je ne dis rien, pris une grande inspiration, appuyai simplement sur « play » et la musique se lança.

Kyo' était là, je craignais qu'elle ne veuille plus me parler après la semaine que nous venions de passer mais elle était venue. Elle me tendait un écouteur, je le pris en le mis dans mon oreille. Je la vis respirer profondément comme si elle essayait de se libérer de quelque chose, puis les premières notes retentirent dans mes oreilles. J'avais immédiatement reconnu la chanson en question. Elle avait donc bien reçu mon message caché.
J'osais à peine lever la tête, quand nos regards se croisèrent je pus remarquer que son visage avait viré au cramoisi, de mon côté, mes joues me chauffaient fortement. J'étais abasourdi. La fille que j'aimais m'aimais aussi ? J'avais l'impression d'être dans un rêve, on se regardait sans rien dire vivant chaque phrase de la chanson, jusqu'à ce que mes yeux se posent sur ses lèvres. Avant que j'aie eu le temps de m'en rendre compte, mon visage se rapprochait dangereusement du sien, je fermai les yeux et continuai de m'approcher, non sans craindre de me faire repousser.
Nos lèvres se rencontrèrent enfin, dans un baiser doux et timide. Je ne pus m'empêcher de sourire sous ses lèvres tandis que je passais mes bras autour d'elle, plaçant une main sur sa taille et l'autre sur sa joue, elle posa à son tour ses mains sur moi, ses doigts passant dans mes cheveux et mon cou. Elle me rendait mon baiser, et me tira vers elle pour nous rapprocher encore. Nous étions hors du temps, plus rien n'existait autour de nous, il n'y avait qu'elle, moi et le slow qui tapait dans nos oreilles. Nous finîmes par nous séparer, un peu à contrecœur, elle me regardait avec une tendresse que je ne connaissais pas, jamais je ne m'étais vu de cette façon dans les yeux de quelqu'un.
Mes joues étaient en feu, Todoroki avait de la concurrence à ce moment là.
Je posai ma tête sur ses cuisses contemplant la fille que j'aimais, elle caressait mon visage avec délicatesse. Je fermai les yeux pendant qu'elle choisissait une nouvelle musique.

J'effleurais le visage de Denki le plus doucement possible, j'avais l'impression qu'un geste de trop suffirait à briser cette gueule d'ange à laquelle je tenait tant. Il ferma les yeux, son visage était détendu, il souriait.

- Je t'aime Denki.

Ses yeux se ré-ouvrirent, écarquillés comme jamais à l'entente de mes mots, ses pupilles brillaient d'une lueur nouvelle, il suffisait de regarder au fond pour savoir ce qu'il allait me répondre.

- Je t'aime aussi Kyo'. D'ailleurs je m'excuse pour cette semaine.

Il avait l'air sincèrement désolé, il était déjà tout pardonné, même si j'étais curieuse de savoir pourquoi il avait agit comme ça.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu te comportes comme ça ?

Son visage s'assombrit un instant, puis finalement, sans que j'aie besoin d'insister, il me raconta tout. Ça lui faisait du bien de tout déballer et le voir soulager me soulageait. Cependant, je me sentais coupable, c'étaient mes paroles qui avait causé tout ça... je me confondis en excuses et il me rassura, me disant que l'important c'était le moment présent et que maintenant il n'avait vraiment plus aucun doute.
Il se releva et déposa un doux baiser sur mes lèvres, il ne me quittait pas des yeux, ce qui avait pour effet de me faire changer de couleur.

- Merci d'exister Kyo.

- Merci de rendre mon existence plus facile.

Nothing Else Matters ( Kamijiro )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant