Chapitre 1

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De nombreuses heures de marche m'attendent, mais elles ne m'effraient en aucun cas puisqu'elles vont me permettre de découvrir un vaste univers! Mais je ne sais pas jusqu'où il me sera permis d'explorer la terre. Déjà, ma première halte se fera dans le prochain village, Caraslond, où il n'y aura pas vraiment de dépaysement, la bourgade étant presque en tous points identique à Coteaubourg.

Le soleil commence à faire paraître ses premiers rayons dorés, révélant la beauté du monde. De magnifiques lumières se créent avec la rosée qui recouvre les plaines en cette heure matinale, telle une myriade de petits cristaux qui auraient été dispersés là. Le sentier aussi prend lentement des teintes de plus en plus éclatantes, avec cet éclairage, chaque parcelle est sublimée. J'apprécie ce spectacle avec des yeux émerveillés. Il me donne envie de découvrir les plus éclatantes merveilles de cet univers!

Je déambule donc à travers ces collines aux couleurs chatoyantes durant un long temps, mais déjà le paysage se modifie légèrement, il devient de moins en moins vallonné. Puis j'aperçois au loin la porte de Caraslond, accélérant alors le rythme pour me reposer au plus vite.

***

Dans le village, la foule est là, envahissant les maigres ruelles, pour accéder aux étals des producteurs sur le marché. De même qu'à Coteaubourg, c'est une des plus grandes activités tout au long de l'année. Je me fraie difficilement un chemin à travers cette multitude de personnes, peinant ainsi à trouver la direction de l'auberge. Je la repère enfin, dissimulée par toutes ces chaumières d'une pierre couleur gris chaud. Toutes les bâtisses sont faites dans cette même roche triste, ce qui donne un air monotone à ce bourg déjà peu animé.

Arrivée devant le porche de l'établissement, je prends le temps de regarder cette porte ornée de fines gravures dans le bois. Il s'agit sûrement d'une scène mythique très spécifique à ce village car je ne reconnais aucun personnage du folklore des coteaux. Cessant de m'attarder, je passe le pas de la porte et découvre une atmosphère chaleureuse. Tout le monde parle gaiement et beaucoup rient aux éclats. Je me faufile jusqu'à l'accueil et là, le maître de maison fait preuve d'une grande amabilité.

-Bonjour ma demoiselle, que me vaut le plaisir de votre visite?

-Bonjour Monsieur ..., dis-je en hésitant sur son nom.

-Appelle-moi Golath si tu veux bien! me soulagea-t-il de son air jovial.

-Bien, alors j'aurais juste souhaité une chambre pour la nuit s'il-vous-plaît Golath.

-Eh bien pas de soucis, il m'en reste une à l'étage, plus au calme, vu ta dégaine je pense que tu en as bien besoin!

-Ah oui, je vous remercie infiniment! Et combien vous dois-je?

-On verra ça demain si tu veux bien, mais sinon laisse dix pièces, c'est le prix pour une nuitée et les repas sont offerts, me dit-il avec un discret clin d'œil.

Comment réagir à ce cadeau, je n'en avais aucune idée, voyant mon embarras, il me fait signe de monter m'installer, en m'indiquant où se trouve ma chambre.

Je découvre donc mon logis pour la nuit. Il s'agit d'une pièce simple, où se trouvent une petite table avec ses chaises, de quoi poser ses affaires, et une alcôve avec un grand lit. On reconnait bien la modestie du village, le tout étant fait du bois que l'on trouve tout autour dans les collines, celui qui fournit la région complète en matière. Je dépose donc mes affaires, et me décide à aller demander si le patron n'a pas une carte de Cuilamar, pour que j'étudie un peu un parcours que je pourrais emprunter. Et, la chance de mon côté, je remonte avec mon butin, que je pourrai emporter pendant mon périple. Je déroule la carte sur la table, et peux enfin me rendre compte de l'étendue des terres habitées. Je réfléchis où aller. Je n'ai d'attache nulle part, et je ne connais aucun de ces endroits. Je remarque bien les différents climats qu'il doit y avoir, étant donné l'emplacement des chaînes de montagnes et des mers, mais les régions qui seraient prêtes à m'accueillir, je n'en ai pas la moindre idée.

Tandis que je suis occupée à mes réflexions, des murmures parviennent à mes oreilles. Il s'agit sûrement de la conversation des occupants de la chambre voisine. Ils m'intriguent. Je les entends parler de complots, que peut-il bien se tramer dans cette contrée? Je me rapproche discrètement du mur pour essayer de mieux entendre. Il s'y trouve une petite percée qui me permet de regarder qui sont les personnages. Deux hommes à première vue, mais si étranges! Le premier, grand et assez musclé, est intimidant. Il a la peau tannée, et son visage me fait penser à celui de M.Nûamon, mais il a les cheveux plus clairs et est mal rasé, une barbe naissante lui dévore le menton. Je lui donnerais une quarantaine d'années. Son compagnon, quant à lui, âgé d'une vingtaine d'années, est très pâle, un visage sans ride, des cheveux de cristal. Jamais je n'avais vu de telle personne. Mais trêve d'observations, je me dois d'écouter.

-Mais que pouvons-nous faire, il faut absolument l'éliminer, dit le plus âgé des deux.

-Il aurait une puissance inimaginable, notre ordre ne pourrait l'achever.

-Si, nous sommes quinze contre un, qu'est-ce qui pourrait nous empêcher de le vaincre?

-Nous ne sommes pas encore quinze, il faut convaincre nos frères.

-Nous n'aurons aucun mal, nous avons tous senti la menace.

-Et même si nous étions tous réunis, j'eu ouïe-dire qu'il pourrait éliminer une nation à lui seul.

De quoi parle-t-il, ça a l'air d'être une personne, mais nul ne peut détruire une nation, c'est inconcevable !

-Et crois-tu aux légendes?

-Notre peuple fonde ses légendes sur de vrais faits historiques qui ne sont pas déformés. De plus ces légendes elles-mêmes ne sont pas modifiées.

-Mais qu'est-ce qui te fait croire qu'elle n'est pas faussée depuis la nuit des temps?

-J'ai confiance en mon peuple.

Un peuple? De quoi parle-t-il, on dirait qu'il se distingue de l'homme ?

-Bref, ne nous attardons pas sur ce sujet. As-tu des informations supplémentaires sur sa cachette?

-Non, rien, il reste introuvable. Même la sensation de l'autre jour ne m'a donné aucun indice. Ce n'était qu'une vague menace qui semblait imprégner l'ensemble de l'espace. Et toi, en as-tu déduit quelque chose?

-Non, rien non plus. Je pense qu'il faudrait réunir nos frères et sœurs pour en discuter avec eux.

-Oui, mais eux aussi on ne sait pas où ils se trouvent, et on ne peut pas les appeler par l'esprit, le maître l'apprendrait.

Pour quelle raison cacheraient-ils des choses à leur maître, n'est-ce pas censé être un gardien?

-Trouvons d'abord ceux de nos races respectives, puis retrouvons nous dans un mois à Bachorost pour faire le point.

-Très bien, je retourne dès demain dans le sud, j'espère que j'arriverai à retrouver nos sœurs au sein des forêts. Mais ce sera difficile, elles peuvent se cacher n'importe où.

-Je suis sûr que l'on peut y arriver, de mon côté je resterai vers le nord.

-Très bien, bon, reposons-nous cette nuit et partons dès l'aube...

Je ne m'attendais pas à ça en les épiant, on dirait une sorte de confrérie qui cherche à éliminer son ennemi juré ! Mais ça a l'air plus compliqué que cela...Au moins, je connais ma prochaine destination...

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