- Bella ! Bella ! Alzati (lève toi) !
J'ouvre les yeux et en moins d'une seconde, je suis debout prête à fuir. Ça, c'est l'avantage de vivre à Scampia : je suis toujours prête à courir. Bon, le désavantage c'est que je ne dors que d'un œil, et ça depuis toujours. Je crois même que je n'ai jamais rêvé. Mais on m'a souvent répété que dans la vie, les rêveurs n'avaient pas leur place.
- Ma femme est arrivée ! Tu dois passer par la fenêtre !
Oh. J'ai failli oublié.
L'homme moustachu se jette sur sa fenêtre pour l'ouvrir à la hâte. Mes habits me sont rendus déchirés et froissés. Mais heureusement, le compte y est. Cinq cents euros. C'est trois cents de plus que ce que je dois au grand patron. Ça me donne presque envie de le remercier ! Mais bon, il est quand même en train de me jeter par la fenêtre alors que je ne porte que des sous vêtements.
Par chance, nous sommes à Scampia, élu pire quartier de Naples. Une fille de 19 ans a moitié nue dans la rue, ça ne pose problème à personne. Ça ne choque personne. C'est la routine. Ici, quand il ne se passe rien, c'est là que tout le monde s'inquiète.
J'habite à Scampia depuis toujours. Enfin, c'est ce dont je me rappelle. Mes souvenirs ont commencé assez tard. Je me souviens d'une enfant dormant sur les marches crasseuses d'un vieux bâtiment. La racaille me réveillait chaque soir avec des discussions incessantes ou des règlements de compte tous plus odieux les uns que les autres. Sinon, le matin c'est le voisinage qui me virait. Des mères affolées ou des pères inquiets pour leur descendance. Comme si j'avais le pouvoir d'influencer quelqu'un...
Au moment où je passe la seconde partie de mon corps presque nu par la fenêtre, la femme déboule dans la chambre. Elle me fixe l'air choquée mais ça ne dure pas longtemps. Son regard tourne vite vers son mari sur lequel elle s'empresse de sauter. C'est sûr, elle va le tuer. Je ne veux plus être là quand ça arrivera.
Quand mes pieds retombent sur le sol, cela créer un bruit assourdissant. Normal, j'ai choisi une bouche d'égout pour atterrir ! Puisqu'ici les logements sont tous collés, la résonance est au maximum. On m'entend donc à des mètres à la ronde. Des têtes se tournent vers moi, les mêmes têtes que d'habitude. On me juge, on me dévisage.- Bah quoi ? Vous n'avez jamais vu une fille travailler pour son propre pain ? M'exclamais-je tout en prenant le temps de m'habiller.
Je sais que personne ne va me répondre. Comme toujours, ils vont juste parler entre eux mais personne ne prendra la peine de me demander de l'aide ou juste si je vais bien.
Ce n'est pas grave, je suis Bella...juste Bella. Je suis une survivante.J'enfile mon t-shirt et mon short. Le décolleté déchiré laisse place à une vue plongeantes sur ma poitrine. J'aurai du lui réclamer cents de plus juste pour avoir succombé à son fantasme d'homme un tantinet violent.
Beurk.
C'est vrai que ce n'est pas l'avenir rêvé. Mais parfois il faut se contenter de prendre ce que la vie nous donne. Dans mon cas, elle m'a donné un corps qui me rapporte de l'argent.- Bella ! Hurle une voix grave.
Je mets mes pensées sur off le temps d'une seconde. Trêve de bavardage. Cette voix d'homme, je la reconnais. Et je sais aussi ce qu'elle annonce : court pour ta vie.
En plus d'un corps fructueux, la vie m'a « offert » autre chose : Milano Venicci.
Un homme riche aux pouvoirs démesurés. Un homme qui trempe tellement dans l'illicite qu'on le connait partout en ville. Personne ne peut l'arrêter. Officiellement, il est blanc comme neige (normal quand on a des larbins qui font le travail) et donc, personne ne peut rien contre lui, pas même le gouvernement. Seul le plus grand des idiots chercherait à rouler Milano. Tout le monde sait que pour lui, une vie humaine n'est rien de plus qu'un...que...je n'ai même pas de comparaison assez basse !
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Bella Scampia
Romance« Tue une fois et le meurtre deviendra une option envisageable » C'est en suivant cette règle que j'ai grandi. Et c'est peut-être pour ça que je n'ai, aujourd'hui, plus aucun respect pour la vie humaine. Pas même pour la mienne. Abandonnée dès la na...