Chapitre 3

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Même si ma peau est couverte de chair de poule, j'agis comme si mon retour était des plus normal. C'est comme si je n'étais jamais parti. C'est comme si rien n'avait changé.
Les mêmes personnes sont à l'accueil, elles me regardent avec un air mi étonné mi agacé. Les dames d'entretien se font gueuler dessus comme toujours parce qu'elles se trouvent à la vu de tous. Oui je sais, il serait temps d'aller expliquer à ces cons qu'on ne peut pas faire le ménage si on ne passe pas au centre de la pièce qu'il faut nettoyer...
Et la déco aussi est intacte. Vraiment, à part cet homme au charisme électrisant, il n'y a rien de neuf ici.
D'ailleurs, pourquoi Bacci connaît le code d'accès au bureau de Milano ? Ils sont si proche que cela ? Mais pourquoi c'est la première fois que j'entends son nom de ma vie ? Milano n'est pas du genre à faire confiance en deux mois.
S'il y a bien une chose à laquelle le grand patron tient plus qu'à sa propre vie, c'est bien son bureau. On est quelques personnes à avoir le code d'ascenseur qui nous emmène directement ici. Il m'a toujours dit qu'il préférait perdre des hommes plutôt qu'une main ennemie pénètre ici. C'est son repère. « La tanière du loup » comme il aime si bien l'appeler.

Je n'attends pas d'être tiré par le nouveau toutou du patron pour avancer. Je me dirige automatiquement vers l'ascenseur dont les portes s'ouvrent pile au moment où j'arrive. Quand j'entre dedans, je m'aperçois que le vigile/toutou n'est plus derrière moi. Après quelques secondes je le retrouve plus loin, en train de discuter avec un homme. Il semble agacé et pressé. On dirait qu'il n'a pas pu échapper à cette discussion. Malgré les regards furtifs qu'il me lance pour me « surveiller » et le signe de main rapide qui veut clairement dire « attend moi », j'appuie sur le bouton « portes fermées » et je laisse l'ascenseur se fermer tout doucement en affichant un petit rictus satisfait. C'est inutile et puérile, je le conçois.
Et je m'en fou.

Le code n'a pas changé. L'ascenseur monte et étrangement, ma chair de poule diminue. Je crois que mon cerveau ne veut pas se rendre compte de la situation. Je vais peut-être mourir. Mais je vais peut-être vivre...et savoir cela me suffit, visiblement. Il est vrai que je n'ai aucune confiance en Milano, pas après toutes ces années vécues au près de lui, mais la voix dans ma tête me dit qu'au fond de lui, il tenait peut-être quand même un peu à moi, assez pour être clément.

J'avais oublié à quel point la montée était horrible. Cette tour est immense. Il y a des étages entièrement dédiés au trafic légal et d'autres pas tout à fait. Il y a aussi des étages « hôtel », là où dorment certains employés. En général ils sont réservés aux gens proches de Milano. Plus tu es proche, plus tu es en hauteur. Le bureau est au dernier étage, l'étage de la suite de Milano est juste en dessous, et l'endroit où se trouvait ma suite n'était qu'un étage plus bas.

Est ce que le chien de garde à une suite ici ? Et à quel étage ?

Le bip m'annonçant que je suis arrivée à destination me sort de cette rêverie.

J'avance d'un pas mais je me retrouve vite tétanisée. Il est là. Dos à moi. Et je ne m'attendais pas à être aussi peu effrayée...
Je me suis inventée une peur parce que je le devais. Il n'est pas normal d'arriver ici sans trembler. Et pourtant, j'ai cette impression d'être comme chez moi. C'est peut-être dû aux longues journées passées ici à apprendre tout ce que ce dealeur et mafieux avait à m'apprendre. En tout cas, aussi bizarre que cela puisse paraître, je suis à l'aise.

- Ma petite vagabonde...tu es enfin de retour !

Cette voix froide et bien trop joyeuse. Il n'a pas changé. Cet homme vous glace le sang rien qu'en parlant. Il dégage quelque chose de dangereux et de légèrement...sociopathe.
Mais on est loin du grand mafieux sexy.
Enfin, pas si loin. Il est sexy oui, quand vous ne le connaissez pas.

Bella ScampiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant