Bella Scampia

Chapitre 4

Une chose me ravie : mon placard est plein de vêtements propres et à la pointe de la mode. Ça fait des mois que je m'habille comme la vagabonde de Scampia. Je chope tout ce que je peux lorsque les voisins étendent leurs linges. Ça peut être cool, comme ça peut être un soutif et un short.
Remarque, cette dernière tenue était pratique pour gagner mon argent de poche.

La journée d'hier m'a tellement épuisé que j'ai refusé de me réveiller aujourd'hui malgré le nombre de fois qu'on a tapé à ma porte.

Je suis prisonnière, laissez moi au moins dormir bon sang !

« Bella si tu ne sors pas maintenant tu vas le regretter » m'a annoncé un des clébards de Milano.
Et alors ???

Me plier aux règles du patron aujourd'hui n'est pas dans mon programme.

On dit que la nuit porte conseil mais c'est faux. Je me suis retournée dans tous les sens pour trouver une solution, pour m'enfuir d'ici. Mais comment faire ? Je suis surveillée. Bien plus qu'avant. Et même le soir.
Vers 3h du matin j'ai tenté de descendre dans le hall de la tour. J'ai prétexté avoir besoin d'air quand je suis tombée sur les trois hommes qui tenaient la seule et unique porte d'entrée. Alors un des trois s'est gentiment proposé de m'accompagner.

Il n'y a rien à des kilomètres à la ronde. Même les voitures habituellement garées devant ont disparu. Faut croire qu'il a enfin construit son garage souterrain. Ce monstre pense à tout.
De plus, le hall et les lampadaires autour de la tour sont tous infestés de caméras.

C'est une voie sans issue. Je suis bloquée.

Ce qui est marrant c'est qu'en remontant chez moi, j'ai eu la bonne surprise de croiser une femme sortant de la chambre de mon nouveau voisin.
Alors j'ai tout de suite pensée : « oh c'est donc moi la pute ? » et ça m'a brièvement fait rire.
Je n'ai pas pu m'empêcher de mettre la musique à fond en retournant dans ma chambre. J'ai eu comme une folle envie de danser.
Je savais qu'il était réveillé. Et j'espère qu'il est resté réveillé longtemps.
Personnellement, j'ai la chance d'avoir un casque à réduction de bruit dans ma table de nuit. Et oui, mes affaires sont restées à la même place qu'avant mon départ. Il y a quelques années j'ai demandé ça à Milano car je n'arrivais pas à dormir. Le casque faisait taire le bruit aux alentours. Cette nuit il a fait taire mon propre raffut.

Il est 13h et je commence à avoir une faim de loup. Ça fait une bonne heure que je répète au débile qui frappe à ma porte que je me prépare. Ils vont finir par s'arracher les cheveux. Surtout quand ils vont me voir sortir d'ici avec une brassière et un legging de sport, pas une touche de maquillage et un chignon décoiffé.
En réalité, ma préparation m'a pris 20 minutes à tout cassé. Mais bon, il faut croire que j'ai la flemme de travailler aujourd'hui...

Toc toc toc

Mais l'heure est venue.
Ça fait combien de fois qu'il vient toquer depuis ce matin ?

- Mais vous n'avez pas autres choses à faire à la fin !?

Je suis exaspérée.
J'ouvre la porte prête à croiser un des toutou du boss. Mais j'ai la bonne surprise de trouver le grand toutou du boss, AKA Bacci.
Les cernes sous ses yeux et ses cheveux en bataille me font rire.

Mais je n'ai pas le temps de rire longtemps puisqu'il plaque sa main sur mon cou sauvagement et avance dans ma chambre. Il ne prend même pas la peine de fermer la porte derrière lui. Oui, c'est ce qui me choque le plus. Sait-il que si quelqu'un le voit, il devra rendre des comptes à son petit frère ? Parce que je sais que Milano ne le laisserait pas faire.
Être fou est un truc de famille visiblement.

Dommage pour lui, je suis déjà passé par là.
Il croit faire peur à qui avec ses longs doigts fins sur ma gorge ? Tout ce qui me préoccupe c'est son regard et l'effet de cet acte sur mon corps.
Et oui...j'ai des goûts spéciaux. La main sur le cou me fait fondre.