Chapitre 2

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La douleur s'estompe avec le temps. En revanche, ma peur, elle, refuse de disparaître. Depuis combien de temps je suis dans cette voiture en direction de ma mort ? Combien de kilomètres me séparent de mon bourreau alias Milano Venicci ?

Je crois que j'ai eu un moment de blanc quand le traitre qui m'a mis à terre m'a dit comment il s'appelait. Je me souviens vaguement des deux autres bouffons qui sont venus soulever mon corps, mais je ne sais absolument pas comment j'ai pu atterrir dans cette voiture.
Les vitres sont teintées, personne ne peut m'aider, si je hurle je risquerai certainement de m'en prendre une. J'essaie du mieux que je peux de garder mon calme.

- C'est drôle, tu n'as pas l'air d'avoir peur, me lance tranquillement ce traitre du nom de Bacci.

J'ai envie de lui faire un doigt d'honneur mais ces hommes ont attaché mes mains derrière mon dos comme si je n'étais qu'un simple gibier.

- A force d'avoir peur, on apprend à le cacher, je réponds d'une voix neutre.

- N'importe qui d'autre aurait clamé ne pas avoir peur. Je suis très étonné. Peut-être qu'il a bien fait de te choisir...

De me choisir ?
Ma question reste en suspend dans ma tête. Il ne semble pas disposer à m'en dire plus. Il s'installe plus confortablement et regarde la fenêtre pour me montrer que notre conversation s'arrête là.

Puisque je suis persuadée que je n'en saurai pas plus, je passe le reste du trajet à analyser les trois personnages qui m'entourent. Un seul coup d'œil me suffit à conclure que sur l'échelle sociale, Bacci est bien mieux placé que les deux autres rigolos en baggy. Sa tenue, sa posture et même sa façon de parler me montrent que j'ai raison. Il dégage une certaine confiance en lui déstabilisante. Ça m'inquiète de le dire mais la seule autre personne qui me fasse ressentir ça, c'est Milano.

Non Bella, ne compare pas l'incomparable, personne n'est pire que Milano.

La sonnerie d'un téléphone me sort de ma rêverie. Baji sort l'objet de sa poche et décroche avec une grimace.

- Ciao, come stai ? (Allô comment ça va ?)

Je n'entends pas la voix de la personne au bout du file. Je ne peux même pas savoir si c'est un homme ou une femme. C'est frustrant.
Tout ce que je sais c'est qu'il n'était pas très heureux de prendre cet appel. Mais puisqu'il l'a fait, je suppose qu'il y est obligé. Peut-être est-ce Milano ? Ou bien son ex femme qui attend l'argent du mois ?
Bah quoi ? Être attachée sans aucune liberté ça laisse place à l'imagination !

- Ti ho già detto che accetto. Ora lasciatemi in pace. (Je t'ai déjà dit que j'acceptais. Maintenant laisse moi tranquille.)

Et voilà qu'il raccroche déjà.
Je songe sincèrement à lui poser la question mais nos regards se croisent à ce moment même. J'oublie alors quelle langue je parle. Est-ce que je suis encore capable d'articuler ou de prononcer ne serait-ce qu'un son ? Il me donne la frousse !

- Prend ton mal en patience. Tu auras bientôt toutes tes réponses, lance t-il comme s'il lisait le désespoir dans mon regard.

C'est fou, on dirait qu'il cherche à me rassurer.
Comme si j'avais besoin qu'un horrible traître se mette à jouer le gentil !

- J'espère que ça valait le coup. En ce qui me concerne, tu viens de me condamner à la peine de mort. Tu as agis comme un traitre.

Et dire que je le prenais pour un voisin banal. Et me voila attachée ! Ça m'apprendra à croire que le monde est tout beau tout rose...
Je me demande vraiment ce qu'il va en tirer ? Qu'est ce que lui a promis Milano pour avoir ma tête ?

Bella ScampiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant