- 3 -

129 14 11
                                    


Fixant les derniers rayons de soleil, Gojo était plongé dans ses pensées. Les premiers symptômes qui étaient apparus le hantaient. Qu'allait-il faire quand Suguru disparaîtrait ? Comment Suguru réagira quand il saura que ses jours sont comptés ? Il était perdu et ne voulait plus avoir affaire à tant de responsabilités ...

Il revint sur Terre lorsqu'il entendit, au loin, la porte de la cabine se refermer derrière Suguru. Gojo se retourna et regarda Suguru s'approcher de lui. Plus Suguru s'approchait, plus il vacillait dangereusement. Gojo décida de sortir de l'eau afin de le rejoindre. Tout à coup, Suguru s'écroule au sol. Gojo, terrifié, se mit à courir. Pourquoi si tôt ? Pourquoi maintenant ?

- Suguru ! Ça va ? Tu t'es fais mal ? demanda Gojo en relevant son ami.
- Ça va, ça va, t'inquiète, répondit Suguru. Je vais bien.

Gojo prit Suguru par les épaules et le rapprocha pour le serrer dans ses bras. La peur s'était emparée de Gojo, son seul désir jusqu'à maintenant était de ne jamais avoir pris ce dossier.

- Fais attention, s'il te plaît, chuchota-t-il près de l'oreille de Suguru, tandis qu'il le serrait encore plus fort.
- T'inquiète mec, tout va bien, je vais pas mourir ahah, ricana Gojo.

[ Ne pleure pas, ne pleure pas, ne pleure pas ... ]

Gojo repoussa légèrement Suguru et ils rentrèrent à leur appartement, allèrent se coucher et s'endormirent comme des bébés.

02:37.

Les yeux de Gojo s'ouvrent lentement.

[ Si tôt ? Pourtant j'ai encore sommeil ... ]

Gojo prit la bouteille d'eau qu'il y avait sur sa petite commode et, en l'ouvrant, il constata que Suguru n'était plus dans son lit. Il déposa alors la bouteille sur sa commode et vit que la porte-fenêtre, située entre son lit et le lit de Suguru, était légèrement entre ouverte, laissant circuler un souffle de vent aussi léger qu'une plume caresser la peau fragile de Gojo.
Il ouvra alors la porte-fenêtre et y trouva Suguru, une cigarette à la main, les cheveux détachés.

- Tu dors pas ? demanda Gojo.
- Je suis pas très fatigué, répondit Suguru en faisant tomber les cendres de sa cigarette dans le vide. Il y a bien longtemps que j'avais pas touché à ces saloperies.

Gojo s'approcha et enleva des mains de Suguru la petite cigarette.

- Tu avais dis que tu arrêtais, réprimanda Gojo.
- J'avais arrêté, mais j'avais simplement envie.

Gojo s'accouda au balcon, comme Suguru, laissant le vent balayer les petits cheveux devant ses yeux.

- Tu sais que tu peux tout me dire, dit Suguru, toujours en fixant au loin un point invisible.
- Oui, évidement, ricana Gojo. Pourquoi ?
- Je sais pas, en ce moment t'es bizarre, dès que je fais quelque chose d'anormal, on dirait que t'as vu un fantôme, t'es constamment inquiet pour moi et tu me poses toujours mille questions, expliqua Suguru. Y'a quelque chose que tu veux me dire ?
- Non, t'es mon ami, c'est pour ça que je fais ça ahah, répondit Gojo, d'un air moqueur.

Ils ricanèrent ensemble, sous la lumière de la pleine lune.

- Tu sais Gojo, j'avais réfléchi à un truc, et en vrai, ça pourrait grave marcher, dit Suguru.
- Mmh ?
- Quand t'étais à l'hôpital pour aller chercher mes résultats, moi et Yuki étions arrivés en avance, alors on a tout préparé, mais même comme ça on est resté encore 10min tous les deux. Franchement tout se passait bien, on se prenait la main de temps en temps, c'est comme si on était ensemble, mais pas officiellement, tu vois ? Aucun de nous deux n'avaient demandé à l'autre de sortir avec lui/elle, et pourtant, c'est comme si c'était déjà fait.

Gojo voyait Suguru sourire malgré lui. C'était hypnotisant, la lueur de ses yeux étincelait face à l'intense lumière de la pleine lune, et les légers courants d'air qui ramenaient ses longs cheveux noirs et soyeux en arrière, tandis qu'il racontait ses péripéties avec sa bien-aimée.

- Je m'imagine déjà vivre avec elle, dans peut être 2 ou 3 ans, dans un appart, bien installés, menant une vie paisible et sans histoires. Quand je la demanderais en mariage, tu seras mon garçon d'honneur.

Suguru avait cette capacité de projeter le futur avec ceux qu'il aimait le plus, parfois même plus que sa propre vie. Gojo aimait énormément entendre Suguru parler du futur, comme si il était certain de tout, comme si tout se passerait comme prévu. Cette euphorie dans laquelle il entre lorsqu'il parle du futur est une sensation agréable pour Gojo, car il sait que lorsqu'il est euphorique, c'est qu'il est heureux, et pour Gojo, le bonheur de Suguru représente tout.

- J'aurais aimé être là, répondit Gojo lorsque Suguru eut fini de parler.
- Bah, évidement que tu seras là, je prédis pas l'avenir, mais à mon mariage, de n'importe quelle façon, tu y seras ! s'écrie Suguru en passant son bras autour de la nuque de Gojo.

Ils retournèrent à l'intérieur et prirent soin de fermer la porte-fenêtre. Tous deux souriaient comme des enfants qui venaient d'avoir une surprise.

Alors que Gojo boit son eau tranquillement, Suguru se passe une dernière fois sa brosse à cheveux afin de démêler les derniers noeuds causés par le vent. Il la déposa sur sa commode et s'endormît aussitôt, suivi de Gojo.

La joie de vivre de Suguru était sûrement le sérum qui faisait vivre Gojo.

À suivre ...

In Another LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant