Bas les masques, Cendrillon !

109 20 13
                                    

Je m'en viens par ici narrer
L'histoire qui eut pour théâtre
Un château de contes de fées,
Deux jeunes filles et une marâtre.

L'ami Perrault, en l'écrivant,
Ayant vidé quelques bouteilles,
Usa de mots sans précédent :
"Cendrillon", un prénom pareil ?

Dames lectrices, sieurs lecteurs
Permettez que dès à présent
Je rectifie cette erreur,
Car "Cendrillon" s'appelait Jean !

Jean Crass naquit, Dieu soit loué,
Sous les fleurs roses du matin,
Sa mère n'osa avouer
Que son vrai père était chrétien...

Pour garder l'affaire secrète,
Ne pouvant s'occuper de Jean
Elle le confia à sa cadette
Qui l'aima comme son enfant.

Ainsi Jean, une fois qu'il eût l'âge
De jouer des pieds et des mains
Fut donc assigné au curage
Du château, ce qui n'est pas rien !

Il récura chaque fenêtre,
Faisant briller tous les carreaux,
Au ménage, il n'était pas piètre
On lui offrit donc un boulot.

Reconnaissant sa qualité,
Sa passion comme sa sagesse,
Au palais il fut convoqué
Par sa Majestueuse Altesse

Il devint apprenti verrier
Une fois qu'il lui eût tout appris
Son maître, vieux et fatigué
Lui légua tout son établi.

Dans le pays, du sud au nord
Le nom de Jean Crass fut connu
On lui commandait des trésors
Et le pari était tenu.

"Vitraux ! Vases ! Demandez donc
Jean Crass le fait et il assure,
Et à la première fissure,
On offre la réparation !"

Jean devint vite plein aux as
L'affaire roulait, c'était parfait
Ses créations étaient tenaces
Tout du moins on le croyait, mais...

Ce n'est que trop tard qu'on comprit
Que ses chefs-d'œuvre inestimables
Livrés au soleil de midi
Chauffaient et redevenaient sable.

L'escroc dut payer pour ses crimes
Et partit aux mines de charbon
Perrault, ainsi, trouva la rime
En le surnommant Cendrillon !


Fin

La vérité sur CendrillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant