Chapitre 10

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La sonnerie de mon réveil, que j'appréciai tout de même un minimum habituellement, m'avait semblée la pire torture qui soit ce matin. Je n'avais envie de rien d'autre que rester couchée sous ma grosse couette et ne jamais plus en bouger. Il fallait croire que les chiffres qui défilaient sur mon réveil étaient aussi puissants qu'un coup de pied aux fesses.

Après avoir bien passé un quart d'heure sans rien faire, je m'étais empressée de rejoindre la salle de bain pour une douche express et m'habiller le plus vite possible afin d'éviter d'être en retard. Malgré tout j'étais toujours d'aussi mauvaise humeur que la veille au soir et l'eau chaude ruisselant sur mon corps ne suffisait à me dérider.

Une fois toute propre, je descendis avec mon sac, attrapai des biscuits à grignoter dans le bus et pris la direction du lycée. Pour ne rien arranger à mon humeur de chien, il tombait des cordes. Il pleuvait si fort que j'avais peur de devoir mettre mes affaires à sécher en arrivant en cours. Tout allait finir trempé...

Bien évidemment, je n'avais ni parapluie, ni capuche. Ç'aurait été trop beau ! J'étais donc condamnée à passer les prochaines minutes sous l'identité d'un panda à la tignasse emmêlée. Formidable.

Heureusement, l'autobus arriva très rapidement, comme si lui aussi fuyait la pluie, et je pus m'abriter à l'intérieur. Mes éternels écouteurs noirs enfoncés dans les oreilles, j'attendais sans trop d'impatience que vienne mon arrêt. Celui-ci arriva d'ailleurs bien trop tôt à mon goût, et je me repris de la pluie jusqu'à ce qu'enfin je ne rejoigne mon bâtiment.

En ce jeudi matin j'avais deux heures de maths et une heure d'SES avant de pouvoir aller manger, autant dire que ce programme s'annonçait assez barbant.

Une fois dans mon établissement, je pris soin d'éviter mes deux seuls amis. Je pouvais bien prendre la peine de leur épargner ma mauvaise humeur, surtout que, me connaissant, je risquais de leur reprocher des choses qui n'avaient pas lieu d'être.

Lorsque j'étais dans cet état d'esprit, bloquée sur la source de mon incommodité, je m'enfermais dans un mutisme absolu. Je n'adressais plus un mot à qui que ce soit jusqu'à ce que je trouve le moyen de me calmer de moi-même.

Habituellement je me chantais quelques chansons mentalement mais cette fois-ci ça ne fonctionnait pas. La vraie musique non plus, j'avais essayé dans le bus mais elle m'agaçait plus qu'autre chose.

J'étais à fleur de peau. L'ignorance que m'avait portée ma mère me restait en travers de la gorge, j'avais beaucoup de mal à passer outre. Sans doute que ça irait mieux lorsque nous nous serions expliquées ce soir. D'ici là, je risquais de me montrer vraiment exécrable au point de m'agacer moi-même.

Je haïssais profondément ces moments de dualité. D'une part j'étais incapable de calmer la colère qui me rongeait mais, d'autre part, c'était mon plus grand souhait, ne voulant pas rester dans le brouillard obscur qu'était mon esprit. Je me sentais pourrir de l'intérieur et je pouvais affirmer sans nulle hésitation que c'était le pire sentiment qui soit.

Je fis un saut aux toilettes des filles, afin d'y rester le temps que les cours ne commencent - et accessoirement de réarranger un peu mon maquillage. C'était bien beau de se la jouer petit panda d'Asie mais actuellement je préférais une mine plus naturelle. C'était d'ailleurs bien la seule heure où cet endroit était vide, sans une fille pour se remaquiller, une autre pour lui raconter les derniers potins ou une dernière pour pleurer en paix dans une cabine. J'y étais seule.

Certes, les cabines aux parois bleu ciel n'étaient pas les plus belles du monde, encore moins avec toutes les inscriptions qui se trouvaient dessus et me donnaient envie de vomir des petits cœurs, mais le silence y régnait.

TSUNADE - L'histoire D'une VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant