Double Jeu [Levi Ackerman X OC]

Chapitre 35.

Le chemin du retour avait été bien moins agréable que l'aller. La pluie tombait si fort qu'en quelques secondes, les deux soldats s'étaient retrouvés trempés. Leurs vêtements collaient à leurs peaux, rendant leur avancée d'autant plus difficile qu'ils n'y voyaient strictement rien. De plus, le vent soufflait méchamment sur toute la plaine, et rendait l'atmosphère assez terrifiante. Naho et Levi étaient bien vite revenus de leur univers parallèle dans lequel ils s'étaient égarés, à peine quelques instants plus tôt.

La monture du Caporal était robuste et résistante, malgré les conditions météorologiques plus que défavorables à une traversée de la plaine à cheval. De grands éclairs fendaient le ciel au fur et à mesure qu'ils progressaient, au triple galop. Naho était assise derrière Levi, et s'accrochait à lui pour éviter de tomber à la renverse. Ses mains enserraient fermement le tronc du jeune homme, si fort qu'elle sentait ses abdominaux se contracter au moindre des mouvements que la vitesse du cheval le forçait à opérer.

À cet instant, ni l'un, ni l'autre ne réfléchissait à la position dans laquelle ils se trouvaient, ni même à tout ce qu'ils venaient de vivre. C'était un moment qui ne leur ressemblait pas. Ou alors leur ressemblait-il tellement qu'ils ne se rendaient même pas compte qu'il s'agissait de l'essence même de ce qu'ils étaient. L'image qu'ils donnaient d'eux-mêmes, la position hiérarchique pour l'un, les intérêts personnels pour l'autre, tout ceci voilait leur âme.

Pour la première fois, elle comme lui s'étaient montrés à l'autre tels qu'ils étaient réellement, et ce sans forcément s'en rendre compte. Naho semblait apprécier cette facette-là de Levi, bien plus que celle qu'il s'évertuait à endosser devant d'autres. Comme pour se persuader que ce qu'ils vivaient était bien réel, la brune resserra sa prise contre l'abdomen du Caporal, et posa un peu comme elle le pouvait sa tête contre le dos du soldat en fermant les yeux.

Un peu plus tard, les portes du QG se profilèrent dans leur champ de vision. Ils galopèrent jusqu'aux écuries pour y laisser leur monture, et se précipitèrent aussi vite qu'ils le pouvaient au sein des murs de la grande bâtisse, le tout sous la pluie battante. Ils ne purent souffler qu'au moment où la lourde porte se referma derrière eux. Naho n'avait absolument aucune idée de l'heure qu'il était, au même titre que Levi d'ailleurs, qui s'occupait déjà d'essorer ses vêtements et ses cheveux.

Dans son entreprise entre deux essorages, il jetait des regards discrets vers la jeune femme. Cette-dernière paraissait frigorifiée. Son corps tout entier était soumis à de violents tremblements qui ne cessaient pas. Levi s'inquiéta, d'autant plus que Naho était encore fraîchement remise de ses blessures, et que sa plaie, même cicatrisée, restait fragile. Il craignait qu'elle n'attrape un rhume, et que cela n'aggrave le tout.

Il la regardait chasser l'eau de ses longs cheveux, sans rien dire. Néanmoins, il se surprit à faire dévier son regard vers son cou, puis son buste. Il remarqua avec stupeur que le haut de Naho, imbibé d'eau de pluie, était blanc à l'origine, et donc complètement transparent. Ainsi, on y distinguait sans peine les tissus qui se trouvaient en dessous, blancs eux-aussi. Cette configuration lui laissa deviner sans peine le soutien-gorge de la jeune femme, une belle dentelle confectionnée avec finesse. Le rouge lui monta aux joues presque instantanément.

Il ne se souvenait pas avoir un jour été gêné par ce genre de situations. Pourtant, comme il n'agissait jamais comme il en avait l'habitude avec cette gamine, forcément tout était différent. Il ne se comprenait pas lui-même. Peut être parce que justement c'était une gamine, par rapport à lui, et qu'elle était bien différente de toutes celles qu'il côtoyait à longueur de temps. Il chassa bien vite ces pensées qu'il jugeait déplacées - et il avait raison.

« Va te changer. Je vais nous préparer quelque chose de chaud. » déclara-t-il, pour se donner une contenance.

« Tu sais quelle heure il est ? Sara est sûrement entrain de dormir, et j'ai peur de la réveiller. »