Songes (1)

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Je ne sais pas trop quoi écrire, ce sont des sentiments.

J'aimerai en faire une histoire, un One Shot, mais je n'ai pas l'inspiration. C'est courant en ce moment, d'avoir des mots, des scènes qui m'apparaissent. La fluidité d'un mouvement, la douceur d'un sourire ou le chant d'une voix. Ils me viennent, m'obnubilent alors à cet instant je n'ai qu'une envie, c'est de les écrire, de les coucher sur le papier pour être sûre de ne jamais les perdre, de sublimer ces petites choses que je ne vois que dans ma tête. Pourquoi n'y arrive-je donc pas ? Est-ce égoïste de ma part, de garder ces mots pour moi seule ? Quand j'arrive sur le papier, sur mon clavier alors plus rien n'a de sens. Je ne sais ni par où commencer, ni quoi raconter. Ces personnages que j'aime tant, terrorisée de les bâcler, ou pire, de les abandonner en cours de route.

Parfois, je suis assise, peu importe l'endroit, et alors je deviens spectatrice de mon propre chez moi. Tout autour, les gens se meuvent, rient, parlent ou même crient, et, silencieuse, omnisciente, je les observe vivre leur vie. Cette vie que les auteurices peinent à écrire malgré cette imagination débordante qui ne les quitte que rarement. Chercher un style, travailler sa manière de décrire, est-ce nécessaire si nos yeux, eux-mêmes trouvent la magie dans l'ombre d'un sourire ? Les humains provoquent dans ma tête et mes tripes une fascination qui souvent est synonyme de dégoût. Iels m'épatent, me questionnent, et je les aime autant qu'iels me répugnent. Créer un humain qui alors n'existe pas, ne devient-il pas hypocrite de notre part ? Car comment pouvons nous, nous permettre de singer cette beauté dévastatrice qui de sa banalité nous sort de l'ordinaire.

Pourquoi écrire ?

J'y ai lu tant d'explications, de mélodies, de poèmes et de pro-vers-bes.

Elles me paraissent toutes d'une hypocrisie sans bornes ? Ou suis-je moi-même dans le tort ?

Avec quelle audace peut-on analyser la forme technique et industrielle d'un ouvrage quand on y décrivait la vie de ces êtres dont on est le parent ? Réduire leur existence à l'unique mérite de notre besoin d'assouvir ces paroles que l'on n'a su dire.

Et j'écris et j'écris, ces phrases compliquées qui n'ont plus grand sens, et je joue avec la sonorité des mots comme si j'en avais l'aisance.

Les romances, les tragédies et même l'action, ces échappatoires dans lesquels on s'inscrit, pour ne pas avoir à faire aux nôtres.

Ce soir, on m'a demandé pourquoi je ne riais pas avec les autres, avec les miens.

J'étais trop occupée à les regarder vivre, que j'en ai oublié ma propre existence. Les détails de la pièce qui m'entourait, l'écorchure sur l'angle d'un poignet où la malice de leurs regards tendres et moqueurs. Ça fourmillait de partout, je me devais de tout mémoriser, parfaitement, des gens, de l'environnement, et des sentiments qu'ils procuraient dans à cet instant précis.

Alors voilà, je suis montée à l'étage, accoudée au rebord de la fenêtre, ma cigarette longue, si longue, entre mes doigts, à lutter contre le sommeil pour pouvoir raconter à l'idéal ce que mes yeux avaient vu, ce que ma mémoire avait retenu. Cela fait une vingtaine de minutes que je suis devant mon ordinateur, que dix milles idées, idées que mon esprit lui, a pourtant du mal à décrire à mes doigts. 

SongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant