Dans la salle de réunion privée de son château, MacGil était assis sur un trôneen bois simplement sculpté et regardait ses quatre enfants debout devant lui. Il yavait son aîné, Kendrick, vingt-cinq ans, un bon guerrier et un vrai gentilhomme.Ironie du sort, bien qu'enfant illégitime, c'était celui qui lui ressemblait le plus.Il l'avait eu avec une femme qu'il avait oubliée depuis longtemps mais MacGilavait élevé Kendrick comme les autres. À une seule condition exigée par lareine : qu'il n'accède jamais au trône. Cela peinait le roi à présent, car Kendrickétait l'être le plus intègre qui soit, un fils qu'il était fier d'avoir engendré, et quiaurait fait un excellent héritier.
À côté de lui, dans un contraste flagrant, se tenait son deuxième fils. Gareth,vingt-trois ans, était mince, il avait les joues creuses et de grands yeux marronsans cesse en mouvement. Sa nature était à l'opposé de celle de son frère aîné :celui-ci était franc, Gareth, lui, dissimulait ses vraies pensées ; son frère était fieret noble, Gareth, lui, était malhonnête et fourbe. MacGil était peiné de ne pasaimer son propre fils mais il avait fini par comprendre que c'était peine perdue :il était intrigant, arriviste et avide de pouvoir. Son père savait aussi que Garethn'aimait pas les femmes, et collectionnait les amants. D'autres rois auraient reniéleur fils pour cela, mais MacGil ne le jugeait pas sur ce point. C'était sur sanature malfaisante qu'il ne pouvait fermer les yeux.
À côté de Gareth se tenait son troisième enfant, sa fille Gwendolyn. Ellevenait d'avoir seize ans et était la plus belle fille qu'il avait jamais vue. Soncaractère surpassait sa beauté : elle était gentille, généreuse, honnête. Une jeunefille intègre. En cela elle ressemblait à son demi-frère. Elle regardait le roi avecdes yeux remplis d'amour et, dans son regard, il avait toujours vu sa loyauté. Ilétait encore plus fier d'elle que de ses fils.
Près d'elle se tenait son cadet, Reece, fier et plein d'entrain et qui, à quatorzeans, devenait tout juste un homme. MacGil avait éprouvé beaucoup de plaisir àle voir admis au sein de la Légion et imaginait déjà l'adulte qu'il allait devenir.Un jour, il n'avait aucun doute là-dessus, il deviendrait un grand souverain. Maisce jour n'était pas encore venu. Il était trop jeune et avait beaucoup à apprendre.
MacGil, partagé entre fierté et déception, étudiait ses trois fils et sa fille. Ilressentait également une pointe d'agacement, car deux éléments de saprogéniture manquaient à l'appel. L'aînée, Luanda, était bien évidemment entrain de se préparer pour son mariage et, puisqu'elle partait pour un autreroyaume, elle n'avait aucun besoin d'assister à cette réunion. Son autre fils,Godfrey, le troisième de ses enfants légitimes, était lui aussi absent. MacGils'empourpra devant cet affront.
Depuis son enfance, Godfrey avait toujours tant manqué de respect à laroyauté qu'il était clair qu'elle n'avait aucun intérêt à ses yeux, et qu'il nerégnerait jamais. À dix-huit ans, il était déjà la plus grande déception de sonpère. Le souverain avait envoyé ses hommes de bonne heure ratisser les tavernespour qu'ils le lui ramènent. Assis sur son trône, il l'attendait maintenant ensilence.
La lourde porte en chêne finit par s'ouvrir violemment : deux membres de lagarde royale entrèrent, traînant Godfrey mal rasé et à peine vêtu entre eux. Iltitubait et empestait la bière. Son sourire était insolent comme toujours.
– Bonjour, père. Ai-je raté quelque chose ?
– Tiens-toi aux côtés de tes frères et sœur et attends que je m'adresse à toi. Situ ne le fais pas, que Dieu m'en soit témoin, je t'enchaînerai au cachot avec lecommun des prisonniers. Tu n'auras pas à manger, et encore moins à boire,pendant trois jours entiers.
Godfrey lança un regard furieux à son père. Dans ses yeux, le roi détectait au-delà de la colère une grande volonté, quelque chose qui lui était familier, peut-être une étincelle qui, un jour, pourrait lui être utile. Enfin, si le malheureuxparvenait à triompher de ses démons.
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Anneau du Sorcier {Tome 1} La quête des héros
AventuraThor, un jeune berger de quatorze ans, rêve depuis toujours de s'enrôler dans la Légion. Mais on le juge trop chétif, trop jeune. Pourtant, sa rencontre fortuite avec Argon, le grand sorcier du Roi, scelle son destin : celui-ci lui prédit un avenir...