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- Chérie, tu oublies pas surtout de m'appeler si y a quoi que ça soit ! recommence mon père pour la dix-huit millième fois.

- Oui, papa, oui ! je répond encore et encore inlassablement depuis ce matin. 

- Mais tu sais, peut être qu'ils seront horribles avec toi, tu n'en sais rien ! Surtout, oublies pas de m'appeler !

Dix-huit millième et une fois.

- Bon, papa, tu sais que je vais juste à Zurich là ? que je vais peut être simplement rentrer chez moi ce soir ou demain matin si ils aiment pas ma façon de chanter, hein !

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Comment ils pourraient ne pas aimer ? Ca serait...

Je déconnecte. Il dit n'importe quoi depuis son réveil ce matin ; il est encore plus stressé que moi, alors il arrête pas de dire des trucs complétement à côté de la plaque et de se contredire tout seul. J'aurais trouvé ça touchant si je n'avais pas moi aussi était autant sur les nerfs. 

-.. D'accord Lo ?

- Hmm ? Oui oui, t'inquiète pas ! Je ferais attention et je t'appelerais !

Regard blasé de sa part. Oups, il devait pas parler de ça...

- Je disais juste que tu devras donner le meilleur de toi même, mais que j'étais sûr que tu t'en sortirais !

- Papa.. Je t'aime. 

Et sans ajouter un mot de plus, je fond dans ses bras, laisse couler quelques larmes, et m'abandonne dans son étreinte protectrice et chaleureuse, comme quand j'étais une petite fille fragile. je sens ses grades mains parcourir mon dos à travers mon manteau pour me réchauffer. C'est vrai qu'il fait froid sur le quai de la gard un dimanche matin à 8h00.

Mon train est annoncé dans les hauts parleur de la gare. Départ à 8h07 sur le quai 2, secteur C. 

Je relâche mon père, lui colle un dernier bisous sur la joue en me haussant sur la point des pieds et m'en vais sans rajouter un mot. Je traverse la gare comme un fantôme, je n'ai pas de substance, le rest du monde n'existe pas. Il n y a que Lo, son sac en cuir militaire, et son train qui l'attend. Je ne bouscule personne,eprsonne ne me bouscule.

Si ce train arrive vraiment à destination, j'arriverais à accomplir au moins un rêve.

Toujours comme une ombre, sans réaliser ce que je fais, totalement absente de mon propre corps, inconsciente des gestes que je fais machinalement, à savoir monter dans mon train, trouver ma place et mettre mon sac dans le filet à bagage situé au dessus de moi.

Je ne commence à réaliser que quand je branche mes écouteurs à mon iPhone et que je vois l'heure s'afficher. Il est 8h09. A cet instant seulement, je me rend compte que le train a commencé a bouger, je prend enfin conscience que je m'éloigne de plus en plus de ma ville, transportée par le rythme régulier de mon train.

Les chansons défilent dans ma tête, me donnant tour à tour envie de pleurer, de rire, de chanter à voix haute et pas seulement dans ma tête. Et avec les chansons, ce sont les minutes qui passent, paisiblement. je ne m'ennuie jamais dans le train, et encore moins quand j'ai de la musique. J'ai la chance d'aimer à peu près tous les styles. Je passe facilement des Beatles à Berlioz, pour plus tard revenir à Rihanna ou Jacques Brel. Pour moi, du moment qu'une chanson a une histoire, elle est belle de toute façon. Mais les chansons qui rythmes vraiment le voyage selon moi sont les chansons de Tokio Hotel. C'est incroyable de voir comment chacune de leurs chansons me transporte, plus que beaucoup d'autres artistes.

Je me reconnais dans beaucoup d'entre elles.

"Prochain arrêt Zürich, arrêt à 10h20"

Our song [T.H]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant