Trahison

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"Avance, poupée ! Au bout de la planche ! »

« Allez ! Allez ! »

« Qu'est-ce que t'attends ?! »

Les cris n'en finissaient pas. Ils ne faisaient que s'élever un peu plus à chaque fois, me faisant trembler de colère.
Il fallait trouver une échappatoire, et vite... mais c'était peine perdue. Ici, au large d'une minuscule ile déserte perdue au milieu de l'océan, il y avait peu de chances que qui que ce soit nous vienne en aide.

Les pirates étaient déchaînés.
La plupart avaient leur arme sortie, et s'en servaient pour menacer Elizabeth, qui tenait péniblement debout sur une planche branlante au-dessus de la mer. Son regard balayant rapidement les alentours me fit penser qu'elle aussi cherchait une solution, mais sans plus de succès. Et moi qui était incapable de l'aider...

Je me forçais à rester tranquille, essayant autant que possible de retenir ma frustration. Nous avions été trahis !
C'était évident que quelque chose clochait dans l'accord de Barbossa ; cet homme était beaucoup trop sur de lui. Mais je n'avais pas prévu que cela parte aussi loin...

"Vous m'avez menti, sale pirate !" s'énerva Will, fou de rage. "Vous aviez promis de la libérer !"

"Comment oses-tu offenser mon honneur, petit ?" s'offusqua Barbossa avec ironie. "J'ai accepté de la libérer, mais toi tu as oublié de spécifier comment, où et quand."

"Sale enflure..." marmonnai-je entre mes dents, suffisamment bas ne pas être entendue.

Si Elizabeth n'avait pas été entre ses griffes, je ne me serais pas gênée pour lui crier mes quatre vérités. Et lui envoyer un coup ou deux par la même occasion...
Mais je savais que Barbossa était capable du pire, et lui manquer de respect alors qu'il détenait tout pouvoir sur la vie de mon amie serait la décision la plus stupide qui soit. Alors, et pour le bien de tous mes compagnons, je fis un effort pour me taire.

"Pourtant, quel dommage de se débarrasser d'une pareille merveille, pas vrai les enfants ?" fanfaronna le capitaine maudit. "Alors je vais récupérer cette robe avant que vous ne nous quittiez."

Comment pouvait-il prendre autant de plaisir à humilier quelqu'un ?!
Réduite à l'impuissance par les hommes qui me tenaient, je ne pus que regarder Elizabeth se déshabiller à la vue de tous, ne conservant qu'une tenue légère.

"Aussi sombre que votre cœur !" cracha-t-elle au pirate tout en lui revoyant sa robe.

Un court instant, je pensai à autre chose qu'à ma colère. Un court instant, mon regard brûlant pétilla d'admiration.
Même prisonnière, humiliée, et au bord de la noyade, Elizabeth ne se laissait pas aller à la peur et au désespoir. Elle se tenait fièrement, la voix assurée et la tête haute, promenant sur ses agresseurs un regard brulant de confiance et de courage. Si les habitants de Port-Royal étaient là, aucun d'entre eux n'auraient reconnu la fille du Gouverneur.

Malheureusement, cette scène ne dura qu'un instant...

"C'est trop long !" brailla un des matelots, qui ne supportait visiblement pas qu'on lui tienne tête.

Et d'un coup de pied, il déséquilibra la planche, précipitant mon amie dans l'eau.

"Non !" hurlai-je, avant que mon cri ne soit étouffé par une énorme main se plaquant sur ma bouche.

J'essayais de me débattre et de me libérer, donnant des coups de toutes mes forces, mais rien à faire ; les hommes qui me retenaient étaient bien trop forts. Et avec les pirates qui braillaient de leur rire cynique a la moindre occasion, je n'avais pas pu entendre si Elizabeth était remontée ou non à la surface. Un poids m'emprisonna alors le cœur ; je n'avais pas d'autres choix que de lui faire confiance à présent...

Et si William Turner avait une soeur ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant