Et si William Turner avait une soeur ?

Prologue

Le brouillard. Le silence pesant. Le calme plat. C'est dans cette atmosphère qu'évoluait le navire revenant d'Angleterre.
Port-Royal ne semblait pas se rapprocher, tandis que l'équipage, tendu par cet environnement inhospitalité, n'osait prononcer la moindre parole.

A bord de ce navire, la petite Elizabeth Swann, accoudée au bastingage, s'ennuyait de pied ferme. Étant la seule enfant à bord, elle n'avait personne avec qui jouer, et l'exploration du bateau n'avait plus aucun intérêt : la jeune noble le connaissait déjà dans les moindres recoins.
Elle laissait donc ses pensées dériver vers les fragiles vaguelettes qui venaient se heurter à la coque.

Elle rêvait de pirates.

Bien que tout les membres de son entourage lui aient maintes et maintes fois répété que les pirates étaient des êtres méprisables, elle n'avait jamais pu s'empêcher de les admirer, eux, leur pavillon noir, et leur liberté...

Se perdant dans ses rêveries, elle se mit a fredonner face au silence de mort une rengaine de forbans qu'elle avait lu dans l'un des nombreux récits d'aventures dont elle était friante. Elle s'imagina un instant sur l'un de ses vaisseaux, un équipage chantant a plein poumons avec elle, partant vers une quête fabuleuse aux confins du monde connu...

Une main brusque s'abattit sur son épaule :

"Tout doux Mademoiselle ! Ces satanés pirates écument les flots... Vous ne voudriez tout de même pas qu'ils nous tombent dessus !" la réprimanda un des membres de l'équipage, la faisant sursauter.

"Mr. Gibbs, ca ira comme ca !"

La voix calme et autoritaire qui venait de resonner appartenait au lieutenant James Norrington. Elizabeth connaissait bien cet homme. Son père le tenait en très haute estime, lui répétant a longueur de temps a quel point il était un homme admirable, noble, distingué... Non que la jeune fille ne l'appréciait pas, mais elle le trouvait presque ennuyeux, bien trop droit et terre-à-terre pour lui porter la même affection que son père.

Elle écouta a peine la conversation entre les deux hommes, portant sur la superstition ou autre idées ridicules selon elle, se préparant plutôt a tenter une conversation avec le lieutenant :

"Je pense que ce serait merveilleux de rencontrer un vrai pirate."

Un rire amusé lui répondit.

"Vous avez tord Mlle. Swann. Ce sont tous des êtres méprisables et corrompus. Je veux faire en sorte que tout ceux qui naviguent sous pavillon noir, ou portent la marque des pirates reçoivent ce qu'ils méritent : un saut dans le vide suivit d'un arrêt rapide."

La petite eut un sursaut d'horreur face a ses paroles. Heureusement, l'intervention de son pere coupa court a la discussion, lui épargnant les détails.

Elle retourna ensuite a sa contemplation du vaste et désert océan. Mais contrairement a d'habitude, un élément plus qu'inattendu troubla le calme plat des fragiles remous de l'océan.

De loin, cela ne ressemblait qu'a une simple planche de bois. Mais plus elle se rapprochait, plus on distinguait autre chose. Une forme sur ce radeau improvisé. Une forme dont les traits se précisèrent peu a peu...

"Regardez un enfant ! Il y a un enfant sur l'eau ! On dirait qu'il tient quelque chose !" s'exclama la voix pressante de la petite fille.

Tout l'équipage se mit en mouvement, chacun criant des instructions aux autres pour sortir le petit de la. Il fut rapidement remonté a bord et allongé sur le pont. Il respirait ! Il etait vivant ! Mais c'est ce qu'il transportait qui coupa le souffle a la plupart des matelots : un bébé ! Cet enfant tentait désespérément d'en protéger un autre...