Lucia - L'Elémentaliste [Fanfiction One Piece x OC]

XVII - Explications

Sauf qu'en attendant le lendemain, il fallait d'abord passer la nuit et Lucia n'avait aucune idée d'où dormir. Il y avait bien la pièce d'où elle était sortie ce matin-même mais c'était l'équivalent d'un bloc opératoire et le bloc de métal sur lequel elle avait reposé était loin d'être confortable. Sachi lui proposa bien de les rejoindre dans leur dortoir commun mais Bepo s'interposa en décrétant qu'elle ne pourrait pas dormir au milieu d'eux. Après une petite discussion, ils trouvèrent un arrangement. Ils allaient déplacer des draps et des couvertures pour aller rembourrer un peu le fameux brancard de la salle d'opération. Finalement, elle trouva plus simple de s'installer par terre, se munissant également d'un coussin pour être plus à l'aise. Ce n'était pas le confort absolu mais cela ferait l'affaire pour la nuit.

Elle se tourna et se retourna pendant de longues minutes, cherchant le sommeil. Ses paupières étaient lourdes, son corps engourdi mais son esprit ne voulait pas la laisser tranquille. A présent qu'elle était seule avec elle-même, dans le silence de la nuit, tout lui paraissait trop oppressant. Elle se roula en boule dans la couverture, repliant tout son corps sur lui-même, cherchant à prendre le moins de place possible, cherchant à disparaître de ce monde en espérant qu'il finirait par faire de même et la laisser tranquille. Mais rien n'y faisait, les cris continuaient de se répercuter dans son crâne, les images ne parvenaient pas à se décoller de sa rétine. Rapidement, les sanglots remontèrent dans sa gorge, les larmes coulèrent sur ses joues, ses mains se crispèrent sur ses cheveux. Un étau enserra sa poitrine, lui coupant un souffle qu'elle chercha désespérément. La respiration saccadée, la vue trouble, elle se mit à trembler, claquant des dents alors que sa peau se hérissait sous la morsure d'un froid imaginaire. Elle ne put s'empêcher de laisser filtrer une plainte aigue entre ses dents, une plainte qui venait du plus profond de ses entrailles, qui surgissait du fond même de sa douleur. Sentant que son esprit était sur le point de la lâcher, elle se releva maladroitement. Elle tituba, s'accrochant à ce qu'elle pouvait pour rester debout. Un souffle rauque sifflait entre lèvres alors qu'elle cherchait toujours à reprendre sa respiration. Instinctivement, elle parvint à reprendre le même chemin que plus tôt ce jour-ci, et poussa une nouvelle fois la porte qui conduisait au pont du sous-marin.

Lucia s'effondra immédiatement sur le pont en bois une fois à l'air libre. A genoux, prostrée, elle étouffa sa plainte dans la couverture qu'elle avait tirée derrière elle pendant son parcours. Puis elle s'allongea sur le sol, les yeux emplis de larmes, perdus dans le ciel étoilé. Pour la première fois, elle ne put supporter de contempler les étoiles qui semblaient la narguer, lui affichant sans scrupule la lueur de ceux qui lui avaient été arrachés. Elle posa ses bras sur ses yeux, cherchant à étouffer les larmes et la souffrance. Elle pleura de longues minutes, les lèvres crispées étirées en une grimace douloureuses. Son autre main serrait tellement la couverture sur sa poitrine que ses jointures devenaient blanches. Tout son corps continuait de trembler sans qu'elle puisse l'en empêcher. Elle essaya de toutes ses forces de se concentrer sur autre chose, le son des vagues, l'odeur du vent... mais rien n'y faisait, rien n'était assez puissant pour crever la bulle de silence et de gravité qui pesait douloureusement sur son corps et son esprit. Lucia était en prise à la pire des peurs qui la paralysait totalement. Elle se prenait de plein fouet le contrecoup de la mort d'Ace, de la disparition de Luffy dont elle n'avait aucune nouvelle. A cet instant, les blessures physiques importaient peu, celles qui cisaillaient sa mémoire et sa conscience. Il se mit à pleuvoir.

Quand elle se réveilla, elle avait le corps complètement engourdi. Elle essaya de bouger ses membres, qui répondirent douloureusement, fourbus. Elle mit quelques minutes avant de pouvoir se redresser en grimaçant. Puis elle réalisa. Elle n'était plus sur le pont. Elle était allongée dans un lit, sous une couverture fraiche. Elle se frotta les yeux pour essayer de mieux discerner son environnement. Elle était dans une chambre individuelle, les murs décorés par d'immenses bibliothèques remplies de livres épais. Dans un coin, un bureau était couvert de papiers et de croquis, de crayonnés et de notes. C'était simplement meublé, propre, sobre. Une odeur de café emplissait légèrement l'air. Elle vit des étoiles danser devant ses yeux quand elle tenta de se lever, balançant ses jambes en dehors du lit. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait ici mais elle savait qu'elle n'allait pas bien. Son regard glissa sur la table de chevet qui était à côté d'elle, il y avait un verre d'eau ainsi que deux comprimés posés sur une petite note.