Ne le répète à personne

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Il y a des douleurs qui ne s'en vont pas si facilement que l'on pourrait le croire. Parfois, lorsque c'est physique, il suffit d'un médicament, une veille astuce de grand-mère ou bien un peu de repos.
La mienne, mon mal à moi à persisté pendant un long moment. Assez longtemps pour me laisser penser qu'il ne s'en irait jamais. C'est exactement comme si on m'avait arraché une partie de moi.
Il n'y a pas de recette miracle pour s'en sortir plus vite. Peut-être même que certains morceaux de notre intérieur ne se réparent jamais complètement. Mais c'est certainement ce qui nous permet de ne pas oublier. Ne pas oublier que l'on a autrefois aimé, que l'on a été heureux, parce qu'une chose est sûre, on ne peut pas être si malheureux tant qu'on a pas goûté au bonheur. D'ailleurs, si nous ne gardions aucun souvenir de chacune de nos erreurs, de nos déceptions, nous n'avancerions pas.
On m'a assez répété qu'avec le temps, les choses changent, la douleur passe. Alors j'attends désespérément que la blessure que Zack m'a laissé cicatrise.

   Je n'arrête pas de me demander ce qu'il se serait passé si Adrian n'avait pas découvert toute cette histoire. Il a apprit que la réussite professionnelle de son père cachait en réalité de nombreux actes illégaux. Zack, travaillant avec ce dernier, accomplissait beaucoup de ces sombres actions. Je pense que la jalousie d'Adrian l'a poussé à enquêter là-dessus et finalement, je le lui en remercie.

Je n'ai jamais recroisé celui que j'ai tant aimé. C'est sûrement mieux comme ça. Je me surprends souvent à penser à lui. En s'en allant, il a laissé une partie de lui en moi, quelques souvenirs qui se sont comme gravés dans ma mémoire. La douleur n'est plus si intense. Parfois même elle disparaît. Je sais que je l'ai également blessé et au début, je me satisfaisais avec ça. 

J'étais persuadée que nous étions destinés à passer notre vie ensemble. Cela me semblait être une évidence. Cette alchimie, cette connexion qu'il y avait entre nous, cette facilité à se comprendre, cette complicité, tout ca m'avait convaincu qu'il était mon âme sœur, celui qu'on ne rencontre qu'une seule fois dans sa vie. Finalement, c'était certainement le cas, malheureusement la dernière page de ce merveilleux livre s'est définitivement fermée. Et même quand mon cœur sera entièrement réparé, je ne l'oublierai pas. Il m'a apprit que même quand tous les bons ingrédients sont réunis, les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite. Il m'a tant apporté, m'a fait découvrir l'amour inconditionnel, la patience, la douleur et grâce à lui j'ai grandi. Je ressors de cette relation changée, transformée. 

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas parce que l'on partage sa vie avec quelqu'un qu'on le connaît réellement.

   Il y a un moment de ça, j'ai pris la décision de changer ma vie. J'ai décidé de partir vivre à New-York, proche de mon père, du travail qu'il m'avait proposé il y a bien longtemps et que j'ai fini par accepter.
Il a fallut quelques semaines pour organiser mon départ mais rapidement, ma valise bouclée, je pars pour l'aéroport. J'ai prévenu tout le monde ici mais je n'ai pas voulu que qui que ce soit m'y accompagne. Je n'aime pas les au revoir.

La file d'attente vers l'embarquement est longue mais mon tour arrive bientôt. Devant moi, un couple amoureux avec leur nouveau né dans les bras sont entrain de donner leurs billets à l'hôtesse.
C'est étrange, je suis excitée de partir, de démarrer cette toute nouvelle aventure à New-York et en même temps, j'ai ce sentiment nostalgique qui m'envahit. Je laisse tous mes amis, tous ces souvenirs ici, dans ma ville natale et même si je n'ai pas encore décollé, tout ça me manque déjà. Je regarde autour de moi pour m'imprégner de ces derniers moments à Los Angeles.
Mon tour arrive enfin. Je présente mon passeport dans lequel j'ai glissé mon billet d'avion. Et puis, je ne sais pour quelle raison, je me retourne. Comme si j'étais aimantée par quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Mes yeux se sont directement posés sur lui.

   Zack est là, au milieu de la foule. Immobile, il me regarde. Croyez-moi, c'est bien la dernière personne que je m'attendais à rencontrer ici aujourd'hui. Mon estomac se serre et mon souffle se fait court. Le revoir après tant de temps, après ce long combat pour essayer de guérir fait remonter en moi un grand nombre de sentiments, de souvenirs. Il est venu parce qu'il a su que je partais. Quelque part, ça me réchauffe le cœur de savoir qu'il a prit la peine de venir me dire au revoir. Malgré la colère que je ressens, le fait qu'il ne m'ai pas oublié me soulage.

Il me regarde intensément, comme toujours. Aucune expression n'est visible sur son visage. Je suis incapable de voir à travers ses yeux, de savoir à quoi il est entrain de penser. Il y a tant de choses que j'aimerai lui dire, mais m'approcher et lui parler m'est impossible. De toute façon, cela ne servirait à rien.
Lui aussi aurait pu venir vers moi, mais il ne l'a pas fait non plus. Nous nous sommes fixés un moment quand...
   -   Mademoiselle ?  M'interpelle l'hôtesse.
Je me retourne en sursaut. Elle me tend mes papiers.
   -   Excusez-moi, répondis-je en les attrapant.
Souriante, elle me fait signe de passer.
J'avance un peu et, avant de disparaître dans ce long couloir, je me retourne une dernière fois. Il est toujours là. Son visage s'est adoucit et son air sévère s'en est allé. Les commissures de ses lèvres s'étirent en un large sourire. Ce magnifique sourire qui m'a fait fondre plus d'une fois.
De mon côté, je me contente de le regarder froidement. Rien n'est pardonné Zack.
J'essaie de faire paraître toute ma colère à travers mes yeux, je tente d'imiter ce regard noir qu'il a lorsqu'il est énervé et comme d'habitude, l'expression sombre que j'essaie de laisser paraître fait l'effet contraire.
Il se met alors à rire. Il rit comme si on l'avait ôté de toutes émotions négatives. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Alors je le fixe calmement avec ma plus grande attention et savoure ce moment pour ne jamais l'oublier.