Chapitre 1 - Noces funèbres

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Dénérim était la capitale de Férelden. C'était la plus vaste cité du royaume qui abritait le trône du roi et nombre de ses sujets. Mais c'était aussi une cité commerçante et à l'Histoire mouvementée.

Le royaume de Férelden que l'on connaissait alors n'existait pas avant l'ère des Exaltés. À sa place, la vallée était divisée en dizaines d'anciens clans alamarris qui bataillaient en permanence à propos de terres, d'honneur, de l'allégeance des propriétaires terriens et même, dans un cas resté célèbre, du nom donné à un mabari, la célèbre race de chien originaire de ces contrées. Puis en l'an 5:42 de l'ère des Exaltés, Calenhad Theirin devint tiern de Dénérim, unifia les nombreuses tribus alamarris, et tout changea.

La fondation de Férelden n'était connue que par l'entremise des vieux chants que les bardes avaient transmis à travers les ères. Gorgés d'exagérations flagrantes et de mensonges éhontés, ils n'en étaient pourtant pas moins fiables que les traités de certains érudits parmi les plus éminents de cette époque. Calenhad avait traversé la vallée à la tête de son armée et capturé Golefalois - un exploit que seuls deux autres hommes accomplirent - et s'était présenté devant les banns du Conclave comme leur roi. Les poètes assuraient que tous les seigneurs s'étaient agenouillés sans hésiter devant Calenhad. Ce que leurs ballades négligeaient généralement de préciser, c'était qu'il avait été alors escorté de Guerriers cendrés et de loyaux mages du Cercle.

Calenhad avait inauguré la lignée des Theirin, qui avaient régné sans interruption jusqu'en l'an 8:44 de l'ère des Bontés, date de l'invasion orlésienne. Le roi légitime fut forcé de fuir Dénérim et soixante-dix ans durant, un fantoche avait occupé le trône.

L'occupation orlésienne fut une sombre période de l'Histoire féreldienne. Son peuple, épris de liberté depuis la nuit des temps, fut forcé de se soumettre au règne orlésien. L'Empire fit des elfes sa propriété et les vendit comme du bétail. Sous couvert d'imposition, les berruiers avaient coutume de déposséder les domaines de leurs richesses, vivres, voire femmes et enfants. Soixante-dix années durant, il n'y eut aucun Conclave, car les vénérables lois féreldiennes avaient été déclarées félonnes par le trône impérial.

Sa Majesté le roi Brandel avait figuré parmi les résistants. Il avait tenté de fédérer les autres seigneurs fugitifs pour reconquérir ensemble leurs terres, mais Brandel n'avait ni l'intelligence ni la force de persuasion nécessaires pour une telle entreprise. Les nobles avaient jugé préférable de se fier à eux-mêmes. Férelden aurait pu bien n'être toujours qu'un territoire de l'Empire, n'eut été la fille du roi Brandel, investie de tout le charisme qui faisait défaut à son père. Le règne de la reine rebelle avait commencé par une attaque de nuit, soigneusement planifiée, de l'armurerie impériale à Lothering. Forts de ce succès et des armes qu'ils avaient récupérées, les rebelles s'étaient lancés à corps perdu dans une campagne contre les Orlésiens.

Le moment décisif de la guerre fut toutefois l'engagement dans l'armée d'un jeune propriétaire terrien. Nommé Loghain Mac Tir, il possédait un talent stratégique remarquable et devint vite le conseiller le plus proche du jeune roi Maric. La reine finit par mourir aux mains de sympathisants orlésiens désireux de s'attirer les faveurs de leurs maîtres peinturlurés. Maric prit alors la tête de la rébellion et Loghain devint son bras droit. Ensemble, ils menèrent une nouvelle campagne contre l'oppresseur orlésien culminant lors de la bataille de la Dane, qui vit l'anéantissement des derniers berruiers de Dénérim. La capitale revenue aux mains des Féreldiens, son peuple était enfin libéré. Mais la reconstruction de ce qu'ils avaient perdu ne faisait que commencer.

Caïlan, le fils de Maric, régnait alors en jeune roi fougueux sous la tutelle officieuse de Loghain Mac Tir, faisant la fierté des nobles et des habitants de la grande cité. Toutefois, les elfes, bien qu'affranchis depuis maintes générations, continuaient de vivre en parias. Tous logeaient dans un quartier clos que l'on nommait « bas-cloître » et étaient employés comme serviteurs ou travailleurs de force. Malgré ces conditions difficiles, les elfes de Dénérim formaient une communauté soudée et fière.

L'ère du dragon - OriginesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant