Chapitre 5 - La malédiction de Golefalois

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Après une bonne nuit de sommeil, la petite compagnie qui se formait lentement se ravitailla auprès du marchand et des paysans de Lothering avant de reprendre sa route en direction de Golefalois où Alistair espérait quérir l'aide du Iarl Eamon, l'oncle de feu le roi Caïlan. Ils partirent dans la matinée. Léliana avait troqué sa robe chantriste contre un habit plus pratique, un pantalon de cuir et une chemise de lin ainsi qu'un veston de cuir et une ceinture à laquelle elle avait rattaché le fourreau de sa lame courte. Elle avait également dépensé les quelques pièces qui lui restaient pour se procurer un arc et un carquois rempli de flèches qu'elle avait sanglé dans son dos, puis avait passé la corde de l'arc par-dessus son épaule. La jeune femme était métamorphosée : tandis que la soutane chantriste lui donnait un air innocent et immaculé, cette nouvelle tenue la rendait plus sérieuse et mettait en valeur sa combattivité.

La route pour Golefalois traversait les Marches Solitaires, une vaste région fertile où beaucoup de petites fermes s'étaient établies et cultivaient pommes de terre, blé, houblon, mais faisaient aussi l'élevage de vaches et de buffles grâce aux larges pâturages verdoyants qui se trouvaient dans les hauteurs des collines. La route longeait également le lac Calenhad dont l'immensité bleue ravissait passants comme habitants depuis des générations.

La petite équipée avait décidé de suivre la route du Roi malgré les possibilités de rencontrer des bandits car c'était la voie la plus rapide pour gagner la résidence du iarl Eamon. Alistair ouvrait la marche, silencieux, suivi de Tessala et Léliana qui marchaient l'une près de l'autre, tandis que Morrigan fermait la marche loin du guerrier dont la simple présence l'ennuyait. La jeune elfe était malgré elle intriguée par cette jeune sœur de la Chantrie qui savait si bien se battre mais tout à la fois s'en méfiait parce que c'était une humaine un peu extravagante.

- A propos de votre vision, commença Tessala à l'adresse de la sœur avec la volonté d'éclaircir cette histoire.

- Je savais bien qu'on y viendrait tôt ou tard, répondit Léliana en soupirant. Je ne sais comment l'expliquer, mais j'ai fait un rêve.

La jeune elfe fronça les sourcils mais garda le silence pour inciter la jeune femme à aller plus avant.

- Dans ce rêve, reprit Léliana, il régnait des ténèbres impénétrables... c'était si dense, si réel. Et il y avait un bruit terrible, comme impie. J'étais juchée sur un promontoire et je regardais les ténèbres tout engloutir... et quand la tempête a absorbé la dernière lueur du soleil, j'ai...

Léliana s'arrêta un instant. Son visage trahissait une angoisse et une douleur véritable.

- Eh bien ? dit Tessala qui voulait savoir la suite.

- J'ai chu, et les ténèbres m'ont attirée à elles.

- C'est un simple rêve, haussa des épaules la jeune elfe. Pourquoi parler d'une vision ?

- C'était plus qu'un rêve, la contredit la sœur. C'était... différent. A mon réveil, je me suis rendue au jardin de la Chantrie, comme toujours. Mais ce jour-là, le rosier mort dans le coin du jardin avait fleuri.

Tessala haussa un sourcil, dubitative.

- Tout le monde savait que ce rosier était mort, insista Léliana. Il était desséché, noueux, affreux à voir, pour tout dire. Mais ce matin-là, une rose avait fleuri, une seule. C'était comme si le Créateur avait tendu la main pour dire : « Même au plus fort des ténèbres, il reste de l'espoir et de la beauté. Aie la foi ».

- C'est ce qui vous a poussée à vouloir nous aider ? en conclut Tessala.

- Dans mon rêve, je suis tombée, ou ai-je sauté, je ne sais pas, continua Léliana. Je suis prête à tout pour mettre fin à l'Enclin. Je sais que nous en sommes capables. Le monde du Créateur regorge de trésors. Comment rester à ne rien faire quand le mal submerge tout ?

L'ère du dragon - OriginesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant