Chapitre 2

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Deux mois passent et me voilà catapulté à Saint-Nazaire. Le coffre de la voiture familiale est plein à craqué et la route depuis chez moi me semble interminable. Il nous faut quasiment deux heures pour atteindre «la résidence du cerisier blanc» et une femme d'une cinquantaine d'années nous accueille à peine le moteur arrêté.
-''Bonjour messieurs dames.''
-''Bonjour Madame.'' Répondis je poliment.
-''Oh, mais tu dois être Jeff, n'est ce pas?''
-''Oui madame.''
-''Je suis madame Bouvier, c'est moi qui m'occupe de la résidence. Je me souviens de ta photo dans le dossier que j'ai demandé à tes parents. Et donc tu rentres à l'université? Tu prépares quelle spécialité?''
-''Un DUT en logistique internationale.''
-''Alors je te souhaite bon courage. Tu verras, dans ton appartement tu seras parfaitement à l'aise pour travailler. Tes parents sont déjà venu le mois dernier pour visiter mais toi tu n'as encore rien vu, n'est ce pas?''
-''Non madame.''
-''Alors suivez moi. Je vais vous escorter, vous remettre les clés et enfin vous faire signer le règlement intérieur de la résidence.''

Première surprise, l'immeuble est sans ascenseur. Mes parents ont oublié de m'en informer et il va donc falloir grimper à pied toutes mes affaires. En attendant nous arrivons jusqu'au quatrième étage, cinquième porte à gauche, appartement 409. Voici donc à quoi ressemble mon nouveau chez moi: une grande pièce sans âme et une salle de bain. Nous commençons par l'état des lieux mais il est fait rapidement vu qu'il y a juste un tout petit frigo, deux plaques électriques, une table, deux chaises et un canapé convertible. Vient ensuite le règlement intérieur stipulant «pas de fêtes, pas de bruit, pas d'alcool.» Bref, bienvenue au couvent. J'émarge rapidement en bas de la page, mes parents signent les chèque de caution et c'est parti pour le déménagement. Une machine à laver, deux valises de vêtements, une caisse remplie d'ustensiles de cuisine, une autre caisse remplie d'affaires scolaires et une télévision. Depuis le temps que je rêvais d'avoir la télé dans ma chambre, j'en ai presque les larmes aux yeux lorsque j'effectue les branchements. Quel pied! Il y a aussi toute la déco intérieure pour laquelle j'ai dû batailler ferme car cela ne plaisait pas vraiment à mes parents: mes nombreux posters de loups dans des paysages enneigés et surtout mon magnifique sabre japonnais, que je considère comme le symbole absolu de ma réussite et de ma combativité puisque je l'avais remporté lors d'un tournoi de badminton et que depuis je dormais avec lui au dessus de ma tête de lit. Le seul problème c'est que je ne savais absolument pas m'en servir.

-''Bon, on a rempli notre part du contrat, maintenant c'est à toi de jouer.'' Lança mon père en posant une main sur mon épaule.
-''Comment ça? Vous partez déjà?'' Répondis je, pris au dépourvu.
-''Et qu'est ce que tu veux qu'on fasse de plus? Tu as bientôt dix huit ans, tu es capable de ranger des affaires tout seul.''
-''Je sais bien, mais vu que je n'ai ni permis de conduire, ni voiture, j'aurai bien aimé qu'on fasse un aller-retour au supermarché, histoire de remplir mon frigo et mes placards.''
-''Il te reste encore deux jours avant le début des cours, ça te laisse largement le temps de faire ça tout seul. Comporte toi en adulte au lieu de te plaindre.''

Mes parents quittent donc l'immeuble sans se retourner et pour la première fois de ma vie je me retrouve désespérément seul. Moi qui avait imaginé être envahi par la joie à l'instant même où mes géniteurs m'offriraient ma liberté, finalement je me retrouvais seul perdu au milieu du vide. Pas d'amis, pas de famille, seul dans une ville que je ne connaissais pas. Heureusement je découvris deux bonnes nouvelles en parcourant le bail que je venais de signer sans trop me donner la peine de le lire. Un des articles stipulait que seule la concierge disposerait d'un double des clés et que si un troisième trousseau venait à apparaître, la serrure serait changée à mes frais. Cela signifiait donc que mes parents ne pourraient jamais débarquer à l'improviste, à moins de prévenir à l'avance la concierge. Et la deuxième bonne nouvelle, c'est que la concierge elle même ne pouvait pas pénétrer dans ma chambre en mon absence et sans mon accord préalable. Assis sur mon canapé je me mis donc à faire l'inventaire des choses que j'allais avoir à réaliser avant la fin de la journée:
- Ranger toutes mes affaires;
- Acheter de quoi me nourrir;
- Activer ma ligne internet;

Truffe universitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant