Chapitre II

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Quelques minutes plus tard, Cualli se trouvait dans la cuisine en compagnie de Flora et de l'énorme panier d'ingrédients. Cualli lui demanda :

- C'est bon, Flora ? Tu as tout ce dont tu as besoin ?

- Oui. Merci beaucoup Cualli !

- Attends-moi ! Je vais juste enlever ce truc et je reviens t'aider, dit – elle en montrant la robe.

Cualli remonta dans sa chambre, enleva la robe de la duchesse, et la lui rendit. Puis Cualli descendit dans la cuisine pour aider Flora à préparer l'énorme gâteau qui était nécessaire pour l'anniversaire de Carlos, le duc, et auquel ni Cualli, ni Flora ne pourraient prendre part. Pendant la cuisson, elles purent reprendre leur souffle et discuter un peu, avant de se lancer dans la confection des roses en sucre. Ce fut seulement à ce moment-là que Cualli se remémora la conversation qu'elle avait surpris un peu plus tôt.

- Dis, Flora, tu ne connais pas un meuble ou un objet qui pourrait déplaire au duc ou la duchesse?

- Bon, étant donné que tout le mobilier est dans le style Louis XIV, je ne vois pas de quoi tu parles !

- C'est, que tout a l'heure, j'ai surpris une conversation entre le duc et la duchesse, et ils avaient l'air de vouloir se débarrasser de quelque chose.

Le visage de Flora se décomposa, ce qui n'était pas normal pour une raison aussi insignifiante aux yeux de Cualli. Au même moment, Flora courut vers le four pour en retirer le gâteau, qui avait bien failli être carbonisé. Puis, elle dit :

- Suis-moi.

Cualli la suivit jusqu'à l'écurie, puis dans un couloir et enfin dans une petite pièce. L'endroit était confortable, illuminé a la chandelle et rempli de fauteuils moelleux. Dans un coin, une étagère de livres mettait un peu de couleur et de mystère dans l'ambiance. La pièce était d'apparence chaleureuse et accueillante, un peu comme Flora d'habitude. Elle prit la parole :

- Si je nous ai amenées ici, loin de la villa, c'est parce que je ne veux pas que l'on nous entende. Donc, tu ne répéteras pas ce que je vais te dire à Coronado ?

- Non.

- Parfait. Cualli, je vais te raconter ton histoire, ou au moins, une partie de ton histoire.

- Je t'écoutes !

'' Il y a 11 ans, je venais seulement de rentrer au service de la duchesse, et nous étions allées faire un tour et quelques courses à Madrid, la capitale espagnole. Sur le quai, les bateaux bourdonnaient d'activité. Les marins courraient, criaient et s'affairaient autour de leurs embarcations. Un peu plus loin, devant une caravelle et près d'un mur de pierre, une estrade avait été montée. Un homme, grand, fort, tatoué de toutes parts, monta sur l'estrade :

- Approchez-tous ! Venez ! Venez !

Il n'eut pas besoin de crier pour amener du monde. Mais après son cri, pas moins de 100 personnes furent a bas de l'estrade. Il y avait des hommes, des femmes, des enfants, des barons, de baronnes, des marquis, et autres personnes titrées ou pas. La duchesse et moi nous approchâmes pour voir de quoi il se tramait. Le marin reprit :

- Et voici la marchandise !

Immédiatement, une vingtaine de personnes étrangement habillés furent conduites sur l'estrade. Obligés à s'agenouiller, ces gens étaient enchaînés, guidés par un équipage armé, et portaient les signes qui indiquent que l'on a été maltraité depuis un moment. Un des espagnols armés pointa son fusil sur un homme qui saignait du dos, sûrement dû à un coup de fouet reçu plus tôt dans la journée. Ce qui allait se passer était une enchère. Le premier lot fut présenté :

- Grand, fort, génial dans les travaux chantier, champs et moulins !

- 100 ! dit un homme.

- Je propose 200 ! cria une femme.

- Vendu ! répondit le marchand.

Un des marins accrocha une pancarte autour du cou de l'esclave et attacha sa chaîne a un gros anneau de fer profondément enfoncé dans le mur. Puis, le deuxième lot fut proposé : une très jolie femme fut tirée et présentée au public :

- Belle, adroite, bonne pour le travail domestique ou dans les tavernes !

- 400 ! répondit la même femme qui avait acheté le premier lot.

- 700 ! hurla un homme

- Vendu ! annonça le marchand

Les lots continuèrent jusqu'au 19. Le lot 20 et le dernier, ce fut toi Cualli. En te voyant, la duchesse a immédiatement mit 1000 dollars dans la main du marchand. Puis, elle t'a ramenée à la villa et t'a élevée de façon que tu deviennes sa servante plus tard. Carlos, lui, n'était pas d'accord. Il a fait un pacte avec Isabella. Quand tu atteindras l'âge de 12 ans et demi, tu payeras le prix de ce que tu as coûté, d'après lui.

- Mais, Flora, c'est ce soir mes 12 ans et demi !

- Oui. Donc, cette nuit, il va essayer de t'enlever. C'est pour ça qu'il faut s'enfuir. Suis-moi dans le hall.

- J'arrive !

Elles sortirent de la pièce, retraversèrent le couloir, passèrent par les écuries et entrèrent dans le hall. Quand Cualli voulut sortir, les gardes lui bloquèrent le chemin. 

La seule femme à bordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant