Prologue

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Une nuit sombre... Tout semble calme. Nous n'avons pas encore eu l'invasion des fils du feu. C'est bon signe.

Les fils du feu sont des hommes, mais ne sont pas nés avec la loyauté ni le respect dans le cœur. Ce sont des lâches, et pourtant, ils possèdent une force maléfique, une force sans faille apparente. Cette force est surnommée ''le tonnerre du mal''. Depuis leur apparition près du temple de Pachamama, ils pillent les villages de notre empire en détruisant tout sur leur passage. Babaoro a été averti lors de la réunion lunaire. Il y a quelque temps, les fils du feu ont commencé à emmener des gens. Depuis lors, tout le village est en alerte constante. Les enfants ne jouent plus dehors. Les animaux ne cherchent plus de nourriture. Les guerriers montent la garde la nuit. Si nous livrons bataille, et que nous perdons, ce sera la fin de tout l'empire maya. En effet, nous sommes le dernier village encore debout pour résister aux envahisseurs.

Soudain, Kitchin interrompit le cours de mes pensées :

- Shiro, as- tu as vu quelque chose ?

- Non, rien.

- Va voir de l'autre côté du village.

Le village de Katalun n'est pas très grand, de sorte que j'étais de l'autre côté en un rien de temps. Le vent sifflait entre les feuilles, les branches des arbres semblaient toucher le ciel tandis que mes pas crissaient sur les graviers. Aucun bruit, aucune odeur distincte, aucune trace de la présence des fils du feu. Pourtant, le léger mouvement d'une fougère et le craquement d'une brindille me mit en alerte. Ils étaient là.

A première vue, la situation paraissait simple : il suffisait de sauter dans les buissons pour achever le fils du feu, mais l'idée de tuer un homme de sang-froid me dégoutait. J'ai donc décidé de partir en courant pour avertir Babaoro et Kitchin.

Quand je fus à la hauteur de la première maison du village, j'entendis un cri. L'homme m'avait vu. Abandonnant toute tentative de discrétion, je criais le plus fort que je pus, espérant que Kitchin et les autres guerriers entendraient mon appel au secours.

L'alerte avait été donnée. En moins d'une minute, tous les guerriers du village furent réunis sur ce qui deviendrait un champ de batailles dans quelques secondes. En voyant les renforts, les dix premiers fils du feu se jetaient sur nos guerriers, relayés par une nouvelle vague et encore une autre.

Les soldats mayas, mieux entraînés, mieux armés et surtout, plus nombreux, prenaient le dessus. Voyant qu'ils étaient en mauvaise posture, un des envahisseurs souffla dans une corne qui émettait un son étonnamment grave et répétitif, qui sonna une fois, puis deux, avant de se noyer dans les cris de la bataille. Quelques secondes plus tard, un nouveau son répondit au premier. Mon sang se glaça dans mes veines a l'idée que ce pouvait s'agir d'un signal de détresse et que des renforts ennemis pouvaient arriver a tout instant.

Pas le temps de ruminer cela dans mes pensées, une douleur fulgurante me traversa le bras. Un fils du feu avait fait une coupure assez profonde au-dessus de mon coude. Hurlant de rage, je me jeta sur mon adversaire. Ne ressentant plus aucune pitié, je lui lacéra le dos et, une entaille a la jambe, il s'enfuit en courant. Je regardais un peu autour de moi : Flèche courait après un fils du feu, Kitchin se mesurait à deux soldats adverses et Lukiri se battait au corps à corps contre un fils du feu deux fois plus grand que lui, leurs armes abandonnées un peu plus loin sur le sol.

Dans la précipitation de la bataille, le signal de détresse des fils du feu m'était sorti de la tête. Pourtant, je ne fuis pas surpris par l'arrivée de renforts adverses. Ils avaient envahi le village, maintenant en flammes, et arrivaient par la gauche, tandis que les premiers assaillants attaquaient par la droite. Tous les guerriers de Katalun étaient pris au piège sur le versant nord de la colline.

Lukiri, trop occupé par son adversaire, n'avait rien remarqué. Il ne vit pas arriver le coup de bâton que lui donna un fils du feu.

- Lukiri ! Attention !

Trop tard. Il était tombé en arrière, étourdi et hors-de-combat. Deux des envahisseurs se jetèrent sur moi, m'empêchant de voir ce qui arrivait à mon compagnon, mais ms deux assaillants partaient bientôt en courant, hurlant de peur et de douleur. Kitchin, qui luttait maintenant contre quatre soldats adverses, avait perdu son assurance. Sautant au cou du premier, je lui portait un rude cou sur la poitrine. Le souffle coupé, ils avertit ses compagnons de mon arrivée par un murmure rauque. Aussitôt, deux des quatre guerriers se tournèrent vers moi, pendant que j'attaquais le guerrier qui s'en prenait toujours a Kitchin. Quelques minutes plus tard, il tombait, raide mort.

Cela attisa la colère des trois autres hommes. Kitchin réussit a échapper a leurs griffes, mais retenu par les trois fils du feu, un cou de branche porté sur le haut de mon crâne suffit a me faire tomber, inconscient. J'étais pris.  

La seule femme à bordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant