Le véhicule s'arrête devant chez moi et instantanément, je remarque la voiture de Clay. Je me retiens de demander au chauffeur de faire demi-tour et de me ramener chez mon amie. Au lieu de ça, je règle la course et descends avec mon sac. J'avance le plus lentement possible sur l'allée bordée de roses. C'est la boule au ventre que j'ouvre la porte d'entrée. À peine refermée, ma mère et Clay arrivent, faisant semblant d'être inquiets alors que quelques secondes auparavant, ils riaient.
— T’étais où ?! Je n'ai pas arrêté de t'appeler ! m’interpelle Clay.
Sa voix se fait inquiète, mais lorsque je le regarde, ses yeux sont noirs et sa mâchoire contractée. Il ne vaut mieux pas que je reste seule avec lui.
— J'étais chez Jess, tu étais au courant, je te l'ai dit.
— Je n’en ai pas le souvenir. tu as plutôt oublié de m’en parler.
— Maintenant, tu le sais, je suis là, tout va bien.
— Tu sais que je ne veux pas que tu ailles dans ce quartier.
— Sinon Jessica va bien ? me demande ma mère.
Aussi étrange que cela puisse paraître, elle l’adore. Pas que ça me gêne, bien au contraire. Je pense qu'elle lui rappelle qu’elle était plus jeune.
Avant de connaître mon père, ma mère habitait, elle aussi, dans les quartiers sud, elle faisait du patinage pour se sortir de la misère de laquelle elle vivait, puis elle l’a rencontré. Ils se sont mariés, elle m'a eue et ma naissance a mis un terme à sa carrière de patineuse artistique. D'après lui, elle n'était pas aussi froide et rigide qu’elle l’est aujourd’hui. J'ai du mal à y croire vu que je l'aie toujours connue ainsi.
— Oui, elle va bien.
— Super. On va bientôt passer à table, dit-elle, sans montrer le moindre signe d'intérêt à mon égard.
— Et ce sweat ? demande froidement Clay maintenant que ma mère a disparu dans la cuisine.
Je porte mes mains au col sans vraiment savoir pourquoi, comme si je souhaitais protéger ce vêtement.
— C'est Jess qui me l'a passé, j'avais froid.
— Ah ouais ? Et elle met des sweats de mec trop grand maintenant ?
— Ça doit être à son frère, je ne sais pas, à vrai dire, je ne lui ai pas posé la question.
Je vois bien qu'il ne me croit pas, mais je soutiens son regard.
— La plouc à un frère ?
—Arrête de l'appeler comme ça, tu veux ?! Et bien sûr qu'elle a un frère, Jeremy. Tu le saurais si tu t'intéressais un peu plus à elle.
— Comme si j'en avais envie.
Je lève les yeux au ciel, bien décidée à défendre mon amie, mais ma mère nous interrompt. Pour une fois qu'elle tombe à pic…
— Vous venez manger les enfants ? nous appelle-t-elle.
Clay attrape ma main et serre si fort mes doigts qu'il m'arrache un gémissement de douleur.
— On réglera ça plus tard, dit-il en collant un grand sourire sur son visage au moment où nous entrons à notre tour dans la cuisine.
Le repas a été un supplice. Je suis épuisée et je ne rêve que d’aller m'enfermer dans ma chambre, prendre une douche et me coucher. La présence de Clay me contraint à devoir faire acte de présence. Monsieur se prend, comme à son habitude, pour un prince. Je dois le servir et aller lui chercher tout ce qu'il désire. Jamais il ne m'a appelée comme le mec d'hier soir. "Princesse" ... Si seulement il savait que je suis loin d'en être une. Effectivement, je n'ai pas à me plaindre financièrement, mais je ne souhaite à personne de vivre ma vie. Si moi-même, je pouvais fuir loin, très loin de cette prison aux barreaux dorés, je le ferais sans hésiter. Seule la menace présente dans cette pièce me force à rester.
— Tu devrais aller te coucher chérie. Tu piques du nez, me suggère ma mère.
— Bonne idée, je suis épuisée.
Je me lève de table et débarrasse mon assiette. Je repasse par le salon et Clay se lève. Il enroule son bras autour de ma taille et m'embrasse sur la joue en me soufflant à l’oreille.
— C'est loin d'être fini.
Je me fige lorsque sa main glisse le long de mon dos et s'arrête sur mes fesses qu'il pince. Je lui lance un regard noir.
— Ne me regarde pas comme ça, tu sais ce que ça me fait.
Je me mords l'intérieur de la joue pour m'empêcher de lui hurler dessus. Je m'éloigne le plus rapidement possible, pendant qu'il se réinstalle à table avec ma mère. Je monte dans ma chambre, branche mon téléphone et entre directement dans la salle de bain. J'allume l'eau chaude et je me glisse sous le jet brûlant. Je ferme les yeux au contact de la chaleur qui m'enveloppe et laisse mes muscles se détendre. Je reste de longues minutes dessous avant de me savonner. Une fois rincée, je m'enveloppe dans une grande serviette et regagne ma chambre pour m'habiller. Je pousse un petit cri en le découvrant assis sur mon lit.
— Sors de là !
Il se lève, mais au lieu de sortir, il s'avance vers moi. Je recule. Rien ne l'arrête et sa main s'enroule autour de ma gorge, me plaquant violemment contre le mur. Je tiens la serviette pour l'empêcher de tomber.
— Tu comptes me prendre longtemps pour un con, Tessa ?!
— Quoi ?, couiné-je.
Il resserre sa prise, plongeant son regard plein de haine dans le mien. Il me terrifie. J'ai peur de ce qu'il pourrait me faire. Puis, il me relâche, et immédiatement, je pose ma main sur ma gorge.
— Cette putain de veste n'est pas à ta copine ! Je le sais, alors arrête de te foutre de ma gueule.
Je baisse les yeux vers le sol, j'ai besoin de quelques secondes pour trouver quoi lui dire. Il s'approche et attrape ma mâchoire entre ses doigts, m'arrachant une plainte.
— Ne fais pas l'innocente. Tu veux jouer ? Aucun problème, mais crois-moi, tu n'aimeras pas le résultat.
Je mords ma lèvre. “La vérité, c'est que j'ai passé la soirée avec un mec, qui m'a fait plus de bien que tu ne m’en feras jamais”, ai-je envie de lui hurler. Au lieu de ça…
— C'est vraiment le sweat de son frère. Je n'ai pas pensé à prendre de pull, alors elle m'a donné le premier qui lui tombait sous la main. Si tu veux, on l'appelle, me justifié-je.
Il me relâche, recule légèrement et ses sourcils se froncent. Il réfléchit quelques instants, puis finit par me dire.
— Pas la peine. Mais si tu me mens Tessa, ça finira mal. Très mal.
Clay continue de me fixer, sans plus rien ajouter. Je profite de ce moment pour récupérer des vêtements. Je ne suis pas réellement pudique, mais me retrouver à moitié nue dans la même pièce qu’un homme qui me terrifie, ne m'aide pas à être totalement à l'aise. Je me dirige vers mon armoire. La porte à peine ouverte, il se plaque contre mon dos. L'une de ses mains vient se poser sur mon ventre et me coller contre lui.
— Qui a fait ça ?
— Qui a fait quoi ? répété-je
Il me tourne pour que je me regarde dans le miroir. Je perds des couleurs en voyant une marque dans mon cou. Bordel ! Il n'a pas osé me faire un suçon ?!
— Je ne sais pas, c'est sans doute toi la dernière fois…, tenté-je.
Il me fait pivoter face à lui et pose ses paumes sur mes épaules, en se penchant légèrement pour que ses yeux soient à la même hauteur que les miens.
— Tu te fous de moi ? grogne-t-il. Pour ça, il faudrait déjà que tu me laisses te toucher ! Peut-être que je devrais t’en faire moi aussi, histoire que tu comprennes enfin à qui tu appartiens.
Sans que je m'y attende, une gifle s'abat violemment sur ma joue. Ma tête part sur le côté, un sifflement résonne dans mon oreille et je pose ma paume au point d’impact, en le regardant, choquée.
— Le mec du sweat, c'est ton plan cul ?
— Non !
Il lève la main à nouveau, prêt à m'en remettre une. Pour me défendre, je le repousse de toutes mes forces et cours vers la porte. Si ma mère me voit, elle me viendra en aide… Enfin, j'espère. J'ai à peine fait deux pas, qu'il me rattrape, enroulant son bras autour de ma poitrine pour m'immobiliser. Sa main remonte dangereusement le long de ma cuisse, vers mes parties intimes, me griffant au passage.
— Pitié, ne fais pas ça !
— Lui a le droit de te toucher, mais moi, non ? Dois-je te rappeler notre accord, Tessa ? DOIS-JE TE RAPPELER À QUI TU APPARTIENS ? hurle-t-il.
Je secoue la tête, la vue brouillée par les larmes. Je le déteste ! S'il y a bien une personne que je hais, c'est bien lui !
— Je te jure que je n'ai couché avec personne, murmuré-je en retenant un sanglot.
Et c'est bien vrai, je me suis laissé aller à embrasser un type, mais on n'a pas été plus loin. Sa main s'arrête à la limite de ma serviette, il plonge son nez dans mes cheveux mouillés en reniflant bruyamment.
— Pourquoi tu me fais ça ? ajouté-je. Tu pourrais avoir toutes les filles que tu veux, pourquoi moi ?
— Tu sais très bien que si on est ensemble, c'est parce que ta mère et mon père ont passé cet arrangement.
Je ferme les yeux. Comment oublier que c'est ma propre mère qui me pourrit la vie ?
— On ne s'aime pas, alors pourquoi continuer ?, le questionné-je.
— Parce que je te veux. Et je ferai tout pour t'avoir. Tu n’as pas idée de ce dont je suis capable pour te garder Tessa.
Des larmes s'échappent et coulent le long de mes joues. C'est à ce moment précis que ma mère entre dans ma chambre. Je la supplie du regard de faire quelque chose, mais elle se contente de nous observer sans rien dire.
— J'allais partir, madame. Je rappelais à votre fille certaines choses. Pas vrai, Tessa ?
Je ne bouge pas, restant figée, le regard braqué sur elle. Quel genre de femme laisse sa fille entre les mains d'un psychopathe ? Parce que c'est bien ce que Clayton Dempsey est. Un psychopathe.
Il me relâche et m'embrasse sur la tempe.
— Bonne nuit chérie, on s'appelle demain.
Il passe devant ma mère et la salue. Une fois qu'il est suffisamment éloigné, elle baisse les yeux et s'apprête à sortir de ma chambre, mais je l'arrête.
— Alors, tu ne dis rien ?
— Que veux-tu que je dise ? Tu es bientôt une adulte, Tessa, tu fais ce que tu veux.
— Oh, vraiment ?, dis-je en avançant vers elle. Donc si je quitte Clay, tu seras d'accord avec ça ? Parce que… soyons clair, je le hais plus que tout au monde.
Je vois la peur traverser son regard, avant qu'il redevienne froid et sans éclat.
— Tu ne peux pas faire ça, tu le sais très bien.
— À vrai dire… non, maman. La seule qui soit au courant de quelque chose, c'est toi. Moi, j'ai juste eu à abdiquer. Es-tu au courant que c'est comme si tu faisais de moi la pute de Dempsey ? C'est ça que tu aimes ? craché-je.
Sa main s'abat sur ma joue avec une telle violence que je recule et prends appui contre la porte. Je la fusille du regard.
— En fait, je crois que s'il y a bien quelqu'un que je déteste encore plus que lui, c'est toi.
— Fais attention à ce que tu dis, Tessa ! Tu peux perdre tout ce que tu as actuellement. Ta petite vie de privilégiée. N'oublie pas grâce à qui tu as tout ceci et qui te permet de vivre ta vie, sans te soucier de rien.
— Crois-moi maman, je préférerai mourir que de continuer à être la putain de ce connard.
— Bon, je vois que ça ne mènera à rien… Je venais t'annoncer que je pars avec les filles, à Paris.
— C'est ça, fuis comme tu sais si bien le faire, lancé-je avant de lui claquer la porte au nez.
Je m'adosse contre la porte et glisse au sol. Je laisse les larmes couler le long de mes joues. Je déteste ma vie, j'aimerais être quelqu'un d'autre. Avoir des parents présents, une mère aimante, qui me protégerait coûte que coûte. Pas une mère qui fasse passer ses intérêts avant ceux de sa fille. J'étouffe dans cette vie. Je ne rêve que d'une chose, que tout cela cesse enfin.

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I Never Stop Loving You 1 & 2 (Sous contrat d'édition)
Romance" Qui sourit n'est pas toujours heureux. Il y a des larmes dans le coeur qui n'atteignent pas les yeux." Tessa Hastings est une jeune fille qui aurait pu avoir une vie de rêve, si seulement elle ne cachait pas un lourd secret. Faire semblant elle c...