Jikan ne se réveilla pas d'un doux sommeil paisible et heureux. Sa mémoire lui repassait en boucle des souvenirs – étaient-ils vrais ou tous faux ? - ainsi que ce moment, cet instant où elle avait aperçu la lueur dans les yeux de son meilleur ami disparaître. Même si Nai l'avait trahi, Jikan ne le détestait pas mais elle voulait des réponses. Des réponses à ses nombreuses questions. Mais elle ne le pourrait plus à moins de recroiser Kensaku.
En se retournant pour être de dos à l'homme qui lui avait posé une question, Jikan réfléchit. On lui avait retiré le collier autour de son cou marqué par un hématome qui ne partirait jamais. C'était la réalité : Elle n'avait plus de gens sur qui compter, elle ne savait plus qui elle était ni ce qu'elle devrait faire.
« Héros ou vilain ? »
Jikan ne pouvait plus discerner le vrai du faux. Elle se doutait même que cet homme était réel. Il s'était surnommé Makoto alors qu'il sa voix ressemblait tant à celle de Bicalyss mais cela n'avait aucune importance pour elle puisque Jikan pouvait à peine noter son apparence dans son esprit, il n'était à ses yeux qu'une figure brouillée, comme un personnage dessiné grossièrement et gribouillé à l'encre noir. Il en était terrifiant.
Au lieu de répondre à sa question, Jikan demanda :
« Qui était Nai Nikutai ? »
Makoto se tut un moment. Puis, des mots à l'aspect véridique sortirent de sa bouche. Une volée de lettres noircies volèrent dans la pièce alors que sa phrase ponctuée d'une voix calme lui racontait une véritable qu'elle n'avait jamais su, une information sur ses chers amis, ceux qu'elle considérait comme sa famille.
« Nai Nikutai est mort et a ressuscité. La rumeur court que c'était son deuxième alter qui l'a sauvé mais c'est grâce à une amie proche de son père qui a sacrifié sa vie pour lui. Nai a ressuscité et la femme a subi le contre-coup. »
Il prit une pause, fermant les yeux, avant de reprendre d'une voix plus douce :
« Kensaku Nikutai n'a pas pu encaisser cela, puisque la femme était sa maîtresse. Pour qu'il n'ait pas à s'en rappeler, pour que les gens ne soulèvent pas le sujet encore et encore, il a prétendu que Nai avait un deuxième alter alors que cela défiait la logique. Ce deuxième alter n'avait rien avoir avec celui de Nai. C'est tout ce que je sais au sujet de Nai Nikutai, je ne pense pas pourquoi te donner plus d'informations. »
Jikan s'en souvenait. Plus il parlait, plus elle arrivait à rassembler les pièces du puzzle. Quand elle était plus jeune, elle avait lu une histoire invraisemblable, et de ce qu'elle se souvenait, qui ressemblait fortement à celle racontée par Makoto.
C'était bouleversant pour Jikan d'en apprendre autant sur lui. Mais cela n'effaçait pas la confusion et la colère dans son cœur quand elle repensait à Nai. Il l'avait trahi, manipulé et regardé pendant des années chercher après une menteuse pour des objectifs faux. Mais là encore, et si tout ce qu'avait dit Hideko était faux ?
« Maintenant que j'ai répondu à ta question, réponds à la mienne, Jikan. »
La jeune fille prit son menton en coupe alors qu'elle réfléchissait. Incertain, son regard dériva sur la masse brumeuse à coté d'elle. Et la réalisation lui vint. Jikan eut une idée et, plus elle y réfléchit, plus cela prenait du sens. C'était quelque chose qui ne lui avait pas traversé l'esprit si elle se souvenait bien.
Lorsqu'elle voulut répondre, Jikan fut interrompue par l'émerveillement alors que ses yeux capturaient de vue la peau visible de Makoto. Les yeux de ce dernier s'écarquillèrent alors qu'il couvrait rapidement son visage avec ses mains. Jikan passa doucement ses mains sur les siennes, l'incitant à laisser son visage à découvert, alors qu'elle retraçait la longue cicatrice sur son visage. Makoto détourna le regard, des yeux perçants et dorés paraissant soudain timides.
« J'ai perdu la notion du temps et mon alter faiblit, ne... Ne me regarde pas. Je sais que c'est laid.
- Ne cache pas ton visage. Ne cache pas ce qui te rend unique.
- On dirait que tu as compris que je suis ton... »
Makoto s'interrompit lorsque Jikan haussa un sourcil. Il rit nerveusement, posant ses mains sur ses siennes pour les éloigner de son visage. Un sourire penaud tira ses lèvres alors qu'il soufflait :
« Ton admirateur secret. Je t'ai toujours trouvé incroyable, Jikan. »
Mensonge, mensonge, criait l'esprit de Jikan. Mais celle-ci ne savait même plus si c'était bien le cas. Ce que elle croyait être un instinct vif ne lui criait que des idioties et mensonges contradictoires. Il l'avait fait quand Aizawa lui avait parlé et dit qu'elle pouvait se confier à lui. Elle ne pouvait plus faire confiance à personne, pas même à elle-même. Jikan sourit et détourna le regard.
« Je vois. Pour répondre à votre question, Makoto, je veux être le maître du jeu.
- Le maître du jeu ? »
Jikan passa doucement ses doigts dans des cheveux qu'elle avait coupé en carré. Ils étaient inégaux, de longues mèches coulant en vagues sur sa chemise blanche, et certaines bien plus courtes qui ne dépassaient même pas ses épaules. Elle se les était coupés un peu plus tôt avec un morceau de verre. Jikan ne supportait plus de se regarder dans un miroir à admirer un reflet qui ne lui appartenait même pas.
Et, à cause de son indécision à savoir si son visage était réel ou non, Jikan ne fit pas attention à la ressemblance entre ses traits et ceux de Makoto.
« Le maître du jeu est celui qui contrôle le jeu, d'où son nom. »
Jikan sauta du lit pour se placer près de la fenêtre. Elle avait fait sauter la fermeture un peu plus tôt pour l'ouvrir et respirer l'air frais de l'extérieur. A ce moment-là, elle ne s'était pas rendue compte de la horde de journalistes aux portes de l'immeuble. Jikan haussa un sourcil lorsqu'elle vit les héros peiner à garder la foule de journalistes.
C'était normal, pensa Jikan, qu'autant de personnes veulent en savoir plus à propos de l'étudiante de Yuei en connexion avec Another Try. Ils voulaient des informations, se mouvaient et hurlaient comme des animaux pour entrer et réclamaient pitoyablement un rendez-vous avec elle pour en apprendre plus sur Hideko. Encore une fois, ce n'était qu'un jeu ennuyeux d'esprit pour comprendre les intentions des journalistes. Elle était fatiguée de ça. Jikan balança une jambe par-dessus le cadre de la fenêtre, remarquant que personne ne l'avait remarqué, alors que Makoto se levait précipitamment de sa chaise.
« Jikan, ce n'est pas la solution. Nous pouvons parler.
- Comme vous devez le deviner, le suicide n'est pas mon intention. Cela ruinerait l'intérêt du joueur. Jikan doit être divertissante, elle doit toujours être divertissante.
- Le joueur ? De quoi est-ce que tu parles, avec ça et le maître du jeu ? Jikan, tout est réel, toi comme moi.
- C'est faux ! Jikan n'est pas une vraie personne, je ne suis qu'un personnage trop fade pour avoir mon propre nom. »
Makoto essayait d'approcher. Alors, à chaque pas qu'il fit, Jikan se pencha un peu plus. Ses yeux d'or brillaient d'ennui alors qu'elle lui ordonnait de rester sur place et Makoto acquiesça, levant les mains dans l'espoir de la calmer.
« Vous n'êtes pas réel... Je ne suis pas réelle non plus. Jikan est une invention aussi, nous le sommes tous et Jikan va continuer son rôle. Le rôle du protagoniste. »
Jikan leva son autre jambe et sourit paresseusement à Makoto.
Son ton était vide d'émotion, et, à travers le masque insouciant, Makoto pouvait entendre les pleurs dans sa tête. Les cris désespérés d'un être humain manipulé jusqu'à sa rupture émotionnelle et quand il essaya de lui parler, Jikan dit :
« Et je vais choisir mon propre joueur. »
Sur ces mots, elle tomba.
Sans un regard, Seishin Jikan disparut.
[ Monsieur Aizawa ? Mon rêve d'un monde de noirceur s'est enfin réalisé ! ]
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Vérité Falsifiée || My Hero Academia ||
Fiksi Penggemar「Héroïne ou criminelle ?」 Seishin Jikan n'avait jamais su donner de réponse claire à cette question pourtant si évidente pour tout ceux qu'elle a côtoyé, que ce soit des camarades de classe ou de simples voisins. 「Ce que j'ai perdu ne pourra plus ja...