THOMAS - Partie 3

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Thomas ne parle plus à ses parents, fils unique il leur en veux de ne pas lui avoir donner l'amour et l'attention nécessaire. Il les a effacés de son avenir. Et ce n'est pas plus mal. Bourgeois et hautains, priant le dieu des liasses et la déesse des patrimoines. Cette image l'écœure plus que l'injustice. Thomas n'a certainement pas hérité du comportement de ses parents. Certes, il appréciait ce qu'offrait la vie qu'il avait plus jeune. Les soirées durant lesquelles Thomas pouvait se faufiler pour goûter aux vices qu'il trouvait amusants. Les cadeaux et les beaux vêtements qu'il pouvait s'obtenir, même en dehors des anniversaires. Le confort de la demeure familiale, les chèques de papa pour payer les consultations et le séjour psy. Après ce jour-là, Thomas a compris qu'il n'avait pas besoin d'argent pour pouvoir respirer le même air que les autres. Alors il a décidé de se construire ailleurs, ou du moins d'éviter de s'écrouler aux pieds de ses chers parents. Même si le compte en banque de Thomas reçoit une jolie somme chaque premier du mois depuis qu'il a mis les deux pieds en dehors de la résidence. Il se refuse d'accepter les sourires hypocrites et les jugements désagréables de ses parents. Il n'avait pas besoin d'eux pour s'auto-détruire la première fois, il n'en aura pas besoin pour les prochaines fois non plus. Même si Thomas cherche quelques fois à aller mieux, il sait que c'est un avenir qu'il s'est refusé en enlaçant la mort. Ce qui est étonnant dans cette dernière phrase, c'est qu'il y a de la poésie. C'est un art de voir de la beauté là où tout le monde voit de la noirceur. Et ça, c'est quelque chose que Thomas sait très bien. Il n'est pas malveillant non, mais quand il voit quelqu'un pleurer, il n'est pas envahi par une peine collective. Et si quelqu'un parle de suicide, il ne l'encourage pas, seulement il sait voir où l'absence d'espoir peut mener. D'ailleurs Thomas pense que le suicide est une très belle manière de partir. Il pense qu'enfiler ses plus beaux sous-vêtements, s'habiller de sa plus belle chemise, mettre son plus beau pantalon chino et chausser ses plus chics chaussures ; boire assez d'alcool avec assez d'anti-dépresseur et assez d'anti-douleur ; se faire couler un bon bain avec le plus aiguisé de ses rasoirs sabres ; écrire de sa plus belle plume ses dernières volontés en écoutant le vinyle de son album de musique favori seraient la plus belle manière d'embrasser les lèvres de la mort. Il sait pertinemment que les scènes de suicide où le scénario n'est pas pensé avant ne vaut rien quant à l'art de se retirer la vie. Thomas n'a pas beaucoup de projets pour le moment, et celui de fonder une famille n'en fait pas partie. Non parce qu'il a peur de reproduire le schéma familial, mais parce qu'il sait comment il veut mourir. La peine endurée par ses proches n'est pas ce qu'il envisage pour son départ. Thomas se refuse à imaginer ses enfants et sa femme déversant leur chagrin sur son corps froid et inanimé. Pourtant Thomas aimerait beaucoup entendre les premiers mots de son fils Théo et regarder son aînée Lena courir dans le jardin avec le chien. Il aimerait voir le regard de sa femme se poser sur les lignes de ses livres. Mais quand Thomas cligne des yeux, ces bribes de rêves s'envolent. Car au fond de lui, Thomas a déjà choisi. Entre fonder une famille et partir quand et comment il le désire... Thomas a déjà marché sur les chemins de l'enfer, c'est quelque chose qu'il connaît.  

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