THOMAS

THOMAS - Partie 4 - Partie finale

Il sait que peut importe ses projets, un jour la vie qui le maintient ne vibrera plus. Et ce jour là il sait que plus jamais rien ne vibrera. Son âme se détachera de son corps et Thomas saura ce qu'il lui reste à faire.

En attendant cette heure Thomas continue ses rituels. Il marche en direction de la rivière, en arrivant il entend le vent souffler entre les feuilles des arbres. Ces arbres prennent racines au bord de la rive et longent la rivière. L'air est agréable, Thomas le ressent par l'énergie qu'il enveloppe. Il s'approche de l'eau, s'agenouille pour y plonger ses mains. Il les regardent à travers l'eau clair et fraîche ; il joue avec le courant et la sensation que cela lui procure. Thomas regarde pendant un bon moment les images qui se forment grâce aux reflets de l'eau. Il regarde tous les petits détails : Le dessin des branches, les contrastes dans le ciel, les quelques nuages qui passent. Mais quand Thomas croise son regard dans le reflet de l'eau il y voit quelque chose d'étrange, de différent. Il s'arrête pour fixer ce regard, son regard. Il voit une lueur blanche dans le coin de ses yeux, comme une larme qui cherche la meilleure trajectoire pour couler ou le reflet d'une pleine lune un soir au ciel dégagé. Ce qui perturbe Thomas c'est qu'il ne ressent pas la tristesse l'envahir. Il vérifie, à l'aide de son avant bras, mais aucune larme ne coule. Pourtant son reflet reste le même, la lueur reste au creux de ses yeux. Thomas lève les yeux vers le ciel mais cette nuit est un soir de nouvelle lune. Thomas ressent sur sa main gauche, toujours plongée dans l'eau de la rivière, quelque chose la saisir. Pourtant il n'y a rien au fond de l'eau. Son cœur commence à battre de plus en plus fort. Il ne perçoit rien dans l'eau et ne comprend pas pourquoi ses yeux brillent. Cette lueur devient de plus en plus intense. Et la pression qui maintient sa main sous l'eau s'amplifie. Thomas est incapable de bouger, d'ailleurs, il ne veux pas bouger. Il se laisse guider par les événements. Il commence à avoir une respiration saccadée, la lueur blanche dans ses yeux commence à s'estomper puis elle disparaît, Thomas récupère le pouvoir de bouger à nouveau sa main. Il approche son visage de l'eau pour comprendre ce qui vient de se passer mais il ne voit rien. Thomas commence tout juste à se redresser quand l'eau de la rivière commence à bouillonner, le courant s'est arrêté. Comme si le temps lui avait accordé un instant rien que pour lui. La curiosité et la peur de Thomas forment en lui un combat qui le pousse à s'approcher à nouveau de la surface. En une fraction de seconde, Thomas bascule dans la clarté de l'eau. Il se refuse à ouvrir les yeux et se force à ne plus respirer tandis que son corps coule dans les profondeur, des profondeurs qui physiquement n'existe pas. Après quelques secondes à couler, Thomas ressent sur ses deux épaules un contact qui l'oblige à ouvrir les yeux. Hypnotisé par ce qu'il voit il lâche prise et ouvre la bouche. Surpris par le fait de pouvoir respirer il inspire profondément sans s'étouffer.

L'être qu'il voit en face de lui n'est personne d'autre que lui-même. Il est un peu plus jeune, de quelques années seulement. Son autre s'approche de son oreille et lui demande de lâcher prise. Il le regarde à nouveau dans les yeux puis approche ses lèvres des siennes. Ce baiser créa autour des deux jumeaux une aura d'un sombre éclatant. Thomas ne peut ni se détaché de cette emprise ni s'empêcher d'embrasser ses lèvres. Après un échange de passion et de souvenirs, Thomas ressent une énorme douleur au creux de son bassin. Il se détache de sa propre emprise et regarde l'eau se tinté de rouge. Son passé venait de le poignarder. Thomas se sentait plus vivant que jamais, pourtant le fluide qui le faisait vibrer s'écoulait dans le bassin de ses sanglots. Avant de fermer les yeux pour une dernière fois, Thomas entend les mots de son double : '' Tu ne souffriras plus, je ne t'ai pas trompé. Sache que pour notre bien je prend le relais. ''

Thomas ouvre les yeux, il observe l'endroit où il se trouve : une bouteille de vin blanc vide est couchée sur le sol, des boites de comprimés vides roulent encore sur le parquet et du sang se déverse de ses poignets. Avant de lâcher prise il entend au creux de son oreille : '' Tu n'aurais pas du me poignarder, cette décision ne t'appartenait pas. ''.
C'est sur ces mots que Thomas perd le contrôle de vie ou de mort.

Valentin TREVIDY