Chapitre 56

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CHAN

Je sortais précipitamment du lit, la respiration saccadée. Je me rhabillai à la hâte, la gorge nouée, avant de sortir de la chambre, abandonnant Suhyun dans le même état que moi. Je dévalai les escaliers en courant, avant de saisir une veste et d'enfiler mes souliers. Les larmes dévalaient mes joues tandis que le froid me gelait les os. Je parcourais les rues en pressant le pas, le visage ruiné par les larmes qui gelaient contre ma peau. 

J'arrivai enfin devant la terrasse vide du Trèfle. Tout le monde était réuni à l'intérieur, où une musique festive était jouée de bon cœur. Pourtant, je pris place sur la terrasse froide. Une serveuse arriva, et je commandai une peinte de bière. Puis, mon regard se dirigea vers le ciel noir. Les étoiles ne brillaient pas. Sans doute étaient-elles cachés par de lourds nuages. Je laissai échapper un soupir tremblant, alors que la boule dans ma gorge grossissait de plus en plus, m'empêchant presque de respirer. 

La serveuse apporta ma boisson, et je m'empressai d'en vider le contenue. Une chaleur confortable s'installa aussitôt dans mon ventre. Plus les verres vides s'accumulaient, et moins le poids de mes soucis était important. Mais les larmes, elles, ne cessaient de dévaler mes joues, comme si mon corp se devait de me rappeler la souffrance que mon esprit s'efforçait d'oublier. Mon regard restait fixé sur le ciel sombre au dessus de moi. J'avais chaud, malgré le froid polaire ambiant. Je voulais qu'il soit là. À mes côtés. Maintenant. Et je m'en voulais. Beaucoup. Je savais que lui ne m'en voudrait pas. Mais moi, je m'en voulais. 

Comment pourrais-je vivre, dans le future ? Voir tous les jours cet enfant qui me rappellerait cet acte que je regrettais amèrement. Et cet enfant. Comment vivrait-il avec un père qui trompait ouvertement sa femme ? Avec un père qui ne pourrait pas le voir sans que ses démons ne ressurgissent ? Avec un père non-présent sur lequel il ne pourrait jamais s'appuyer ?

Soudain, les étoiles apparurent. Je plissai les yeux. Elles tombaient. Les étoiles tombaient. Elles se faisaient de plus en plus nombreuses, de plus en plus grosses. L'une d'entre elles s'écrasa sur mon visage pour venir instantanément se fondre à mes larmes. Je souris. C'était doux. J'avais envie de voir d'où elles venaient. Mais j'avais beau essayer, je ne distinguai que le vide. Encore et encore. Le vide au dessus de ma tête. Le vide duquel tombaient les étoiles. 

Mais ces étoiles-la ne brillaient pas. Elles étaient froides. Le feux qui autrefois les faisait briller était maintenant éteint. C'était une pluie d'étoiles mortes. Froides et ternes. Elles commençaient à recouvrir les rues, tel un tapis de cendre. Et elles tombaient. Inlassablement. Sans jamais s'arrêter. La table devant moi était presque entièrement blanche. Les autres clients commençaient à partir. Mais moi, je n'avais pas envie de bouger. J'étais bien, là. Au milieu de la pluie d'étoiles mortes. Cette nuit, elles ne dansaient pas. Cette nuit, elles mourraient. Et, silencieusement, sans déranger personne, elles se déposaient sur la terre pour disparaitre. Aussi gracieusement que des danseuses, elles chutaient jusqu'à s'éteindre. 

Et moi, je pleurais. Encore et encore. Encore et toujours. Sous cette pluie d'étoiles froides. Mes larmes gelaient sur mes joues rougies. Puis, le noir pris possessions de mon être. Je luttais, en vain. Et, bientôt, je me laissai aller. J'abandonnai, me laissant porter dans les méandres du vide. Sombrant dans l'inconscience. Pour qu'enfin, je me repose.

𝐖𝐡𝐲 ° Stray Kids 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant