Chapitre 2

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Be yourself, everybody else is already taken. - Oscar Wilde

Je laissais mes pensées divaguer sur les quelques choses qui me manquaient ici, dans cet hôpital froid et triste. Mon lit fut le premier objet qui me vient à l'esprit, je n'aimais pas les lits d'hôpitaux, ils étaient durs, inconfortables. Ce qui me fit m'interroger sur comment mon compagnon de chambre pouvait dormir aussi profondément sur de tel lit. Depuis mon arrivée il n'avait pas ouvert les yeux, l'infirmière m'avait informé qu'il avait subi une lourde opération. Elle n'avait rien voulu me dire de plus malgré mon insistance. Je m'ennuyais, le sommeil ne venait pas. Le temps passait lentement, je n'attendais que les résultats de mes nouvelles prises de sang pour rentrer chez moi. Les premières avaient montré une augmentation de mon taux d'anémie, rien de trop inquiétant pour moi mais suffisamment pour que les médecins décident de me garder pour la nuit. J'aurais pu résumer ma vie avec une journée comme celle-ci, seule, malade et ennuyante. Heureusement je trouvais du réconfort dans la lecture et la musique, ces deux activités me permettaient de vivre à travers d'autres personnes, de vivre des aventures et de ressentir tellement d'émotions qui m'étaient inconnues. La maladie m'avait déjà tuée, ma vie était déjà détruite peu importe ce que mes proches pouvaient en dire. Je ne savais rien de la vraie vie, je n'avais rien vécu, je n'avais rien testé. Je savais que les erreurs se faisaient à l'adolescence, que c'était à mon âge que l'on expérimente certaines choses, que l'on aime, que l'on déteste. Je n'avais rien de tout cela, rien. Ma maladie m'avait tout pris, elle m'avait enlevé le droit de vivre. Je survivais même vide pour ma famille, pour mes frères, pour mes parents et pour Ellen ma seule amie.
J'allumais la lumière, Sam Smith dans les oreilles et Marc Levy dans les mains je comptais faire passer le temps plus rapidement pour rentrer chez moi et pouvoir enfin dormir. Je commençais à peines ma lecture quand un bruit m'interpella. Je ne compris pas toute suite l'origine du bruit, puis je me souvins que je n'étais pas seule. Mon voisin de chambre commençait à se réveiller, il avait ce que les médecins appelaient un réveil difficile, agité. Je ne saurais pas dire pourquoi ni comment mais quelque chose en moi me dit me lever, malgré les nombreux conseils des médecins, pour aller près de mon voisin qui sortait enfin du sommeil.

- Bouge pas trop tu es encore sous perfusion. Lui conseillais-je.

Bien entendu il continua de bouger dans tous les sens. Je dus tenir sa couverture et essayer de le maintenir en place, les infirmières n'arrivant pas. Heureusement pour moi, il se calma au bout d'une bonne minute, mais il aurait peut-être été préférable qu'il reste endormi, ces premières paroles n'étant pas particulièrement amicale à mon égard.

- T'es qui toi ? dit-il en ouvrant les yeux.

Son ton me refroidit malgré la fatigue qu'il tentait de cacher et je retournai dans mon lit en lui murmurant sa réponse :

- Ta voisine de chambre.

Je m'allongeai à nouveau sous mes couvertures et continuai à lire ignorant le garçon du lit d'à côté.

- Putain, il est quelle heure ?
- 2h du matin.

La réponse à sa question était sortie sans mon autorisation. Je n'aimais pas sa façon de parler mais je voulais en savoir plus, je voulais le connaître. Il était mon contact avec l'extérieur et quelque part j'avais besoin de lui parler pour en apprendre sur les autres adolescents. Je voulais savoir ce que c'était d'être jeune et de profiter de la vie. Je l'entendais souffler et se plaindre de la douleur. Il grommelait tout un tas d'insultes alors que j'essayais de rester concentrer sur mon livre. La tentation de lui poser une question était forte, il ne cessait de se plaindre et de faire du bruit. Je voulais être curieuse, mais son comportement m'intimidait légèrement, je n'osais pas aller vers lui, comme si il était un roc contre lequel je risquais de me briser. Je l'observais du coin de l'œil en espérant qu'il fut trop occupé à se battre avec sa couverture pour faire attention à ma présence. Je pensais être discrète quand sa réflection vint faire rougir mes joues.

La maladie du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant