Chapitre 3

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"I have to remind myself to breathe - almost to remind my heart to beat." Wuthering Heights.

Nous étions dans la voiture de mon frère en direction de notre grande maison. Je n'avais pas parlé depuis que nous étions sorti de l'hôpital, je n'en avais pas envie. La seule chose dont j'avais vraiment besoin maintenant, était de dormir. Je ne voulais pas le montrer mais j'étais épuisée, les nuits blanches étaient comme un poison pour ma santé. J'aurais presque pu dormir dans la voiture si il n'y avait pas cette chanson d'Ed Sheeran qui résonnait dans l'habitacle. Je voulais retrouver mon lit mais je savais qu'avant cela j'allais devoir affronter une autre épreuve, mes parents. Ils pouvaient être gentils comme têtus. Ils n'avaient jamais réussi à me comprendre, ils n'arrivaient pas à expliquer mon comportement et mes décisions. La confiance n'était plus d'actualité entre nous, ils ne m'écoutaient plus. La vie de toute la famille tournait autour de mon état de santé, je ne rêvais que du jour où les médecins entreraient dans ma chambre, un sourire immense, pour m'annoncer que tout était fini. Ce n'était qu'un rêve, au contraire dès les premiers jours ils m'avaient fait comprendre que j'y resterai et je m'étais habituée à cette idée, mourir. Mon frère coupa le moteur de la voiture, et je me rendis compte que nous étions déjà arrivé à destination. Mes yeux se fermaient d'eux même et je peinais à rester éveillée.

- Je voulais pas t'épuiser Joan... Je suis désolé.

Je ne pris pas la peine de répondre à mon frère. Il pensait ce qu'il disait mais j'étais ailleurs, perdue dans mes pensée et occupée à luter contre le sommeil. Je sortis de la voiture et il m'aida à marcher jusqu'à la porte d'entrée. A peine étions nous à l'intérieur que j'entendis les pas précipités de mes parents dans l'escalier. Je sentais mon corps tomber un peu plus de fatigue à chaque seconde. La fatigue était devenue insoutenable en quelques minutes. Je vis mes parents s'approcher de moi, leurs visages trahissant leur inquiétude et leur bouche prête à s'ouvrir et à laisser des reproches s'échapper. Je ne voulais pas les entendre, non je voulais juste dormir. Dormir simplement, dans mon lit, entourée de mes peluches et enroulée sous ma couette. C'était dur de rester debout, un regard a suffit et je suis montée dans ma chambre pour enfin dormir.

***

Mes yeux s'ouvrirent lentement sans mon autorisation sur un visage familier. Il me fallu quelques secondes pour me souvenir de m'être effondrée de sommeil sur mon lit et quelques autres pour me remettre ce visage sur celui de ma meilleure amie, Ellen. Ma seule amie pour être exacte, je ne pouvais pas m'en plaindre, elle était la seule amie dont j'avais vraiment besoin. Elle me souriait et ses yeux me lançaient un regard que je connaissais bien, celui de "j'ai tellement de choses à te raconter". J'essayais de lui rendre son sourire mais je ne pus faire qu'une demi-grimace qui devait être horrible puisqu'elle rit immédiatement.

- Enfin debout marmotte ! Grouille mon cousin est en bas, j'ai pas eu le choix. Va t'habiller !

J'aimais Ellen pour cela. Elle me traitait comme n'importe qui d'autre, avec elle je n'étais pas malade et j'aimais cette sensation. Elle ne tenait pas compte de ma fatigue, ni même de ma pâleur, elle se fichait bien de toutes ces choses que ma famille relevaient chaque jour. La seule chose qui l'importait, était de me voir vivre. Vivre comme chaque adolescent sur cette terre, sourire et sortir. Bien que je refusais souvent cette dernière activité. Je me levais lentement, encore bien trop fatiguée pour affronter le dynamisme de ma meilleure amie. Je pris mon temps dans la salle de bain, coiffant mes cheveux et choisissant un jean approprié. Je l'entendais trépigner derrière la porte me pressant de sortir.

- J'arrive, j'arrive Ellen ! je lui criais toutes les cinq minutes.
- Ce que tu peux être longue ! répondait-elle.

Je me regardais dans le miroir pour y voir encore et toujours ce visage au teint blafard et ces joues dénuées de couleur. Je pourrais presque faire peur, rien ne respirait la vie chez moi. Tout semblait mourir, ce qui n'était pas totalement faux. J'appliquais un peu de mascara sur mes cils pour essayer de sauver ce désastre mais cela ne changerai pas beaucoup mon apparence général. Je sortis ensuite de la pièce au grand soulagement d'Ellen.

La maladie du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant