Chapitre 13

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L'annonce de Kingsley figea totalement Hermione. L'esprit anesthésié, elle eut un hoquet surpris et murmura.
- Pardon ?
Le Ministre soupira.
- Le fait est que Lucius Malefoy est un prisonnier modèle et semble sincèrement repentant. Il demande à sortir d'Azkaban mais ne refuse pas une mise à l'épreuve ou toute autre contrainte en... punition de son passé agité.

Hermione laissa échapper un rire grinçant, légèrement cynique.
- Bien sûr. Il est doué pour se glisser hors des mailles du filet ce foutu serpent. Et donc, je suis chargée du dossier ? Moi ?

Kingsley soupira et se frotta le visage.
- Je sais que tu as un passif avec la famille Malefoy, mais tu es probablement la seule de ce Ministère à être capable de te montrer totalement objective. Les uns sont avides de revanche et de faire tomber le grand Lucius Malefoy à terre... les autres se souviennent de ses largesses et sont prêt à lui offrir une chance de s'en sortir moyennant compensation.

Hermione grimaça, consciente de la justesse du raisonnement de Kingsley. Lucius Malefoy avait été un homme influent, un homme de pouvoir, et visiblement il espérait que ses anciennes relations se souviennent de lui.
Elle demanda, d'une voix neutre, prise d'un terrible doute.
- Depuis combien de temps ? Quand a-t-il demandé à être libéré ?

Kingsley soupira et remua quelques papiers sur son bureau avant de lui répondre, tranquillement.
- Environ deux mois.


Hermione eut l'impression que son sang se gelait dans ses veines. Deux mois. Juste avant l'envoi du premier bouquet de fleurs, avant l'opération séduction menée par Drago.
Soudain, elle eut la nausée. Elle s'était laissé avoir, elle était tombée dans le piège de ce foutu serpent un peu trop séduisant.

Il s'était montré charmant, il l'avait séduite probablement dans le but de l'amadouer et de la rendre plus amicale envers son père.
Avait-il prévu de lui demander de faire un geste ? Probablement pendant leur dîner, lorsqu'il l'aurait piégée avec ses baisers et ses paroles douces...


Elle se redressa, le visage fermé. Toute sa bonne humeur avait disparu, et il n'y avait plus en elle que le sentiment amer de la trahison. Elle avait envie de se terrer dans un coin pour y laisser libre cours à sa colère et à son chagrin.
- Faites moi envoyer son dossier complet, Kingley. Je l'étudierai.

L'homme eut un bref sourire et une lueur de gratitude passa dans ses yeux.
- Je te remercie Hermione. Tu ne peux pas savoir quel service tu me rends.
La jeune femme hocha la tête, mécaniquement et se força à sourire.
- Autre chose, Kingsley ?
- Non. C'est déjà un énorme service que tu me rends...
- C'est mon travail...


Elle salua le Ministre d'un signe de tête, et quitta le bureau sans tarder. La jeune femme ressentait le besoin pressant d'être seule, de pouvoir réfléchir en paix.
Contrairement à son habitude, elle parcourut les couloirs rapidement, sans saluer personne, sans s'arrêter pour discuter. Lorsqu'elle arriva dans son bureau, elle signifia juste à Marlène qu'elle ne voulait voir personne, sous aucun prétexte, et elle s'enferma.


Enfin seule, elle sentit ses yeux la brûler, et elle les frotta vivement d'un geste rageur. Elle se refusait à verser la moindre larme pour Drago Malefoy. Ou plutôt à cause de lui.
Il s'était joué d'elle, encore une fois. Il avait fait croire qu'il avait changé, en mieux. Qu'il était devenu fréquentable. Mais en cet instant, elle avait envie de le frapper, comme elle l'avait déjà fait autrefois.

Elle souffla lentement, et en se laissant tomber sur son siège à son bureau, elle remarqua une unique rose rouge posée sur le sous-main. Une rose écarlate, magnifique, parfaite.

Elle hoqueta et réprima l'envie de la détruire immédiatement. La jeune femme supposait que tant que Lucius n'aurait pas reçu de décision définitive quand à sa libération, son fils continuerait son entreprise de séduction pour la faire plier. Pour l'amadouer.
Bien évidemment, elle se doutait que le vil serpent ne lui demanderait rien. Il s'arrangerait juste pour l'émouvoir, la manipuler.

La tige de la rose entre les doigts, contemplant la fleur d'un air morne, elle décida de rendre coup pour coup. Elle avait peut être été une Gryffondor naïve et manipulable autrefois. Son poste au Ministère cependant, lui avait appris la ruse. Elle pouvait être retorse quand la situation l'exigeait, et Drago Malefoy se rendrait rapidement compte qu'il avait eu tort de vouloir jouer ce petit jeu avec elle.


Une fois encore, elle métamorphosa un vase, et posa la fleur sur son bureau, juste devant elle. Ce serait un rappel perpétuel de la trahison qu'elle venait de vivre, un rappel pour qu'elle se méfie dorénavant. Elle garderait cette fleur aussi longtemps que possible, pour être certaine de ne jamais oublier.

Elle laissa échapper en ricanement amer, en constatant que la nouvelle l'avait guérie de son obsession malsaine pour Drago. Elle avait peut-être succombé à son charme brièvement, mais c'était terminé. Il pouvait se présenter devant elle, elle resterait de glace.

Avant de se remettre au travail - rien de tel qu'une déception amoureuse pour booster sa productivité - elle sortit un parchemin et se prépara à écrire un mot impersonnel pour annuler le dîner. Cependant, sa plume se stoppa, et elle se mordilla la lèvre.

Elle pouvait signifier à Drago Malefoy qu'il n'avait plus aucune chance de s'approcher d'elle. Elle pouvait annuler le dîner, lui renvoyer tout ce qu'il aurait l'idée de lui envoyer. Lui fermer sa porte.
Ou elle pouvait le laisser faire. Aller à ce foutu dîner, le laisser commencer son numéro de charme. Le regarder la couvrir de compliments, puis l'humilier en le rejetant.

C'était une vengeance mesquine, le genre de choses qu'elle n'aurait jamais imaginé faire un jour. Et pourtant... et pourtant, la trahison lui faisait si mal qu'elle avait envie de le mettre à terre. Elle voulait le blesser autant qu'elle avait été blessée.

Repoussant le parchemin, elle décida d'attendre avant de prendre une décision. Il lui restait encore deux jours pour déterminer ce qu'elle allait faire.
En attendant, elle allait faire en sorte d'être injoignable pour Drago Malefoy. Il ne pourrait pas venir et essayer de l'attendrir, il ne pourrait pas l'approcher.

Hochant la tête, Hermione ouvrit son premier dossier et se plongea dans le travail, bien décidée à oublier tout le reste.

Une affaire de désirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant