Une affaire de désir

Chapitre 23

Puisque ses vêtements étaient quelque part dans le salon, abandonnés durant leur petite soirée, Hermione emprunta un tee-shirt et un caleçon à Drago, maudissant son meilleur ami de son arrivée trop matinale alors qu'elle ne rêvait que de retourner sous la couette avec le Serpentard qui l'obsédait. Et d'une douche brûlante - avec si possible un certain blondinet pour lui frotter le dos.

Drago détailla la Directrice de la justice magique, vêtue de vêtements à lui trop grands pour elle, le visage encore chiffonné de sommeil mais l'air heureux. Une vague de désir le submergea presque, mêlée à de la tendresse et de la possessivité.

Hermione Granger était présente dans sa vie depuis si longtemps... Au début, il s'était naïvement convaincu qu'il lui donnait de l'attention uniquement parce qu'elle était amie avec Harry Potter. Le fait qu'elle soit brillante - plus que lui - n'entrait pas en compte.
Ensuite, elle l'avait frappé - après des années il pouvait avouer qu'il l'avait largement mérité - et il avait cru que c'était pour cette raison qu'il se focalisait autant sur elle. Il clamait qu'elle était une insupportable Miss-je-sais-tout, mais parfois, il l'admirait malgré lui pour sa ténacité et son courage sans faille.

Tout avait basculé ensuite. Pas quand il avait été marqué malgré lui. Ni quand il avait fait entrer les Mangemorts et échoué à tuer Dumbledore. C'étaient des moments terribles qui lui donnaient encore des cauchemars, bien évidemment. Cependant, l'instant précis où il avait compris ses erreurs avait eu lieu après.
Le jour où les rafleurs avaient traîné l'insupportable trio de Gryffondor au Manoir Malefoy.

Ce jour-là, en croisant le regard émeraude de Potter - il l'avait reconnu immédiatement - il avait compris qu'il s'était fourvoyé. Et en voyant Hermione Granger se débattre, fière et combative comme une amazone, son cœur s'était serré.
Sur le moment, il avait cru que c'était juste de la compassion pour une camarade.

Il avait gagné du temps pour protéger Potter au mieux, pour qu'il puisse gagner la guerre un jour, mais aussi parce qu'il savait qu'à l'instant où sa tante cinglée saurait qu'elle avait Harry Potter entre ses mains griffues, elle tuerait Hermione Granger la Sang-de-Bourbe.
Bellatrix avait alors commencé à la torturer en riant, voulant lui arracher la localisation du précieux sauveur. Hermione avait hurlé à s'en briser la voix, elle avait sangloté, mais elle n'avait rien dit.

Lui avait cru qu'il allait vomir en l'entendant hurler. Il avait eu stupidement envie d'intervenir. De se jeter sur elle pour la protéger de son corps. Mais il était un trouillard, un faible, à l'époque et il avait juste assisté à cette scène qu'il ne pourrait jamais ôter de sa mémoire, priant pour un miracle.

Et le miracle avait eu lieu. Harry Potter avait sauvé ses amis, il avait voulu lui dire de prendre soin d'elle... mais ces mots ne passeraient jamais la barrière de ses lèvres. Il aurait pu être mis à mort pour ça.

Quelque part en chemin, la haine pour la Sang-de-Bourbe s'était muée en admiration pour la femme forte qu'elle devenait. Pour la guerrière.

Après la guerre, il avait cessé de penser à elle. Il avait affronté son procès, repris sa vie en main, s'était occupé avec brio des affaires de son père. Il avait prouvé qu'il avait appris de ses erreurs, et qu'il n'était plus le gamin paumé qui avait tendu le bras pour être marqué pour sauver ses parents.

Quelque part dans l'équation était arrivé Potter. Comme un chien dans un jeu de quilles.
Ils étaient devenus amis, parce que le foutu Gryffondor était têtu. Très têtu. Ils avaient enterré le passé, avaient commencé à traîner ensemble, à écumer les soirées. Ils avaient bu ensemble, avaient pris des cuites mémorables. Ils s'étaient raconté leurs vies.
Et le jeune homme lui parlait de ses amis. De la belette qui était devenu Auror. De Hermione qui avait préféré sa carrière à son couple... De leur trio, qui avait survécu au temps, à la guerre et à une histoire d'amour ratée.

Lorsqu'il avait croisé Hermione au Ministère, le passé était revenu en force. Dans un premier temps, il avait pensé qu'il ne pourrait pas supporter de la voir chaque jour ou presque, vivant rappel de ses fautes. Puis, il avait commencé à l'admirer ouvertement, sans se soucier de ce que pourraient penser les autres.
Elle était une amazone, fière et décidée. Elle surmontait tous les obstacles. Et il rêvait d'elle, jour après jour.

Un jour où il était ivre, il l'avait avoué à Potter, et au lieu de le frapper, ce dernier - aussi ivre que lui - lui avait conseillé de tenter sa chance. De la séduire.
Il l'avait pris au mot, cessant les histoires d'une nuit pour se concentrer sur Hermione Granger. Il l'avait observé, il lui avait envoyé des fleurs et il avait flirté avec elle. Il avait aimé la découvrir si réceptive, si passionnée.

Lorsqu'elle lui avait parlé de la libération de son père, il avait cru que le monde s'effondrait autour de lui. Alors qu'il avait une chance d'être heureux, une fois de plus les choix stupides de ses parents venaient tout chambouler.

Il avait réellement cru qu'elle allait partir, le laisser planté là, avec son dîner soigneusement préparé. Elle était restée, pourtant, et ils avaient oublié de manger. Ils avaient enfin assouvi cette faim de l'autre, même si Drago pensait qu'il ne serait jamais rassasié d'elle. De son corps, de sa peau douce, de ses gémissements qui lui embrasaient les reins.
Il avait aimé se réveiller avec ses côtés et il espérait que ça se reproduirait. Et il découvrait qu'il aimait la voir habillée de ses vêtements, trop grands pour elle, qui lui donnaient un air fragile.

Ils n'étaient pas seuls et il était certain que Potter commençait à s'impatienter dans le salon, même si Théo devait s'employer à le calmer. Pourtant, il avait envie de la déshabiller et de la caresser, avant de lui faire l'amour encore une fois. Il voulait marquer sa peau de son odeur, pouvoir dire qu'elle était à lui.

Avec un léger soupir résigné, il enlaça ses doigts à ceux de la jeune femme et la tira contre lui. Il dégagea une mèche de cheveux de son visage et l'embrassa, avant de lui adresser un léger sourire.
- Prête ?