The Last Sword

La marque

Je me réveille lentement. Il fait froid ce matin. Un matin d'hiver en somme. Le vent souffle au dehors. Il arrache au passage des cris de lamentation dans la vieille bâtisse où je réside. Les murs sont tellement vieux que la moindre brise semble blesser un peu plus les murs déjà usés par le temps. Si j'avais un peu plus d'argent je logerais surement ailleurs. Mais cet argent je ne l'ai pas alors je compose avec ce que j'ai. 

Un rapide coup d'oeil au radio réveil m'indique qu'il n'est que 5h du matin. À quoi bon tenter de me rendormir ? Dans une vingtaine de minute l'alarme se déclenchera, annonçant le début d'une journée qui s'annonce une nouvelle fois d'un ennui mortel. 

Je ferme les yeux un instant. Inspirant profondément j'essaye de faire le vide dans mon esprit comme me l'avait conseillé ma meilleure amie. Me focalisant sur l'énergie emmagasinée, j'imagine une forme. Quelque chose de simple. Instinctivement j'ai pensé à un lapin. Un petit animal doux, soyeux et facile à s'imaginer. En ouvrant les yeux, je vis devant moi un mignon petit lapin se dandiner dans les airs. Il a l'air tellement réel, outre son aspect fantomatique. 

Je tends les mains comme pour le prendre dans mes bras tout en sachant que je ne pourrais pas le saisir. Le lapin incline la tête puis se presse vers moi comme un enfant cherchant à retrouver sa maman. Son aspect vaporeux aura raison de lui. Alors qu'il s'apprêtait à venir vers moi, ma magie s'affaiblit un peu plus. L'illusion se dissipe peu à peu et moi je soupire de dépit. Encore un exercice raté. 

Mes bras tombent d'eux même sur la couette. Leur poids tels un corps inerte vient remuer un instant la surface mi dure mi souple qui me sert de matelas. L'ambiance pesante de ma chambre me fait lourdement hésiter. Devrais-je sortir ou bien rester ici à me morfondre dans le noir ? Que ce soit dans l'un comme l'autre des cas, il y aura toujours une personne pour me critiquer. 

Je me redresse lentement avec toute la peine du monde. Dire qu'il y a encore cinq ans en arrière j'étais un jeune prodige, l'une des meilleures élèves de l'Académie de Magie. Maintenant je ne suis que l'ombre de moi même. 

Je soupire tandis que mes mains viennent attraper l'arrière de mon crâne. Mes doigts s'agrippent dans ma chevelure argentée, cherchant à enfoncer mes ongles dans mon cuir chevelu. Comment en suis-je arrivée là ? 

Il y a bien une explication mais personne ne veut l'entendre. Lors de la dernière Guerre Sainte, le gagnant Tokiomi Tohsaka, a remporté le Saint Graal. Je ne sais pas si c'était ce qui était censé se produire mais le reste de mon hypothèse est bien plus sombre que je ne veux le faire croire.

Lorsqu'on me demande Et alors ? En quoi cela justifierait ton état ? ,  je répondrais ceci : 

J'ai été l'une des cobayes de Tokiomi Tohsaka. 

Même si la famille des Tohsaka est puissante, ma famille, celle des Silverheart était son égal voire la surpassait. Mon père était un membre haut placé de l'Ordre des Magiciens. Ma mère enseignait à l'Académie de Magie et était l'une des plus apprécies dans le cercle des enseignants. Quant à moi, j'étais un prodige en devenir. Jusqu'à ce que Tokiomi Tohsaka en décide autrement. 

Il faut savoir que Tokiomi Tohsaka est un homme avide de connaissances et de pouvoir. Pour lui le savoir c'est le pouvoir. Bien que dans certains contextes cet adage soit vrai, en ce qui concerne Tokiomi Tohsaka ce fût le début de sa perte. Ce prétendu alchimiste qui cherchait à garder le Saint Graal près de lui afin d'en synthétiser l'essence et de le reproduire avait oublié une chose : on ne peut pas tout créer. Une soir donc, il me fit enlever sous les yeux de sa fille Rin. Je fût jetée dans un cachot inconsciente. À mon réveil, un brassard et du matériel semblable à celui de don de sang était déjà présent. Il n'avait pas perdu de temps. Le liquide rouge coulait déjà remplissant quelques flasques ça et là.  J'avais beau me débattre, j'étais trop faible pour pouvoir utiliser ma magie car elle coulait dans mes veines. Littéralement.