Un départ précipité

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Chapitre V : Un départ précipité

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« Et tout se passe bien avec ton oncle ? Il s'occupe bien de toi ? »

Livaï leva les yeux au ciel à cette question. Il se retint de sortir une remarque désagréable comme quoi il n'avait besoin de personne pour prendre soin de lui, et se contenta d'hocher la tête.

Au lycée, les nombreux oublies de Kenny, que ce soit de payer la facture de la cantine, les activités scolaires, le matériel ou encore chercher son neveu lorsque c'était nécessaire, avaient été remarqués. Le principale, par précaution, avait prévenu l'assistante sociale. Après tout, c'était son rôle de prendre soin de ses élèves, et il voulait être sûr que ce garçon si introverti qu'était Livaï n'était pas maltraité. C'était pour cela que cette femme en tailleur noir avec un chignon sévère sur la tête se trouvait face au noiraud au salon, assise en face de lui dans un fauteuil en cuir noir. Encore une merde en plus.

Kenny, nerveux, était dans la cuisine. Il n'était pas fait pour gérer un gosse. Encore moins un gamin aussi caractériel que Livaï. Mais il l'aimait, il était sa seule famille et il voulait vraiment bien faire. Pourtant il avait enchainé les bourdes. Comment Kuchel avait pu être si présente dans la vie de Livaï alors qu'elle était seul à s'occuper de lui ? C'était invraisemblable. Lui, il n'arrivait à rien. Ni à comprendre ce gosse, ni à se souvenir de ce qu'il devait faire pour lui. Et avec son seul salaire, il était vrai que subvenir aux besoins de Livaï commençait à devenir compliqué... Mais hors de question de le laisser en famille d'accueil ou en orphelinat. Kenny avait fait cette promesse à sa sœur et ferait tout pour la tenir.

Après avoir posé des questions au noiraud pendant presque une heure, la quarantenaire brune aux allures strictes s'était levée pour parler un peu à Kenny avait de repartir avec les notes qu'elle avait prise. Rien de grave : elle lui avait fait quelques rappels sur ce qu'on attendait du rôle de tuteur, sur ce qu'il risquait de se passer s'il n'arrivait pas à s'occuper de son neveu.

Le reste de la soirée avait été lourde, morose, le repas s'était déroulé dans un silence glacial. Le reste du monde savait que Kenny s'occupait mal de Livaï. Ce dernier en voulait toujours à son oncle. Mais il ne voulait pas lui jeter la pierre, ça ne servirait à rien. Il faisait de son mieux, il le savait.

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« C'est quoi ce truc, le nouveau ?

-C'est une antiquité ! »

Livaï leva les yeux sur Gelgar et Nanaba, assis près de lui à une table dans les couloirs. Même s'il était là depuis quatre mois, le surnom « le nouveau » lui était resté. Il n'y avait rien de méchant dans les paroles des deux adolescents, juste de la curiosité. Nanaba et Gelgar étaient deux des rares personnes avec qui il avait sympathisé. Tous deux étaient dans le cercle d'ami de Hange, et même si Livaï était très loin de leur partager ses secrets, leur présence ne le dérangeait pas.

Ils avaient tous les trois une heure de creux avant leur prochain cours, ils avaient donc décidé de s'installer à une table pour s'avancer dans leurs devoirs. Enfin, du moins pour la blonde et le brun. Le noiraud, lui, comptait bien écouter une cassette de Erwin avec l'appareil qui fascinait tant ses amis.

« C'est un walkman. » répondit simplement Livaï en branchant ses écouteurs au boîtier rose pâle.

Nanaba observa l'appareil entre les mains larges du jeune homme avec un sourire amusé, se demandant bien ce que contenait la casette qu'il venait d'entrer dedans, sortant son cahier d'anglais et sa trousse sans pour autant poser de question. Gelgar, déjà concentré sur ses maths, ne fit pas attention à eux.

Son HistoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant