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Blue - Elina

Quand John claque la porte de chez lui, il est toujours en sueur. Il vient de quitter Jimmy et a demandé à Seijin, son garde du corp attitré de l'accompagner. Celui-ci est arrivé en même temps qu'Éric dimanche. Seijin a attendu tout ce temps au coin de la rue du studio de danse dans une voiture de l'agence. John sait que Seijin ne posera pas de question, même si ça l'ennuie de lui faire prendre des risques pour son travail.

John a encore la vision de Jimmy resté seul là-bas après son départ. Ça lui brise le cœur. Il sait que Jimmy est triste, mais John n'a pas trouvé d'autre moyen de le préserver de toute cette folie. Comment réagirait Jimmy s'il savait tout ? S'il apprenait que son artiste favori était proche de lui depuis 10 jours. Qu'il lui a menti. Qu'il l'a embrassé ! John est nerveux. Il ne sait plus trop où il en est, ni comment gérer tout ça. Il a l'impression de se sentir vide. Totalement dénué de sensation ou d'émotion. Il aimerait téléphoner à Jimmy et lui dire qu'il ne veut qu'une chose, changer de vie et aller en ville avec lui ce soir, pouvoir sortir et dire au monde entier à quel point Jimmy mérite le meilleur dans ce monde. Mais ce n'est pas possible.

Il fronce les sourcils.

Jamais, ça n'arrivera. Il se fera déchirer par les médias et les fans. Nous ne serons jamais en sécurité.

Et puis, ils ne se connaissent que depuis quoi, deux semaines ? C'est complètement fou. Comment peut-il se retrouver dans cette situation ? Comment en sont-ils arrivés là ? Il n'est même pas sûr d'aimer les hommes. Il n'a jamais été attiré par un, avant. Qu'est-ce que ça fait de lui ? Est-il gay ? Il n'y connait rien en relation. C'est minable, vraiment. Il pose sa tête derrière la porte.

Qu'est-ce que je vais faire?

— Je peux savoir où tu étais ?

Oh oh. John n'aime pas ce ton. Éric n'est pas content. En effet, lorsque John ouvre les yeux, son manager est là, les bras croisés.

— Tu avais disparu. Seijin aussi. Tu ne m'as pas dit que tu sortais. Tu sais très bien la procédure dans ce cas-là.
— Tout dans la vie n'est pas que procédure, Éric.

L'aîné tique sous le manque de la formule de respect dans la phrase. Le « hyung » à la fin. John se débarrasse de sa veste, de sa casquette et de son masque avec virulence.

— Tchk... Tu crois que ce ton va t'aider ? Tu sais que tu n'as pas le droit de sortir et même si tu dévies la procédure, tu sais bien que tu dois au moins me le dire. J'ai eu peur !
— Seijin était avec moi, je ne suis pas inconscient quand même.
— Tu n'as pas à lui demander de répondre à tes caprices ! Il n'est pas là pour ça.

John perd son sang-froid. Il est malheureux, déboussolé et il n'a pas envie de se battre avec son seul ami sur cette terre.

— Pas ce soir, hyung...

John passe devant Éric et celui-ci le rattrape par la manche.

— Tu sais que tu n'as pas la possibilité de te relâcher une seconde, John. Il s'agit de ta sécurité, de ta réputation.

John défait son bras de sa prise d'un geste brusque.

— J'ai dit. Pas ce soir.

Ses yeux sont noirs de détermination et Éric se renfrogne.

— C'est à rien y comprendre. Depuis le scandale, tu es hors de contrôle ! Je ne sais pas si tu sais que l'on est tous de ton côté. Que se passe-t-il ?
— Je sais. Ça ne vous plaît pas. Mais ne t'inquiète pas. Je vais vite redevenir le petit toutou préféré de mon père qui fait rentrer l'argent bien gentiment. Alors pour ce soir, tu vas me laisser tranquille.
— Non ! Tu n'as pas à en décider.
— Vous n'avez pas à m'étouffer de la sorte ! crie John. J'ai 21 ans, merde ! Je croyais que tu me comprenais ?!
— Tu sais que Jungwan-nim ne sera pas...
— Ne me parle pas de lui, je... Je te jure. Laisse-moi. J'ai quelque chose à faire d'important. Je vais dans ma chambre. Laisse-moi.

PAPER PLANES - Quand tu plies tes avions en papierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant