Les Enfants de Gaïa (Nouvelle)

Chapitre 3

Ils s'étaient endormis après de longues heures de discussion. Mila ne s'était jamais autant confiée, la situation lui pesait tellement qu'elle ressentait le besoin de dire tout ce qu'elle avait sur la conscience. Depuis toujours, elle croyait en la magie, tout comme Candice. Ce monde ne pouvait être aussi banal que ce que les gens prétendaient. Bien que son âme soit douce, elle se montrait parfois téméraire et n'hésitait pas à se retrousser les manches. Azarias se réveilla le premier. L'horloge affichait neuf heures du matin,ce qui signifiait que le chantier avait démarré. " Mila !Réveille-toi !" s'empressa de dire le jeune homme essayant de ne pas trébucher sur les vêtements et les objets divers jonchés sur le sol. Les deux amis se préparèrent pour une longue et rude journée. Une quarantaine de personnes avaient rejoint le mouvement de Mila, et tous attendirent sur la grande place. Le père de la jeune fille avait loué un bus pour se rendre à la Forêt des Échos.

Sur la route, des sueurs froides parcouraient le dos d'Azarias. Ses jambes avaient repris leurs sautillements et sa bouche devenait sèche. Mila, quant à elle, était la porte-parole du groupe. Elle chantonnait des chansons populaires pour divertir la troupe, elle semblait si énergique, elle ne tenait pas en place. Ses yeux étaient emplis d'espoir. Elle s'assit à côté du demi-dieu.

— Tout va bien se passer, on va y arriver.

— Comment tu fais pour être aussi joyeuse ? répondit Azarias en souriant.

— Tu as déjà vu une armée combattre avec un chef déprimé ?

— Tu n'as pas tort, heureusement que tu es là. Je ne saurais quoi leur dire. J'ai l'impression de ne pas avoir l'étoffe d'un chef.

—Peut-être, ou peut-être pas. Tu crois que Gaïa aurait eu un enfant avec un humain si elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'allait être son avenir ? Qu'elle serait partie en sachant que tu ne serais qu'un lâche ?

— Tu crois qu'elle m'a eu pour ce moment précis ? Pour aller affronter Mordrow ?

— Pas exactement, mais elle savait ton destin. Tu me l'as dit, un soir à la taverne, que Gaïa pouvait avoir des visions de l'avenir. Je pense qu'il y a une bonne raison à tout.

Sur ces mots, Azarias se perdit dans ses pensées. Quoiqu'il allait se produire, Mila avait raison. Son destin l'avait mené jusqu'ici, il était né pour cela. Lui, qui estimait ne pas être digne des pouvoirs qui lui avaient été donnés, être inutile... Voilà que tout prenait sens.

Ils finirent par arriver à la Forêt des Échos. Mila se chargea de donner des consignes aux autres manifestants, et alla avec Azarias au temple de Gaïa pour retrouver Léonard avant de rejoindre là où se trouvait le chantier. Azarias accouru dans les bras de son père, ils ne s'étaient pas vus depuis un bon moment. Il n'avait pas beaucoup changé, le temps lui avait coloré légèrement les cheveux et laissé quelques rides sur son visage.

— Je suis content de te voir, disait-il alors ému. Bonjour, Mila !

— Il faut que tu te mettes à l'abri, juste au cas où, répondit son fils sans attendre.

— Oui, j'ai entendu parler de cette histoire de complexe hôtelier. Ils ont déjà commencé le travail...

— Oh...On aurait dû se lever plus tôt ! ajouta Mila qui mordillait la manche de sa veste en laine.

— Tu es venu le combattre, n'est-ce pas ? demanda Léonard inquiet.

— Nous. Nous sommes venus l'affronter. Mais je devais m'assurer que tu ailles bien et que tu sois en sécurité.