Chapitre 4

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Puis on entendit un craquement. Azarias cria à Mila et aux autres manifestants de partir très vite de là. Cette dernière refusa de partir, mais Azarias ne lui laissa pas le choix. Des racines agrippèrent les bras et les jambes de son amie et l'entraînèrent au loin. Hadrien fut contraint de lâcher son arme, son sang colorait son visage et ses vêtements. La flamme du dernier dragon explosa, propulsant à des mètres plus loin les deux hommes et les engins destructeurs.


De son côté, Mila avait rejoint la stèle tandis que les manifestants rentrèrent chez eux, apeurés et sous le choc. Léonard s'y trouvait aussi avec un kit de soins, dont des potions créées par son fils. Elle avait été légèrement blessée lors d'une confrontation avec un des sbires de Mordrow. Léonard prit soin d'elle, et ils décidèrent de repartir rejoindre Azarias. Mais en chemin, ils entendirent l'explosion, ne se doutant pas qu'il s'agissait de la flamme. Ils arrivèrent face à un paysage presque désert. Des restes d'arbres brûlaient encore, la terre était recouverte de cendres. Les dégâts s'étendaient sur plusieurs hectares. Léonard vit le corps de Mordrow en premier, il s'agenouilla auprès de lui pour prendre son pouls. Rien. Les blessures infligées étaient trop importantes, il devait être mort depuis déjà une dizaine de minutes. Mila parcourut le décor avec rapidité dans l'espoir de retrouver son ami sain et sauf. Non loin d'un tas de pierres noircies, Azarias était recroquevillé sur le flanc gauche. La jeune femme se précipita vers lui.


— Az' ! Oh mon Dieu !

— Comment va-t-il ? dit Léonard d'une voix tremblante.

— Il respire encore mais...difficilement. Az' ? Tout va bien, ce n'est rien. Ton père a des potions, on va te guérir.

— Mon fils... Tiens, bois ça. Je pense que ça devrait l'aider, ajouta Léonard en tentant de lui faire boire une potion bleue.


Ils essayèrent tant bien que mal de lui faire avaler le remède. Azarias se trouvaient dans un état critique, ses poumons avaient été encombrés de fumée épaisse. Il puisait son énergie dans la nature, mais elle avait alors disparu. La position dans laquelle il se trouvait était pénible : l'air ne passait presque pas, des douleurs comme de petites décharges électriques se faisaient sentir dans son dos, des sueurs froides lui parcouraient l'échine. Voyant son mal-être, Mila tenta de l'allonger afin de le soulager. Ils attendaient que le remède fasse enfin effet, mais en vain. Il ne guérissait pas. Ses blessures avaient pris une couleur grisâtre, son sang se mêlait aux cendres. Les yeux d'Azarias étaient larmoyants, il essayait d'écouter les arbres, mais ils s'étaient tus.


Un brouillard commençait à l'envelopper tel une couverture bien chaude, son rythme cardiaque ralentissait de minute en minute. Son regard se posa sur l'horizon, une silhouette apparaissait petit à petit. Un corps frêle, des cheveux courts bouclés... Azarias avait cette sensation de familiarité qui lui apaisait l'esprit. La silhouette s'approchant tout près de lui, il vit son visage : c'était Léandros. Pas même Mila ou Léonard ne pouvaient le voir, son petit frère n'était là que pour lui. Léandros lui souriait avec tant de bienveillance, il déposa un baiser sur son front et posa une de ses mains sur son corps meurtri. Ce dernier frissonnait, convulsait par moment. Mila ne pouvait s'empêcher de pleurer pour son ami, lui qui avait fait son possible pour sauver la Forêt des Échos. Elle enlaça Azarias dans un geste désespéré, les secours s'activaient tout autour pour éteindre les flammes restantes. Léonard, impuissant, priait de toutes ses forces. L'âme de Léandros finit par se fondre dans la terre, et du lierre et des chapelets de fleurs commencèrent à entourer Azarias. Voyant cela, Mila recula un instant, puis elle essaya de retirer la végétation qui s'intensifiait. Le jeune homme prit sa main pour l'en empêcher, ses dernières forces lui permirent de sourire une dernière fois. Gaïa le rappelait à elle.


Azarias finit par sombrer dans un sommeil éternel et Mila éclata en sanglots. Mais une chose magnifique et surprenante se produisit : des filaments lumineux coururent sous la terre, un vent frais souffla dans les cheveux de Mila et des jeunes pousses sortirent du sol cendreux. L'herbe repoussa, les arbres s'élevèrent à nouveau et des créatures revirent le jour. Tout devenait comme avant, si ce n'est encore plus beau. Les esprits de la nature reprirent leurs droits, la Forêt des Échos ne disparaîtrait pas de sitôt.



Les Enfants de Gaïa (Nouvelle)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant