Chapitre 1 : Le sauvetage

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Alexandre

Roxie file dans la nuit, ses phares brillants illuminant l’obscurité. Je m’agrippe au volant quand un daim passe devant elle.

- *Bon sang ! Ces bestioles n’ont vraiment AUCUN instinct de survie ! *
Un ricanement s’élève à ma gauche.
- *Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? * » marmonnais-je en me retournant. - *Toi. * me réponds Eveline en regardant par la fenêtre. « *Et on ne peut pas le blâmer pour son manque de vigilance, il n’y a pas l’air d’avoir énormément de trafic par ici.
-Même.
-Oh, arrête un peu de râler… Nous arrivons ! *  ajoute-t-elle en apercevant les maisons au loin. Je hoche la tête et me gare silencieusement au-dessous du panneau de bienvenue, les pneus de Roxie se figeant dans l’herbe en crissant à peine. J’ouvre la portière et me faufile en dehors en essayant de faire le moins de bruit possible. Je suis plutôt bon pour ça.

Eveline glisse hors de la voiture sans émettre le moindre son. Elle n’a pas besoin d’ouvrir quoi que ce soit, elle. Y en a qui ont de la chance, je vous jure. Elle flotte jusqu’à moi le sourire aux lèvres. Ses longs cheveux volettent librement autour de son visage seulement éclairé par la faible lueur de ses yeux. Entre son aspect vaporeux et son halo lumineux scintillant, n’importe qui qui l’entrapercevrait, même une pauvre seconde pourrait deviner qu’il s’agit d’un fantôme. C’est bien le problème d’ailleurs.

-* Ev, tu brilles*je murmure.*Tu vas nous faire repérer.
-Oh ! Pardon ! *

Elle se laisse glisser au sol avec grâce et cesses de briller. Ses cheveux retombent sur ses épaules et sa peau redevient précise. Je hoche la tête et nous nous engageons sur le chemin du village. Pendant les quelques minutes de trajet, je lève les yeux vers le ciel étoilé. Il est vingt-trois heures passées et il n’y a pas le moindre nuage. Nous sommes très loin dans la campagne donc la pollution lumineuse reste faible. Pour vous dire, le truc le plus lumineux ici, c’est Eveline, et là, elle ne brille plus. De ce fait, j’ai une vue imprenable sur les étoiles. Je souris en inspirant l’air frais. Je profite du calme tant que je le peux encore. C’est-à-dire plus très longtemps.

Nous franchissons la première maison dans le silence le plus total. Ce village est abandonné ou quoi ! D’accord, il est tard, mais il ne reste vraiment PERSONNE qui soit réveillé ? Je veux dire, toutes les lumières sont éteintes, les rues sont désertes et je n’entends aucune voix venant de nulle part. Que des respirations lentes et des ronflements.

Ou presque…

Il y a une maison dont les lumières ne sont pas toutes éteintes. Une maison dont sortent des voix étouffées et apeurées. Une maison dont les habitants ne dorment pas. Et c’est là que je vais. Elle n’est pas encore dans notre champ de vision ; si je ne me trompe pas elle doit se situer à encore au moins trois-cents mètres au-devant et il y vraiment VRAIMENT peu de chances que je me trompe. Je peux percevoir les voix et les faibles rayons de lumière se réverbérant sur les murs même à cette distance. Mais surtout, je peux sentir. L’odeur de l’angoisse est si forte que je serais capable de la remonter à des kilomètres. Je n’aime pas ça. Je presse le pas tout en veillant à ne pas faire de bruit. Cette odeur me stresse et je ne peux pas m’empêcher de penser à ceux qui la produisent. Vu leurs voix ce sont des enfants. Jeunes. Les pauvres… N’ayez plus peur mes chéris, je viens vous chercher.

Je m’arrête aux pieds d’une maison. Elle n’a aucun signe distinctif, elle ressemble à n’importe quelle autre maison de ce village mais je sais que c’est celle que je cherche. Je prends quelques minutes pour me figurer les positions de chacun à l’intérieur et en déduire la situation exacte. Il y a trois personnes. L’un se trouve dans l’entrée, faisant les cent pas. Vu le bruit que ses déplacements produisent il s’agit d’un homme adulte. Ses battements de cœur et son rythme respiratoire indiquent qu’il est stressé, voir carrément angoissé. Je jette un coup d’œil à Eveline et lui fait un signe pour qu’elle se penche vers moi.

Les ailes de saphir (potentiellement tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant