Chapitre 7 : Juré craché

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John

J’ai déjà réfléchi à comment j’aimerais mourir. J’ai toujours pensé quelque chose comme dans mon lit, à cent-dix ans ou en héros, en sauvant des millions de vies.

Mais jamais je n’ai imaginé ça.

Je ne veux pas mourir. Je suis trop jeune pour ça. Mes parents vont être si triste si je disparais. Et il y a tellement de chose que je n’ai pas faites. Avoir mon diplôme, fêter mes vingt ans, aller sur la lune, me marier ! J’ai tant de choses à faire, je ne veux pas les manquer ! Je ne veux pas mourir !

Et pourtant je sens la gravité me tirer vers le bas. A une vitesse folle ! Mais je vois tout au ralentit. Je vois le sol se rapprocher à chaque instant, ma fin avec. Alors je ferme les yeux. Je ne veux pas la voir venir. C’est tellement injuste ! Je ne veux pas mourir.

Je ne veux pas mourir !

JE NE VEUX PAS MOURIR !!!
















































BAM



















































Bam ?






Cela devrait être le bruit de mon corps heurtant le sol.

Mais je suis toujours en vie.

Enfin je crois que je suis toujours en vie. Je sens une paire de bras me maintenir en l’air. Mais c’est impossible ! Je suis trop bas ! Si ça se trouve, je suis déjà mort et c’est un ange qui me tient. Ouais. Ça doit être ça. Je devrais ouvrir les yeux, non ? Juste pour savoir à quoi il ressemble. Oui bonne idée. J’ouvre les paupières et je vois…

Alexandre.

Sans T-shirt.

Avec des ailes dans le dos.

















Je savais bien que c’était un ange.

Nous atterrissons sur un pierrier et j’ai la surprise de découvrir que je suis encore en vie. Je perçois le sol sous mes pieds et une légère douleur à l’épaule. J’inspire à grandes goulées car je suis à bout de souffle. On ne peut pas manquer de souffle quand on est mort, si ? … Non. Certainement pas. Je suis bien en vie. Mais comment ? Je suis tombé pourtant. Et si je ne suis pas mort, ça veut dire qu’Alexandre…

Je me retourne pour lui faire face. Il se tient à environ un mètre de moi, les bras croisés sur son torse nu (Oh mon dieu !!! Il est tellement musclé, il est maaaaagnifique !!! Je crois que je saigne du nez.) et ses grandes ailes battent au ralentit derrière lui. Ouep. Ses ailes.

Ce sont des ailes de papillon, fines et ciselés, parfaitement symétriques. Elles sont titanesques, au moins trois mètres d’envergure (sachant qu’il fait genre, un mètre cinquante) bleues irisées tirant sur un violet profond. Elles sont constellées de toutes petites taches blanches lumineuses qui forment des galaxies parfaites sur ce beau fond foncé. Les bords sont cernés de noir et l’entièreté de la membrane est recouvertes de minuscules écailles scintillantes semblable a des paillettes. Pour couronner le tout, l’ensemble est assorti à ses magnifiques yeux bleus et ses longs cheveux noirs.

C’est véritablement un spectacle splendide. On dirait une fée toute droit sortie d’un conte. Avec des ailes faites en tissus de nuit et cousues avec du fil d’étoile. Je pourrais le regarder pendant des heures. Je suis tellement envouté par son apparence onirique que je ne pense même pas à poser de questions.

Et pourtant, il faudrait ! Je suis face à une fée ! Enfin je crois.

Est-ce que c’est une fée ?

-Tu es une fée ?

Je parle avec la voix d’un gamin devant un faux père noël. Je dois être complètement ridicule. M’enfin. Alexandre semble surpris. Il me fixe quelque secondes avant d’exploser de rire. Gné ?

-Moi, une fée ? Ah ah ! Oh, John tu es trop mignon.

Je fais mine d’être vexé mais en vérité je suis aux anges : Alexandre a dit que j’étais mignon !

-Mais tu es quoi, alors ?

Il redevient sérieux.

-Je ne suis pas sûr de pouvoir te le dire. J’ai déjà enfreint les règles en montrant mes ailes à un humain. Je mets ma vie en danger en faisant ça. Je ne compte pas en risquer d’autres.

-Je t’en supplies ! Je ne dirais rien, je le jure !

Alexandre me dévisage. Il pèse le pour et le contre (enfin je suppose) avant de reprendre.

-Donne-moi ta main.
-Q-quoi ?
-Donne-moi ta main !

Il me tend la sienne. Je la fixe un certain temps. J’ai peur. Qui sait ce qu’il pourrait me faire ? Mais d’un autre côté je veux savoir ! Et puis Alexandre est mon ami. Il vient de me sauver la vie, il ne va pas me faire de mal. Enfin, j’espère. Allez John, courage ! Tu ne veux pas tenir la main d’Alexandre ?

Mes joues s'enflamment à l’idée et prends sa main. Elle est douce et chaude. Elle s’encastre dans la mienne à la perfection, elle fait pile la bonne taille. Je sens un éclair me traverser. Des feux d’artifices explosent dans mon estomac et j’ai les joues en feu. Je ne veux plus jamais lâcher prise.

Alexandre me regarde dans les yeux et d’un seul coup… Je sais.

A propos des Kamkals, à propos des enfants. A propos d’Eveline et de la mission, des sens phares et du secret. Je sais tout.

Alexandre me lâche la main. Je ne m’en rends même pas compte. Je suis trop occupé à analyser ces connaissances qui ne sont pas miennes. C’est ahurissant. Alexandre prend la parole.

-Essaie de révéler mon secret.

Je le regarde, interloqué.

-Pardon ?
-Ce que tu viens d’apprendre, reprend-il. Répète-le.

Je m’exécute.

Ou du moins j’essaie. Je n’arrive pas à faire sortir un mot de ma bouche. Je commence à paniquer. Est-ce que je suis devenu muet !? Je ne veux pas !

-Qu’est-ce qu’il m’arrive !?

Ah, non, je ne suis pas muet. Ouf !

-À ton avis.

Je soutiens le regard d’Alexandre. Comment ça « à mon avis » ? Qu’est-ce que j’en sais moi ?

Et c’est là que la réalisation me frappe. Il est tactile.

-Tu as compris ? J’ai utilisé mon pouvoir pour que tu ne puisses rien dire de compromettant. Tu peux parler normalement mais dès que tu aborderas le sujet, ta voix se bloquera.

Je hoche la tête. C’est une sécurité logique à prendre.

-Parfait ! Eh bien puisque tu es au courant de tout, tu es désigné volontaire pour être mon associé. On passe chez moi. Je vais te montrer les dossiers. Mais tu n’en parle à personne, hein ? (Clin d’œil)


-Juré craché.

Les ailes de saphir (potentiellement tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant