Le conseil de la Bibliothèque des rêves tient à préciser en amont, comme à chaque dossier, que ces rêves ont été réellement rêvés. Ce que vous en pensez et votre opinion vis-à-vis de cela n'influera en aucun cas ce fait.
-- L'Archiviste des Rêves --
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Le ciel sous mon ventre rayonne d'une lumière froide est dure, avant de virer à un Caire chaleureux. Les tours de gloires grisantes s'élèvent au dessus de ma tête, projetant leurs ombres de puissance sur les rues pavées de Lepus, cachant aux passants les rayons Dohas du Soleil. Les bruits de la ville résonnent dans mes oreilles, tantôt douce soie de sons tissés avec élégance oppressante et harmonie anxiogène par les vagues qui enlacent la côte, tantôt beuglements rassurants et mugissements apaisants des voitures qui bousculent les balancements monotones de la vie urbaine.
Je me retourne, tentant de voir enfin ce spectacle uniformément atypique, et me retrouve en face d'une géante Bistre, aux rayons céphaliques et et à la toge granite, brandissant vers le ciel aveuglément terne un flambeau argent. Sa fierté m'aveugle, si bien que je recule vers les cieux quelques secondes, et, voyant son indifférence face à ma présence, je me calme. L'air Céladon s'infiltre en moi, répandant en mon être un calme olympien.
Je m'élance alors vers le gris profond de la ville, plongeant dans les rues sinueuses, tournant aux carrefours d'avenues linéaires, naviguant entre les passants, m'élevant aux côtés des échelles grimpantes au dos des bâtiments.
L'obscurité drapant l'éther de ses bras anthracites, je bifurque à un croisement, et me trouve face à une flèche plus haute que les autres, et illuminée de milles nuances de tourdilles en ce crépuscule ténébreux, défiant de ses feux ceux de l'astre mystique et des ses abondantes comparses qui décorent le ciel à présent bitume. Je la gravit alors, cette tour de défis, tentant d'aller plus vite que les bourrasques qui me font la course, et, arrivant à sa pointe, je me perche sur sa courte surface, tenant en équilibre face à un vide abyssale, regardant les miniatures humaines s'agiter dans leurs monotonies inédites, les véhicules se croiser, se saluer, s'immobiliser et repartir, les immeubles s'allumer et s'éteindre en concert telles des lucioles en parades.
Soudain, un grondement assourdissant envahi le ciel. Les habitations s'écartent et s'éloignent sous l'effet du tremblement de l'air. Mortels affolés et carrioles motorisées s'enfuient, laissant pour seuls et uniques ossements de larges plaines de béton, ainsi que l'appendice brillant et moi même. Je me retourne, et observant la nuit Bistre, je remarque la rotondité d'une masse plus sombre, plus obscure, absorbant en son sein chaque parcelle de couleurs, autour d'elle. Et ainsi que la masse s'étend, j'observe en son centre une autre forme, mais d'une apparence plus curieuse. Elle semble être un tout et un rien à la fois. Chaque teinte que j'essaye de situer en son corps est aussitôt remplacée par une autre, toute autant indéfinissable. Certaines sont plus claires, d'autres plus foncées, certaines m'évoquent un froid glaciale, tandis que d'autres m'exposent à un déferlement de brises brulantes.
Soudain, l'obscurité explose, et le point d'incompréhension colorée fond, répandant ses gouttes sur le sol. Le bitume garde son Payne, tandis que les vagues se comblent d'une genre de Perle, mais plus profond, moins... gris ? Les arbres du parc géant qui siège en plein milieu de ce que fut la ville se colorent d'un Bistre, plus claire, moins... gris ? Les humains, les animaux, les immeubles, les véhicules qui reviennent, tous perdent leurs... gris ? Tous prennent une couleur différente, une nuance inconnue, innommable. Et tous agissent comme si rien ne se passait. Les humains marchent, les chiens aboient, les voitures roulent, les bâtiments s'allument et s'éteignent, la lune brille, les étoiles naviguent, mais ils sont tous d'une incohérence colorimétrique monumentale.
Je cours alors, de toutes mes forces. Je fonce à travers la ville, sachant le malheur qui m'attendait. Je me retournas dans mon élan, et vis ce que je craignais : après avoir dénaturé ma tour de son pastel parfait, une autre de ces immondices colorés pic vers moi. Je cours de plus belle, je m'élève, descend bifurque à chaque croisement de couloir que je vois, mais elle ne cesse de me poursuivre, se rapprochant un peu plus de moi à chaque seconde. Je croise la géante à la torche, maintenant dépourvue de son bistre majestueux. La goutte se rapproche, toujours un peu plus, m'effleurant à présent la peaux, provoquant une douleur insupportable à chaque contact. Je tente d'aller plus vite, toujours plus vite, quand une vague me percute avec la force d'une montagne glacée. Me retrouvant acculé à cette plaque d'eau désormais immobile, je vois avec effroi la goutte avancer vers moi lentement à présent, goguenarde, élançant vers moi ces cruels tentacules de couleurs. Maintenant nez-à-nez avec cette forme au fond répugnant, la peur me quitte, remplacée par la résignation, et, tandis que l'abjecte goutte se fond sur ma peau, je laisse échapper une dernière larme grise, qui tombe et flotte sur la mer, en contraste avec la couleur ignoble de celle-ci. Je respire profondément, et ferme les yeux.
Et ils s'ouvrirent.
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C'est ainsi que ce rêve, ou plutôt ce cauchemar controversé, s'achève, laissant dans l'inconscient un homme martyrisé par le nouveau, brûlé par la renaissance, transpercé par l'étrange et l'incongru. Nous vous disons alors à bientôt, pour l'ouverture d'un nouveau rêve dans cette bibliothèque.
-- L'Archiviste des Rêves --
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Truyện NgắnCes rêves ont été rêvé par une seule et même personne. Je serais votre guide lors de la visite de cette bibliothèque qui archive lesdits rêves. Vous pouvez faire les commentaires que vous voulez pendant la visite. Vous pouvez également me poser des...