Enfance au manoir Hidalf (Writober 2021, spécial Mathieu Hidalf)

8 : Du rififi chez les zombies

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— Oh la pauvre enfant, se désolait Mme Hidalf.

— C'est affreux, renchérit son mari. Désolant, abominable, une tragédie...

— Père, que se passe-t-il ? demanda Juliette d'Or avec politesse.

M. Hidalf s'empressât de refermer le journal qu'il avait en main, un air si grave que la petite fille blonde frissonna. Elle lui avait vu une expression semblable deux jours avant, quand elle avait épié ses parents et Maître Magimel.

Ceux-ci avaient été très bruyant au cours de la nuit, ce qui avait tenue l'enfant en éveil. Elle avait alors écouté aux portes pour comprendre ce qu'il pouvait bien se passer. Ce qu'elle avait entendu l'avait glacé.

Une famille avait été attaquée. Juliette d'Or n'avait pas tout compris, mais apparement un couple avait été assassiné en pleine nuit dans leur manoir, avec leur bébé âgé de quelques mois. Personne n'avait survécu.

Ce soir-là, Juliette d'Or était restée aux côtés de sa petite sœur, âgée de tout juste un an. Le lendemain, elle avait surveillé sa mère, dont le ventre bien rond annonçait la venue d'un autre enfant.

Un bébé était mort. Un bébé qui n'était pas tellement plus jeune que Juliette d'Argent, ni tellement plus vieux que le futur bébé à naître.

— Marie-Marie est en vie... murmura son père.

La nouvelle fit sursauter la petite fille, qui s'en voulut aussitôt pour sa réaction. Marie-Marie, elle s'en souvenait à présent, était le prénom du bébé tué quelques jours plus tôt.

Pourtant elle avait été morte, ses parents l'avaient dit !

Juliette d'Or n'écouta quasiment rien de ce que son père lui expliquait, trop effrayée en comprenant que ce bébé était un mort-vivant, une sorte de zombie s'il était à présent en vie.

— ... C'est pourquoi nous allons l'accueillir quelques jours ici, annonça Mme Hidalf.

Juliette d'Or se leva de sa chaise, et pour la première fois de sa vie, piqua une colère qui n'avait rien avoir avec un caprice, c'était sa peur qu'elle exprimait, effrayée à l'idée qu'un zombie soit proche de sa maman, enceinte, et de sa toute petite sœur qui ne savait pas encore parler.

Son père se fâcha à son tour, et une longue dispute s'ensuivit, avant que Juliette d'Or ne soit punie pour sa mauvaise attitude. Frustrée, elle courut dans sa chambre et s'y enferma, ne voulant même pas voir ce bébé zombie quand il viendrait.

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Quelques jours plus tard pourtant, elle fut bien obligée de voir ce bébé zombie. Sa mère le tenait dans ses bras, sur un des fauteuils du grand salon. Juliette d'Or fit mine de ne pas le remarquer, mais le bébé se mit à pleurer spontanément, d'une façon bien inquiétante pour la petite fille blonde. Elle qui avait déjà entendu sa petite sœur pleurer comprenait que ces cris-ci ne réclamaient ni à manger, ni d'être changée, ni même d'être bercée. Mais ce ne fut pas ça qui la figea.

Les petits bras potelés du bébé, nus, étaient couverts au niveau des coudes de cicatrices boursoufflées en forme d'étoiles. Mme Hidalf remarqua l'air inquiet de sa fille.

— C'est pour ca Juliette d'Or qu'il faut être prudente avec les nymphettes. Leurs ailes sont très coupantes, et malheureusement, les cicatrices qu'elles engendrent ne disparaissent jamais totalement, expliqua-t-elle.

— Pourquoi les nymphettes l'ont attaqué ? demanda la petite fille blonde.

Sa mère ne répondit pas. Juliette d'Or prit l'une de petites mains du bébé, une toute petite fille blonde qui pleurait à chaudes larmes. Est-ce qu'elle avait comprit qu'elle n'avait plus de parents ? Était-ce pour ça que ses cris semblaient si déroutés ?

Elle ne ressemblait pas à un zombie, juste à un bébé, sans parents. Est-ce qu'elle aurait droit à l'affection qu'elle méritait ?

Quelques jours plus tard, elle eut une nouvelle dispute avec ses parents, au sujet de ce bébé zombie. Si Marie-Marie n'avait pas de parents, autant l'adopter !

Malheureusement, une fois encore, ses parents ne cédèrent pas.

Publié le 08/10/2021