17 : La magie a toujours un prix

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553 mots, écrits sur le thème : « La magie a un prix »



Mathieu n'aurait pas imaginé un jour rencontrer un autre enfant que Pierre qui soit sage et qui le regarde et reste tranquillement avec lui, en l'observant avec de grands yeux noirs. La ressemblance se continuait d'ailleurs entre les deux, puisque cet autre individu avait des cheveux aussi blonds que ceux de son meilleur ami.

Mais la différence s'arrêtait là, et pour cause : cet enfant était une fille, et n'était pas la petite sœur de Pierre. En fait, elle n'avait presque rien à voir avec le jeune garçon.

M. et Mme Hidalf avaient été étonnamment évasifs sur son compte, et l'avaient juste prié de ne pas embêter la fillette au sujet de ses parents, qui avaient apparement disparus. Même si Mathieu n'était pas du genre à obéir sans une raison qu'il jugeait valable, il resta effectivement muet à ce sujet en voyant l'enfant.

Elle était assise près de lui dans le salon principal, silencieuse, pale, comme absente.

Mathieu n'aimait pas beaucoup son expression, d'autant plus qu'il percevait une grande intelligence dans les yeux noirs de la petite fille blonde. Quelque chose de différent de l'attitude scolaire de Pierre, ou de l'incroyable facilité de Juliette d'Airain à assimiler de nouvelles connaissances.

Il avait à côté de lui un génie semblable au sien, le jeune Hidalf en était presque certain. Mais il ne savait pas comment pousser la fillette à dévoiler. L'enfant aurait aimé avoir des pouvoirs, comme les Hélios des contes, pour faire ce qu'il voulait, et faire rire la petite fille blonde si sérieuse et silencieuse.

Mathieu n'avait aucun pouvoir, mais il savait qu'il avait quelque chose que ses sœurs ne possédaient pas.

Il tendit discrètement la main vers le bras de la jeune fille, qui ne faisait pas attention à lui, et il chatouilla la peau chaude sous ses doigts. Sa camarade glapit, visiblement surprise par le geste, mais un rire se mêlait à ce son.

Un lent sourire vainqueur étira les lèvres du jeune garçon et les yeux de la fillette s'assombrirent, ayant compris l'intention qu'il avait à son égard. D'un geste rapide, elle chatouilla à son tour les bras de Mathieu qui poussa un cri amusé, quand bien même il aurait voulu ne pas être chatouilleux.

Une bataille se déroula entre les deux enfants chacun essayant de rivaliser de ruse pour éviter les mains de l'autre tout en provoquant les rires de leur adversaire. Des sourires enfantins et des rires amusés étaient échangé, et même si Mathieu détestait perdre, il finit par admettre sa défaite après avoir longuement résisté.

— Mes sœurs ne sont pas chatouilleuses, elles gagnent toujours lors des combats de chatouille, tenta de se justifier le jeune Hidalf.

— Et tu as perdu face à moi aussi.

Le ton de la fillette avait quelque chose de fier, et une touche d'arrogance sous la voix polie des enfants sages qu'on n'aurait pas cru capable de faire une bêtise. Avec un léger sourire en coin, elle lui tendit une main, que Mathieu serra pour la saluer convenablement.

— Mathieu Hidalf, mais tu le savais déjà.

— Évidemment. Je m'appelle Marie-Marie du Château Boisé.

Si Mathieu n'avait effectivement pas de pouvoir, certains sentiments peuvent être aussi redoutables qu'une puissante magie. Et déjà, il se trouvait sous l'emprise d'une émotion qu'il n'arrivait pas à connaître, mais qui lui faisait chaud au cœur alors qu'il regardait les grands yeux noirs et mystérieux de cette petite fille blonde.



Publié le 30 / 03 / 2022

Enfance au manoir Hidalf (Writober 2021, spécial Mathieu Hidalf)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant