Chapitre 6

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Quatre-vingt-quatre jours c'étaient écoulés aux comptes gouttes depuis ma discussion avec Amphitrite. Grain de sable par grain de sable, le sablier s'égrenait dans une lenteur paresseuse. Les jours semblaient plus longs les uns que les autres. Le soleil semblait attendre les dernières secondes pour daigner se coucher. Et moi, j'attendais sur le rebord d'une fenêtre en contemplant la lune éternelle que les arbres perdent enfin leurs feuillages. Pour la première fois depuis fort longtemps, je trouvais le temps paresseux.

Je me sentais comme ce vieil homme seul sur une braque qui pêchait sur le Golfe Stream depuis quatre-vingt-quatre jours. Une vieille personne que le temps n'a pas encore emporté contrairement à tout ceux qu'il y avait autour. Chacun silhouette s'était fait enlevée une par une jusqu'à qu'il ne reste plus que lui seul sur sa barque. Et il ne lui était resté que solitude, doute et angoisse pour seul compagnie. Aujourd'hui, il faut croire que la solitude m'avait également rattrapé.

Quatre-vingt-quatre jours à réfléchir, à prendre une décision pour finir par toujours abandonner avant que le soleil ne se couche. J'étais lâche ! Un homme lâche qui se fait passer pour brave mais qui le sera toujours lâche. C'est à cette conclusion que je revenais tous les soirs de ces quatre-vingt-quatre jours et que me réveillais dans les champs utopistes des oiseaux. Je n'étais pas courageux ! Le courage ne repose pas dans notre capacité à battre une peur fugace qui nous fige sur place. Le vrai courage c'est d'avoir assez de culot pour aller à l'encontre de notre propre philosophie. Quand on sera capable d'aller contre nos croyances, notre façon de voir le monde, nos idiologies alors oui, on sera courageux. Mais pour l'heure j'étais lâche préférant fuir plutôt que d'affronter la vérité en face avant de me prendre l'épée de Damoclès dans la tronche.


Je courais dans les rues désertes d'une petite ville de province américaine entourée d'entendues désertiques et de beaucoup de cactus mais beaucoup trop de cactus. Fuyant de nouveau, comme toujours, de toute façon, je ne savais pas faire grand-chose d'autre. Mon épée à la main, je tournais tant tôt à gauche, tant tôt à droite pour essayer de les semer mais rien n'à faire. Fatigué de courir, je m'arrêta au milieu d'une ruelle complètement déserte et me retourna pour faire face à mes adversaires. Des griffons quoi de plus normal dans cette région et je ne pouvais même pas appeler Blackjack en renfort. J'allais devoir me débrouiller tout seul !

Je les observa s'approcher flairant l'air et sentant le sol sous leurs serres m'encerclant de leurs ailes puissantes et leurs bec. Le premier m'attaqua directement visant l'épaule mais mon épée passa à gauche et je le toucha à la nuque. Il recula en sifflant vite imité par les autres. Je n'avais pas beaucoup de temps pour les distraire mais j'avais peut-être une idée.

Quand deux m'attaquèrent simultanément, je sauta en m'appuyant sur l'un avant de m'agripper à une poutre métallique qui passait d'un bâtiment à l'autre. Passant mes jambes de l'autre côté, je recula pour avoir le mur dans le dos, en aucun cas affronter des adversaires qui pourrait vous attaquer par derrière. Je n'avais pas beaucoup de temps. Une vielle gouttière asséché se déversait contre le sol pavé de la rue et en face de moi un vieux fils électrique dénudé pendait depuis la poutre métallique, il était encore alimenté par miracle cause des étincelles produites dans son bout. Je percevais dans l'une des anciennes fermes de la ruelle, une réserve d'eau à l'étage dans un ballon d'eau chaude non homologué. J'avais peut-être une idée complétement foreuse mais bon...faute de mieux....

Alors que je repoussais une énième attaque avec mon épée, je sauta jusqu'au fil dénudé et entrepris de détacher son bout pour qu'il descende jusqu'au sol. Opération périlleuse quand l'on doit gérer des attaques de griffon déchainés dans le même temps et que le fameux fil est encore électrifié. Par talent ou plus par miracle, je réussis à le faire descendre jusqu'à quelques centimètres du sol. Maintenant, il fallait passer à la phase deux du plan surtout que les monstres commençaient à s'impatienter.

Et si...?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant