Chapitre 2

96 9 11
                                    

Je trainais les pieds le long d'une grande route du centre Texas écrasé par la chaleur du midi. Mon sac à dos à l'épaule, je sifflotais tranquillement malgré la chaleur de ces contrées désertiques. Je devais surement ressemblé à un baroudeur en vadrouille, brin de blé au coin de la bouche, cherchant un brin de liberté dans ces plaines grandioses. Les rares voitures que je croisais, soulevaient un nuage de poussière sur plusieurs mètres, avant de s'arrêter pour me redéposer quelques kilomètres plus loin de ces routes droites et rectilignes qui sillonnées notre belle Amérique de long en large.

Je n'avais besoin d'aucune carte, d'aucune direction à suivre. J'étais libre comme une bourrasque de vent me liant d'amitié avec les rares courageux qui n'avaient pas encore fuit pour les grandes villes du littoral, l'histoire de quelques heures voire quelques minutes à bord d'un de leurs 4X4. Au cour de mes longs voyages, j'avais rencontré des gens fantastiques dans leurs humanités. Des hommes et des femmes bien meilleurs que les dieux sur beaucoup de point. Bien que cela ne soit pas franchement difficile d'être meilleur qu'eux...

Qu'ont-ce le dise tout de suite, je hais les dieux et l'Olympe de manière général. L'immortalité leur a monté aux cerveaux ! Même mon père est un véritable connard....peut-être moins que Zeus mais un connard quand même. Il n'a jamais prêté la moindre attention à moi, à part pour me prévenir de ne pas révéler mon identité car sinon il s'attirait des emmerdes et moi avec. Je vous l'ai dit, je n'aurais pas dû naître ! Malheureusement cela en dit long sur ma situation actuelle.

Pourtant j'avais beau haïr profondément le salut éternel céleste, je ne regrettais pas d'être en vie. Dans ma fragilité humaine, dans mes faiblesses de mortels, je posais mes yeux sur ce qu'ils n'auraient jamais pu voir. Sur cette petite marguerite dont les pétales s'envolent dans le vent, sur ces enfants qui rient sous le soleil, sur cet homme jovial qui parlent du beau temps qui est mort et qui reviendra, sur cet mère dont les enfants ne se limitent pas au sang, sur ces grands-mères généreuses qui tricotent pour tous les abandonnés de la vie...sur toutes ces personnes que j'avais croisé parfois pour le temps d'une nuit ou pour quelques heures. Ils ne verront jamais la beauté du monde en bas. Et c'est bien dommage car il est beaucoup plus beau que tout l'or de l'Olympe.


Une voiture aux roues légèrement branlante s'arrêta à ma hauteur soulevant un nuage dorée quand les pneus crissèrent contre le sable. Un dame aux allures rustiques avec des brins d'herbes dans les chevaux me souriait chaleureusement en abaissant la vitre manuellement.

- « Monte mon garçon, avant de finir déshydrater. »

J'ouvris la portière passager avec un grand sourire avant de m'installer confortablement sur le siège en posant mon sac sur mes genoux alors que la voiture redémarrait dans un ronronnement sonore.

- « Merci beaucoup » dis-je en admirant la vue depuis la vitre

Un chien aboya à l'arrière du véhicule, la truffe collée à ma main avant de jappé joyeusement.

- « Il t'aime bien ! » déclare la dame avec des yeux pétillants

- « Bonjour toi ! »

Je lui caressa doucement la tête alors que ses oreilles se balançaient d'un côté et puis de l'autre.

- « Bon...tu vas où comme ça, mon garçon ? » demanda-t-elle

- « Là où mes jambes me portent ! Le monde est vaste ! »

- « Quand j'étais plus jeune, un soir, j'avais fait mes valises et j'avais quitté le domicile familial en cachette avant de prendre le premier train pour une destination inconnue. J'avais terminé ma course dans les plaines du Canada alors que mes parents étaient fou d'inquiétude et de rage, surtout mon père »

Elle léger sourire nostalgique illumina ses lèvres.

- « C'était d'ailleurs perdu en plein cœur des vallées Canadiennes que j'avais rencontré mon futur mari, un jeune pêcheur qui m'avais fait découvrir la beauté sauvage de son pays. Le monde a plein de chose à nous faire découvrir, il faut juste prendre le temps de regarder. »

J'adorais écouté les gens parler, raconter leurs histoires dans leurs victoires et leurs défaites même celles qui semblaient banal étaient merveilleuse à leurs manières. Parfois j'avais un peu l'impression de vivre un bout de chemin avec eux, un bout de destin.

- « C'était un homme fantastique...un bon mari et surtout un bon père. Aujourd'hui il ne me reste plus que Frankie. »

Le chien poussa un jappement significatif avant de poser sa truffe dans l'embrasure des deux sièges. Un silence réconfortant s'installa seulement brisé par le bruit incessant du moteur. Le paysage défilait à une vitesse folle alors que mon esprit vaguait à travers ces collines.

- « Tu n'as personne qui t'attends mon garçon ? »

Je cligna des yeux surpris avant de reposer ma tête contre la vitre.

- « Non...et c'est surement mieux ainsi » soupirais-je

- « La vie n'est pas toujours juste mais elle a le don de faire des surprises. Il n'est pas encore trop tard, pour toi, pour tout recommencer. Tu as la vie devant toi, mon garçon, tu as la toute la vie pour faire que quelqu'un t'attendes un jour...même si ce n'est qu'un chien »

Un sourire hésitant se forma sur mes lèvres alors que mon regard se perdait dans l'horizon lointain. Peut-être qu'un jour quelqu'un m'attendra, peut-être qu'un jour je serais plus qu'un souvenir que le vent du temps chasse d'une bourrasque pour quelqu'un.

- « C'est les plus belles années de vie, quand tout est encore à portée de main, quand tout est encore possible...même l'impossible. Ne gaspilles pas ta jeunesse à recasser le passé, mon garçon. Il n'a de toute manière rien de nouveau à te raconter. »


Cette dame nostalgique, dont je ne connais qu'un fragment d'histoire sans nom, me déposa quelques kilomètres plus loin à un croisement.

- « Bonne chance mon garçon ! »

Elle m'offrit un dernier sourire en bagage avec quelques biscuits fait maison dans mon sac. Frankie m'adressa un dernier aboiement d'adieu avant de disparaitre derrière la ligne d'horizon comme un mirage qu'on aurait cru apercevoir.

Je repris alors ma route, sac à dos sur les épaules, la tête bien haute. Le soleil déclinait dans mon dos alors que la lumière baissait embrasant ma silhouette une dernière fois au coucher du soleil.



Un chapitre assez court ! Les choses sérieuses commencent après. 

Bonne lecture ! 

Et si...?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant