Chapitre 14

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J'ouvre difficilement les yeux. Pendant quelques secondes, je me demande où je suis et je me souviens que j'ai réussi à m'endormir.

C'est le Soleil qui m'a réveillé. Mon père, quoi. On n'a pas de rideaux dans notre bungalow. C'est nul parce que dès que c'est l'été et qu'on peut faire la grasse mat', le Soleil se lève tôt et nous réveille par la même occasion.

J'ai l'impression que tout va bien. Mais que j'oublie quelque chose. Et puis, ça me prends à la gorge.

Je m'habille en vitesse V et me rue à l'infirmerie.

J'ouvre violemment la porte et ne trouve personne dans la salle, sauf Nico, dans son lit, toujours inconscient.

Je m'approche mais je ne ressens aucune dégradation de son état. Pour être sûr, je lui prends ma main et mesure son rythme cardiaque. A son contact, je rougis légèrement. Non mais ressaisis-toi, Will! Il n'y a personne dans l'infirmerie, calme-toi!

En me reconcentrant sur son état actuel, je perçois même une légère amélioration. Mais il ne se réveille pas.

Je suis pris d'un élan de tristesse, de dégoût envers la vie, et les dires de ma mère me reviennent en mémoire. « Il ne va pas mourir. Il suffit d'y croire. » « Sache que tout a une raison ou une solution. Et parfois les deux. »

Je ne suis pas sûr qu'il suffise d'y croire pour qu'il guérisse et, actuellement, je ne vois pas de raison à son évanouissement, mais l'optimisme de ma mère déteint tout de même sur moi et l'espoir m'envahit.

- Will..., marmonne Nico.

- Je suis là, je réponds. Je suis là.

Je m'installe dans le fauteil à côté du lit de Nico et me mets à parler. Lorsque quelqu'un est dans le coma, il entend tout ce qu'on lui dit. J'espère qu'il n'a pas une bonne mémoire.

- Ecoute, Nico. J'ai jamais cru à... à l'amour. Je commençais à regretter qu'il n'y ait pas un genre de « Chasseresses » mais pour les gars. Je voyais les couples se former autour de moi, mais je n'avais jamais éprouvé ce genre de sentiments. Et puis, comme on dit, « tu es arrivé ». Autant ne pas tourner autour du pot et te le dire cash: je t'aime. Vraiment. Je sais que c'est bizarre. Je sais même pas si t'es comme moi. Et on se connaît depuis pas longtemps. Mais il y a une chose - que je te raconterai peut-être un jour - qui me pousse à croire qu'on devait se rencontrer. Je veux pas être trop mièvre ou quoi, mais je t'aime vraiment. J'aime que tu écoutes de la pop bizarre en douce. J'aime que tu essayes de te faire passer pour une personne sans cœur, alors qu'on voyait à des kilomètres que tu t'en voulais d'avoir laissé Octave se suicider. J'aime que tu aies débarqué à la Colonie en chemise hawaïenne sans que tu nous expliques pourquoi. J'aime que t'aies été le seul (en dehors de ta sœur) à remarquer mon comportement bizarre le jour du « Action ou Vérité ». J'aime que tu aies complètement changé depuis la dernière fois que tu es venu à la Colonie, quand tu avais dix ans. J'aime que tu te sois fait des amis durant ton séjour à l'infirmerie, contrairement à ce que tu pensais. J'aime que tu m'aies engueulé pour mon incompétence lors de la bataille. J'aime que tu sois italien mais que ne t'en vantes pas. J'aime que tu m'aies tenu tête à chaque fois que je te donnais des ordres pour ton rétablissement mais que tu aies fini par m'écouter. J'aime que tu aies sûrement remarqué que Lou Ellen te tourne autour mais que tu ne lui aies rien dit. Et, même si ça ne t'a apporté que des ennuis, j'aime que tu te sois sacrifié lorsque la mirmekes est sortie du bois.

C'est seulement à la fin de mon monologue que je me rends compte d'à quel point mon cœur bat fort. Je me laisse aller contre le dossier du fauteil pour me détendre et, sans même m'en rendre compte, je m'endors. Pas de jugement, s'il vous plaît, je suis visiblement très fatigué.

Death Boy et Docteur 💀☀️ {Ff}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant