Chapitre 2

150 3 4
                                    

Bayonne, le 1er septembre 2014

Une semaine que je vis ici, une semaine que Julia fait tout son possible pour me faire sourire, une semaine que je me force à le faire pour lui faire plaisir.

Je me réveille vers cinq heures du matin, comme à peu près tous les jours, j'attends 7 heures pour me lever afin de ne pas faire de bruit. Je descends à la cuisine, la maison est silencieuse et je me sens seule, terriblement seule, comme chaque seconde de ma vie depuis qu'ils sont partis. Je décide de me mettre un film, ça m'aidera à ne pas penser, les souvenirs sont mes pires ennemis. Le film doit tourner depuis une demie-heure quand Julia me rejoint.

- Tu ne dors pas Lou? me dit-elle.
- Non... soupirais-je.
- Tu veux qu'on fasse quoi aujourd'hui? dit-elle en tentant de me remonter le moral.
- On se repose?
- Non, je vais t'emmener dans une librairie en face de la plage, je sais que tu aimes lire, ça te feras un peu de bien.

Je lui souris, Julia est vraiment une belle personne. Tout d'un coup je suis prise d'une angoisse, la rentrée approche et je ne sais pas si je suis capable d'aller en cours. Je pense que Julia doit voir la panique sur mon visage car elle s'empresse d'ajouter.

- On peut faire autre chose si tu ne veux pas!
- Ce n'est pas ça, mais la rentrée approche, je ne sais pas si je peux, si je suis capable d'assister à un cours..
- Tu n'es pas obligée, mes parents comprendront j'en suis sûr, dit-elle.

J'apprends au fil de la conversation, que Julia rentre en terminale ES, mais que son frère a redoublé sa seconde et passe donc en première STMG avec un an de retard sur elle. Une fois le film terminé, nous remontons chacune dans notre chambre.

Une semaine plus tard...

Je viens de vomir pour la troisième fois en cinq minutes, c'est aujourd'hui la rentrée et j'ai décidé d'y aller pour ne pas prendre de retard. Mes parents m'ont toujours dit qu'il fallait avoir de l'ambition et bien travailler à l'école, je me dois de continuer pour eux. Des larmes coulent sur mon visage. Julia toque à la porte, je lui ouvre.

- Tu es sûr de vouloir venir? s'inquiète-t-elle.
- Oui, juste deux secondes et je serai prête, dis-je.

Il faut que j'y arrive, il faut que je me fasse violence, que je me prenne en main même si c'est dur, tellement dur. Je me suis habillée tout à fait classiquement, un jean clair, un pull blanc, et des converses, mes cheveux sont lâches et rebelles, je ne me suis pas maquillée et j'espère passer inaperçue. J'ai perdu énormément de poids, j'ai du mal à m'alimenter, je vomis presque tout ce que je mange... Mes joues sont creusées, mes yeux sont cernés et j'ai un teint blafard. Ma tante klaxonne, je sors de la salle de bain et monte dans la voiture avec Julia, Jules n'est pas là...

- Jules ne vient pas? demande Julia à sa mère.
- Il prend le bus... Tu te sens prête?

Je sais qu'elle s'adresse à moi, je lui souris. Je ne suis pas prête, je ne le serai jamais mais il faut que j'essaie, j'espère que ça se passera bien.

Ça va aller, ça va aller, ça va aller...

Nous nous garons sur le parking, j'ai du mal à respirer et ma tête tourne. Julia me caresse le dos comme pour me réconforter sauf que ça ne marche pas.

- Louise, comme tu l'a sûrement remarqué c'est assez compliqué avec mon frère, essaie de l'éviter au lycée, il ne traîne pas avec les bonnes personnes, dit-elle.

J'acquiesce, j'avais bien vu que les amis de Jules étaient plutôt du genre mauvais garçons.

- Je t'aurais bien accompagnée mais je commence une demi-heure plus tôt que toi, nous ne sommes pas dans le même bâtiment mais je pense que tu peux aller à la vie scolaire si tu veux être au calme... soupire-t-elle.
- Ça va aller, dis-je en tentant de m'en convaincre.

HantéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant