Chapitre 3

138 4 2
                                    

Bayonne, le 1er septembre 2014

Je suis rentrée à chez ma tante peu de temps après que Léo m'ait ramené devant le lycée. Je sais maintenant que je ne pourrais pas aller en cours tant que je n'aurais pas vu un psychologue, j'avais avant aujourd'hui, toujours refusé l'aide d'un professionnel. Depuis qu'ils sont rentrés, Julia et Jules ne sont pas venues me voir, je crois qu'ils se sont réellement inquiété pour moi. Je ne sais pas si je dois aller les voir, depuis que je suis ici, Julia a tout fait pour essayer de me remonter le moral, en vain, quant à Léo il n'a jamais vraiment fait l'effort de me parler. Cet après-midi m'a fait beaucoup de bien, mais maintenant je me rend compte que c'était une mauvaise idée. C'est comme sortir la tête de l'eau puis replonger peu de temps après. Je me sens vide, encore plus qu'avant. J'entends ma tante appeler à table, normalement je n'irais pas mais je décide aujourd'hui d'essayer de leur faire plaisir. Quand j'arrive dans la salle à manger, ils sont déjà tous à table et me regardent l'air perplexe.
- Je peux? leur demandai-je en désignant la chaise en face de Jules.
- Bien sûr ma chérie, me sourit ma tante. Tu veux manger quelque chose?
- Oui, je veux bien.
Un sourire éblouissant se dessine sur son visage, elle doit croire que ça commence à aller mieux.
- Je t'ai donc pris rendez - vous demain matin dans le cabinet du docteur Monssas.
J'hésite à lui dire que je ne veux pas y aller si tôt, que j'ai besoin de plus de temps mais l'idée que ça puisse me faire du bien à l'air de l'enchanter tellement que je ne peux refuser.
- OK, lui souris - je.
Le repas se déroule dans un étrange silence, je sais que ma tante voudrait demander à ses enfants comment c'est passé leur journée mais n'a pas envie d'aborder le sujet devant moi. Julia m'a expliqué que ses parents reprenaient le travail dans une semaine, qu'il avait pris trois mois de vacances pour se reposer et essayer d'être plus là pour leurs enfants et pour moi. Je décide pour alléger ce silence pesant de leur en parler.
- Julia m'a dit que vous reprenez le travail dans une semaine?
- Oui, oui, me sourient-ils tous les deux.
Ma tante ajoute:
- Nous avons des horaires assez conséquents mais Mia reviendra dès que nous aurons repris le travail, j'espère que tu t'entendras bien avec elle.
Je souris, Julia aussi ainsi que son frère, ils ont l'air de beaucoup l'apprécier.
Une fois le repas terminé, nous montons chacun dans notre chambre sans échanger un mot. Une fois seule dans ma chambre, je m'allonge sur mon lit, submergés pars les émotions, la solitude ne me réussis pas. Depuis la mort de mes parents je n'ai pas écouté une seule musique, elle a toujours eu un effet mélancolique sur moi, alors je ne préférais essayer, pourtant j'en ai envie maintenant. Je prends alors mon portable, attrape mes écouteur et fait défiler les musiques. Mikky Ekko - Smile attire mon attention, j'adore cette musique surtout ces paroles. La musique envahit alors mon corps, je suis submergée par diverses émotions, tout d'abord de la joie car avant mon accident je ne pouvais pas ne pas écouter de musique, ensuite par des souvenirs, douloureux comme joyeux, puis je ressens ce vide immense qui me rappelle que je suis seule à présent. Les larmes ne s'arrêtent plus, pleurer me soulage, je ferme les yeux et me laisse transporter. Les paroles résonnent dans tête.

Smile, the worst is yet to come
We'll be lucky if we ever see the sun
Got nowhere to go, we could be here for a while
But the future is forgiven so smile

Une fois la musique finie, je me sens fatiguée mais soulagée. Je me mets dans mon lit et ferme les yeux, quand on toque ma porte, la porte s'ouvre et ma cousine apparaît sur le seuil.
- Je peux? me demande-t-elle en désignant le lit.
- Bien sûr.
Elle s'assoit sur le bord de mon matelas, je me redresse.
- Je sais que je ne suis pas vraiment venue te voir depuis que je suis rentrée, je ne sais juste pas quoi te dire Louise, je ne te connais presque que depuis l'accident et tu es tellement triste, tu ne manges presque plus, tu hurles toutes les nuits, tu ne souris presque jamais, j'aimerais savoir qui tu étais avant? Je regrette que nos mères n'aient pas été proche.
- Je sais, ma voix est bien trop rauque.
- Je voulais juste te dire que nous sommes ta famille Louise, nous sommes là tous pour toi, je sais que tu dois être anéanti mais un jour tu arriveras à faire ton deuil.
- Je ne crois pas, je n'y arrive pas Julia.
Je pleure à présent.
- C'est normal ça ne fait que quelques mois mais ça viendra petit à petit. Ce matin j'ai vraiment eu très peur pour toi, Léo, ce n'est pas quelqu'un de bien.
- Pourtant... ce matin ça m'a vraiment du bien, j'ai rit et je me suis sentie respirer à nouveau.
- Jules à été pareil que toi, quand sa copine l'a quitté, il a complètement débloqué. Il a rencontré Léo et toute la bande et a changé. J'étais proche de lui avant mais maintenant il boit, fugue et fait tout un tas de connerie. Mais parents ne savent plus quoi faire et ferme les yeux sur tout ce qu'il fait. Fait attention tu veux?
J'hoche la tête et elle me prend dans ses bras, dépose un baiser sur mon front et se lève.
- Bonne nuit Louise.
- Bonne nuit.
Je comprends mieux pourquoi Julia et Jules étaient si perplexe ce matin, ils savent tous les deux que Léo n'est pas de bonne fréquentation et je comprends mieux l'inquiète de Julia à mon égard. Je ferme les yeux et m'endors.
Demain je devrais affronter le psychologue, je redoute cette confrontation.

HantéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant